Qu'est-ce qu'un grand vin?

Je partage totalement ton opinion Yves. C'est un sujet tabou, mais je l'ai fait à plusieurs reprises et le contexte de dégustation est réellement optimal. J'ai débuté à déguster en solitaire lorsque ma douce était enceinte en 2008-2009. J'ai adoré ces moments, où il est vrai, la concentration était à son maximum. J'étais heureux de retrouver mon partenaire de dégustation après la naissance du bébé, mais encore aujourd'hui, lorsque nous ouvrons une bouteille ensemble, je me retrouve souvent seul pour une période de 30 à 60 minutes, pendant la routine du bain/dodo du bébé. Lorsque ma douce sort avec ses amis ou voyage par affaires, je n'hésite jamais à m'ouvrir une belle fiole, seul à la maison. Ce sont de grands moments de dégustation et de réflexion.

A. LAFAURIE a écrit:moi le grand vin, faut que je me vois à poil en train de courir dans un champs de marguerite

Ah ah ah ! Tu m'as fait rire Arnaud !

un grand vin appartient à soit même...je crois qu'il y a le grand vin de l'émotion....un vin qui dès l'ouverture te révèle son identité....son équilibre....sa complexité.....qui est interminable à notre mémoire......après 5 minutes....une heure ......qui te réveille le lendemain et qu'à chaque fois que tu en parles .... te fait presque que frissonner.......tel que qu'un Rayas 1990....Cathelin 1991....et comme vous constater un certain temps d'âge.

Le problème d'aujourd'hui nous buvons nos vins trop jeune........il est plus difficile de constater le côté de l'émotion du vin. Mais il est peut-être possible de l'entrevoir....tel qu'un Chateau Margaux 2000.....une RC 2005....Ponsot Clos de la Roche VV 2005

moi je suggère de faire une déguste et que chacun apporte ce qui croit être un grand vin ........identifiant sa définition.....loll

bye,bye

Francois Dagesse a écrit:un grand vin appartient à soit même...je crois qu'il y a le grand vin de l'émotion....un vin qui dès l'ouverture te révèle son identité....son équilibre....sa complexité.....qui est interminable à notre mémoire......après 5 minutes....une heure ......qui te réveille le lendemain et qu'à chaque fois que tu en parles .... te fait presque que frissonner.......tel que qu'un Rayas 1990....Cathelin 1991....et comme vous constater un certain temps d'âge.

Le problème d'aujourd'hui nous buvons nos vins trop jeune........il est plus difficile de constater le côté de l'émotion du vin. Mais il est peut-être possible de l'entrevoir....tel qu'un Chateau Margaux 2000.....une RC 2005....Ponsot Clos de la Roche VV 2005

moi je suggère de faire une déguste et que chacun apporte ce qui croit être un grand vin ........identifiant sa définition.....loll

bye,bye

Martin

Bon désolé les amis.....Francois Dagesse a utilisé mon ordi et j'ai envoyé ma réponse sur son nick.....donc cela était mon opinion et non celle de Francois.....loll

bye,bye

Je t'avais reconnu y en qu'un qui dit "bye bye "

ah bon ......

Yves Martineau a écrit:

Michel Therrien a écrit:N'ouvrant jamais de bouteilles en solitaire, il ne m'est donc jamais arrivé d'en déguster un seul et ne peut savoir s'il se suffit à lui-même sans compagnie!

Voilà un sujet connexe intéressant, qui semble parfois presque tabou: boire en solitaire.

Les gens ont sans doute peur d'avoir l'air alcolo, tout simplement. Or, pour ma part, n'étant pas en couple, je bois souvent seul et je n'hésite pas à ouvrir parfois de belles bouteilles. Je suis curieux de savoir qui partagera cet avis: ce sont les meilleures conditions de dégustation possibles. La concentration est totale, on a l'impression d'avoir un véritable interlocuteur dans le verre. Rassurez vous, je ne parle pas à ce compagnon (!) mais je passe de longues minutes à l'analyser sous tous les angles avec grand plaisir, sur une période de plusieurs heures. Mes meilleures notes de dégustation, les plus complètes et précises ont toujours été écrites en solo.

Ce qui me fait donc dire, à l'instar d'Olivier et Vincent, que le grand vin pour moi est indépendant du contexte de dégustation.

Ce que Luc décrit, soit les moments privilégiés avec des êtres chers, sont pour moi de grands moments de dégustation, certainement parmi les plus beaux moments de la vie, mais ils n'ajoutent que peu à mon appréciation du vin dans le verre. La compagnie ajoute beaucoup au plaisir éprouvé, mais je doute qu'elle ajoute beaucoup à mon "pointage" pour parler en termes techniques. En fait, il m'est probablement arrivé plus souvent de surévaluer des vins lorsque je les buvais en solitaire qu'avec des proches.

Je suis aussi d'accord avec toi. Je déguste mieux seul, bien que j'ouvre alors rarement de très grandes bouteilles, car je n'en ai pas trop et ai tendance à vouloir les partager avec des amis. Le seul problème est l'impossibilité de boire alors à l'aveugle (un gentil ami, lors de la naissance de ma fille dont je m'occupais le soir et la nuit, ce qui m'empêchait d'aller déguster avec d'autres, m'amenait toutefois une série de bouteilles dans des sacs de papier que je devais ensuite lui payer; je pouvais ainsi déguster seul à l'aveugle)

Voilà un sujet très difficile à circonscrire car il revêt des niveaux de réponse bien différents. Parle t'on de la classe absolue d'un vin au regard de ses pairs, de la qualité de son élaboration, de la transformation de son potentiel initial lié au terroir, de sa présence face à un met, de son importance social liée à une ouverture "de prestige" ou simplement du moment hédoniste passé à le déguster?







Je crois que c'est ce dernier point qui est essentiel car sans relation à l'autre, sans la joie du partage, sans ce "je ne sais quoi" qui fait que l'on a envie de boire, il y a comme une absence fondamentale, comme un truc qui fait que nous n'avons - que je n'ai! - pas envie de m'émouvoir.

Je me souviens d'expériences liées à certains flacons que j'avais en mon cellier, des grands vins qui me faisaient vibrer simplement parce que dans la cave je les croisais du regard, je savais pouvoir les ouvrir, je les sentais presque à travers le verre, mirant parfois leur couleur dans le rat de cave juste au dessus ou sentant les étiquettes légèrement moisies pour m'imprégner de ces odeurs de "bon" de ces senteurs porteuses d'espoirs, de rêve et sans doute même de folie. Combien j'ai aimé boire virtuellement mes vins en solitaire dans les méandres de ma grande cave voûtée moyenâgeuse. Qu'ils étaient grands et combien je les ai compté, imaginé et espéré!

Plus tard j'enchaînai les grands vins comme d'autres alignent des trophées, cela fut une expérience sèche, enrichissante et quelque peu fastidieuse qui me fit toucher du doigt la réalité cachée derrière les reflets du verre, celle qui autorise à pénétrer les breuvages et à les envisager selon un cahier des charges aussi rigoureux... que dénué de vibration. J'appris beaucoup, je voulais tout boire, tout connaitre, tout ressentir, tout savoir! Las, en dépit de cette ronde gustative frénétique de crus plus grands les uns que les autres, il me sembla vite que je passais à côté de sensations plus simples, plus justes, plus subtiles et moins "formelles".

Le temps vint de boire le vin sans le disséquer et surtout de comprendre qu'un flacon doit d'abord être facile à boire car sans buvabilité aucun cru ne peut être réellement intéressant. Expliquez moi pourquoi certains Porto "pesant" 20 degrés d'alcool glissent mieux que des bombes "sucreuses" en exprimant 6 de moins, dîtes moi pourquoi vous terminez à l'aise tel petit vin gourmand alors qu'il vous reste des fonds de "premiers grands" et donnez moi la raison qui vous conduit à encaver toujours le - ou les! - même vin chez le même propriétaire? Simple...vous vous régalez à chaque fois et vous aimez l'avaler! Le genre de sensation caressante et subtile qui vous apporte de la gaieté en flattant votre niveau de compréhension le plus spontané...hmmmmmm que c'est bon!

J'en suis là! Comme de nombreux membres de ce site, j'ai dû boire tout ce qui se fait de plus raffiné en matière de vin depuis la fin du 18° siècle jusqu'à avant-hier, mais aujourd'hui je ne boude pas mon plaisir devant ce Vinho Verde de 2008 offert par mon bouchonnier et s'il n'est pas "grand" je sais qu'il va me permettre de comprendre pourquoi dans sa simple expression, il m'autorisera à avoir le verbe silencieux, l'émotion retenue et le palais subjugué lorsque la prochaine fois je tomberai sur une immense bouteille!


A la vôtre!

Patrick Essa a écrit:
.........il m'autorisera à avoir le verbe silencieux, l'émotion retenue et le palais subjugué lorsque la prochaine fois je tomberai sur une immense bouteille!
A la vôtre!

Même sensation de mon côté avec en plus un recul dans la chaise!

Michel Therrien a écrit:

Patrick Essa a écrit:
.........il m'autorisera à avoir le verbe silencieux, l'émotion retenue et le palais subjugué lorsque la prochaine fois je tomberai sur une immense bouteille!
A la vôtre!

Même sensation de mon côté (...)

Vraiment Michel???


p.s.: il faut lui en donner plus!

Michel est un silencieux intérieur, il parle comme d'autres soliloquent. La musique de son verbe est celle de celui qui médite à voix haute et il n'est pas un épithète qu'il n'ait maintes fois déclamer dans sa tête pour être certain qu'il puisse sonner juste. Qu'il me soit permis ici de saluer sa sagacité car la mélodie de sa voix est aussi douce à mon oreille que le meilleur cru à mon palais!

Le grand vin suscite le compliment! Merci Patrick.
L'ami Martineau saura médire.........sage avocat et maître chanteur!

Je crois que la déclaration de Patrick sera transformée en poster, encadrée et accrochée au mur chez Michel.....

Patrick, il n'a pourtant pas besoin d'encouragement, misère!!

Francois Dagesse a écrit:
moi je suggère de faire une déguste et que chacun apporte ce qui croit être un grand vin ........identifiant sa définition.....loll

bye,bye

je suis game!

Patrick a importé le questionnement ici soulevé chez lui: http://www.degustateurs.com/forum/forum_posts.asp?TID=19126&PN=1

J'aime bien la perspective, et l'illustration, de Thierry Meyer.

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Patrick a importé le questionnement ici soulevé chez lui: http://www.degustateurs.com/forum/forum_posts.asp?TID=19126&PN=1

J'aime bien la perspective, et l'illustration, de Thierry Meyer.

Le texte de Thierry Meyer est vraiment excellent.
Pour ceux ne le connaissant pas, il est un ami de Patrick Esssa, il écrit la section entière Alsace dans le livre de Bettane / Dessauve et il écrit assez régulièrement sur Dégustateurs.com.
Le lien est ci haut (dans le message de Vincent) et je me permet de transcrire son texte pour ceux ne cliquant pas sur les liens.

La modestie est l'apanage des gens dont la notoriété n'est plus à faire...Il faut écouter les meilleurs sommeliers du monde expliquer que l'humilité est une des bases de la dégustation, tel un chef tripple-étoilé depuis 20 ans qui explique qu'il ne sait pas grand chose en cuisine... Facile à dire pour eux, ils n'ont plus rien à prouver :-)

Si l'importance de l'éducation joue dans la définition et donc la découverte du grand vin, je pense que le grand vin est surtout celui qui correspond à ses attentes. Quand certains dégustent un vin très réputé, rare, très cher, dans un millésimes grandissime qui correspond à leur année de naissance, en compagnie de leurs meilleurs amis un jour d'anniversaire de mariage, bien assis dans un confortable siège sur une terrasse à la vue magnifique... la notion de qualité organoleptique ne compte plus beaucoup. Le plaisir est preque avant son maximum, même avant d'avoir débouché la bouteille.

Dans une situation similaire, d'autres se forceraient à ne pas être sensibles à tout ce qui entoure la dégustation, au point de se comporter comme de pauvres ingénieurs informaticiens dans une situation similaire, à ne pas lorgner dans le décolleté de leur charmante voisine, juste à déguster le vin carnet de note à la main de manière à avoir un compte rendu le plus objectf possible... Mis à leur manière, les critères de la grandeur sont tout aussi présents, juste différents.

Patrick décrit justement que les critères qui catalysent le plaisir des grands vins évoluent avec le temps. Qui n'a pas courru les foires aux vins frénétiquement avec un guide Hachette à la main jette la première pierre... De même le DCien des années 90 n'a rien à voir avec celui des années 2000, ni des années 2010. Les attentes sont différentes, les codes ont changé, les critères ont parfois évolué.
Thierry Meyer

D'accord Fred,

qui est partant pour une dégustation ....à chacun son grand vin!!!

pas de jugement.....pas de commentaire ( sur la valeur du vin ) .....bouteille sans étiquette ( à l'aveugle total sans aucun des participants connaissent le vin )....seulement l'âme d'un brevage à partager entre amis.

il est important d'être très vraie, car je crois que son grand vin ....définit quelle personnalité nous avons...

à bientôt

bye,bye

Martin Letarte a écrit:D'accord Fred,

qui est partant pour une dégustation ....à chacun son grand vin!!!
pas de jugement.....pas de commentaire ( sur la valeur du vin ) .....bouteille sans étiquette ( à l'aveugle total sans aucun des participants connaissent le vin )....seulement l'âme d'un brevage à partager entre amis.

il est important d'être très vraie, car je crois que son grand vin ....définit quelle personnalité nous avons...

à bientôt

bye,bye

Je suis partant........je veux dire nous sommes partant Natacha et moi!
Donc deux vins.
Martin, peut-être partir une rubrique bien à elle?

Le bouchon est tiré. Je suis dans la distance, je me sens assez neutre, mais j'ai toujours une petite attente avouée. Ces moments de grâce m'arrivent somme toute assez rarement, et heureusement !, et je ne peux les prévoir, qu'importe les étiquettes et le prix qu'on en demande. Et puis dès la première gorgée, le vin me possède déjà... Il m'ensorcèle...Ébahi, stupéfait, à chaque fois que le liquide divin pénètre en mon palais, la même pensée me vient, témoigant d'une sensation bien réelle, et ce jusqu'à la dernière goutte: " que c'est bon...que c'est bon..."...À ce moment-là, toutes les notions de longueur, de profondeur, de rondeur etc. n'ont plus aucune espèce d'importance à mes yeux...Ma raison a flanché et mon corps, mes sens, mon âme même, s'abandonnent à cette plénitude ressentie et imprévisible. Pour moi cette expérience est un mystère, pour moi il s'agit d'un grand vin...et je n'ai pas envie d'intellectualiser ce moment de grâce. Je nage en plein plaisir, et je savoure chaque moment de cette jouissance indéfinissable et prenante. Tellement qu'au lendemain il hante encore mon palais et se met au travers ma prochaine petite attente avouée !


La dernière fois que ça m'est arrivé, c'est en décembre avec mon père, avec Château d'Issan 1999, Margaux, 40 $$$...et j'en ai bu du "bon" ces derniers temps, mais c'est celui-là que j'élis grand vin !

Martin Letarte a écrit: pas de jugement.....pas de commentaire ( sur la valeur du vin ) .....bouteille sans étiquette ( à l'aveugle total sans aucun des participants connaissent le vin )....seulement l'âme d'un brevage à partager entre amis.

Et pas de dévoilement à la fin? Comme il en avait été question ici: http://www.lapaulee-enligne.com/t585-se-liberer-du-connu?highlight=connu à cause de ceci: http://closdesfees.com/blog2/index.php/post/2007/04/27/348-se-liberer-du-connu

Yves Martineau a écrit:

Michel Therrien a écrit:N'ouvrant jamais de bouteilles en solitaire, il ne m'est donc jamais arrivé d'en déguster un seul et ne peut savoir s'il se suffit à lui-même sans compagnie!

Or, pour ma part, n'étant pas en couple, je bois souvent seul et je n'hésite pas à ouvrir parfois de belles bouteilles. Je suis curieux de savoir qui partagera cet avis: ce sont les meilleures conditions de dégustation possibles. La concentration est totale, on a l'impression d'avoir un véritable interlocuteur dans le verre. Rassurez vous, je ne parle pas à ce compagnon (!) Moi oui Yves !
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Témoignage subjectif Michel, je n'oserais pas en faire une théorie objective, en solitaire la bouteille ne se suffit pas à elle-même...ça prend le solitaire pour l'ouvrir et la boire !!! Et une fois que c'est fait, oui, dans ce qu'est pour moi un grand vin, la bouteille se suffit à elle-même...


Étant également célibataire, et n'ayant pas de copains-copines atteints de cette maladie, je déguste à 90% du temps seul, l'autre 10% se faisant avec mon cher père, et parfois avec des amies que j'initie...et je suis presqu'entièrement d'accord avec ton avis Yves. J'aime beaucoup déguster seul, toute mon attention est centrée sur ce que j'aime boire... Cela est possible aussi avec mon père, parce que l'on prend notre temps...Je pense que c'est ça qui est important, prendre son temps quand l'on déguste. Et évidemment, avoir un intérêt sincère sur le sujet ! Je me rappelle avoir ouvert une Grande Rue (245$ !!!) pour l'anniversaire de mon père et j'ai invité mon frère: il est arrivé avec d'autres bouteilles mais l'ambiance était tellement "speedé" et pas rapport avec la dégustation que je n'ai aucun souvenir de ce qu'elle goûtait ! J'aime boire seul, mais sinon je choisis dorénavant mes complices !

Déguster en groupe comme vous tous, pour moi c'est l'inconnu. En deux participation seulement, je préfère déjà celle d'O'Thym parce qu'il y avait moins de monde. Mais ça c'est personnel. En tout cas, parlant de grands vins et de grandes étiquettes, y'a une petite déguss (les 1er gcc 2002) qui s'en vient et qui risque d'être fort intéressante...j'ai hâte de voir si dans ce contexte je vais en élire un, un grand vin pour moi, et quoique que les étiquettes ne m'impressionnent pas, ça devrait arriver... c'est juste la concentration des hauts de gamme qui me fait craindre une saturation de trop de bons feelings en même temps, ce qui pourrait me ramener à mon intellect et m'empêcher de jouir pleinement de ce moment exceptionnel...

Michel Therrien a écrit:
Le texte de Thierry Meyer est vraiment excellent.
Pour ceux ne le connaissant pas, il est un ami de Patrick Esssa, il écrit la section entière Alsace dans le livre de Bettane / Dessauve et il écrit assez régulièrement sur Dégustateurs.com.
Le lien est ci haut (dans le message de Vincent) et je me permet de transcrire son texte pour ceux ne cliquant pas sur les liens.

La modestie est l'apanage des gens dont la notoriété n'est plus à faire...Il faut écouter les meilleurs sommeliers du monde expliquer que l'humilité est une des bases de la dégustation, tel un chef tripple-étoilé depuis 20 ans qui explique qu'il ne sait pas grand chose en cuisine... Facile à dire pour eux, ils n'ont plus rien à prouver :-)

Si l'importance de l'éducation joue dans la définition et donc la découverte du grand vin, je pense que le grand vin est surtout celui qui correspond à ses attentes. Quand certains dégustent un vin très réputé, rare, très cher, dans un millésimes grandissime qui correspond à leur année de naissance, en compagnie de leurs meilleurs amis un jour d'anniversaire de mariage, bien assis dans un confortable siège sur une terrasse à la vue magnifique... la notion de qualité organoleptique ne compte plus beaucoup. Le plaisir est preque avant son maximum, même avant d'avoir débouché la bouteille.

Dans une situation similaire, d'autres se forceraient à ne pas être sensibles à tout ce qui entoure la dégustation, au point de se comporter comme de pauvres ingénieurs informaticiens dans une situation similaire, à ne pas lorgner dans le décolleté de leur charmante voisine, juste à déguster le vin carnet de note à la main de manière à avoir un compte rendu le plus objectf possible... Mis à leur manière, les critères de la grandeur sont tout aussi présents, juste différents.

Patrick décrit justement que les critères qui catalysent le plaisir des grands vins évoluent avec le temps. Qui n'a pas courru les foires aux vins frénétiquement avec un guide Hachette à la main jette la première pierre... De même le DCien des années 90 n'a rien à voir avec celui des années 2000, ni des années 2010. Les attentes sont différentes, les codes ont changé, les critères ont parfois évolué.
Thierry Meyer

Cette intervention est vraiment excellente!!! J'adore ces propos et la liberté qu'ils incarnent!
L'hédonisme du vin ne peut être exclus de son analyse car il en fait partie, selon moi. On peut tenter d'en faire abstraction pour l'analyse du vin comme tel, mais bon, on est humain après tout.

Luc Rodrigue a écrit:

L'hédonisme du vin ne peut être exclus de son analyse car il en fait partie, selon moi. On peut tenter d'en faire abstraction pour l'analyse du vin comme tel, mais bon, on est humain après tout.

Ce commentaire ou son analogue a souvent été répété ces derniers jours dans cette discussion et j'avoue qu'il me rend assez perplexe tout comme les propos de ceux qui disent ne pas vouloir trop intellectualiser. En fait, je crois ne pas tout à fait comprendre ce qu'on veut dire par là. Il me paraît très difficile d'imaginer un plaisir humain qui ne soit pas intellectualisé. Il me semble que tous les gestes humains, même les plus orientés vers la sensualité, sont toujours extrêmement intellectualisés (pensons à la sexualité, même la plus "bestiale", voire violente: les violeurs ne violent pas un cadre de porte pour se frotter dessus, mais une idée qu'ils ont de l'idée que leur victime se fait d'eux; c'est de l'intellectualisation au carré). Et que dire de la dégustation à laquelle on lie le contexte, le partage, etc.; n'est-ce pas là beaucoup d'intellectualisation? En fait, je crois qu'Olivier ou Vincent ou sans doute les deux ont déjà écrit quelque chose en ce sens, mais je ne comprends vraiment pas comment l'on peut persister à souhaiter opposer plaisir et intellect. Le plaisir est de part en part intellectuel; un orgasme se produit entièrement dans la tête (demandez à ceux ou celles qui ont de la difficulté à en avoir) tout comme ce qu'on appelle les sensations n'ont absolument pas lieu dans les doigts ni dans les yeux, mais dans le cerveau, pour ainsi dire: le vin tombe sur notre langue et ses vapeurs entrent en contact avec nos muqueuses nasales, mais ni le nez ni la langue ne jouïssent, c'est l'intelligence alors qui frisonne. En outre, il m'apparaît également qu'une analyse, la plus objective et surtout la plus attentive et la plus concentrée possible, ne peut que favoriser le plaisir; qui prétendrait que l'on peut jouïr en faisant l'amour avec quelqu'un distraitement ou en parlant en même temps avec quelqu'un d'autre dans un merveilleux contexte très convivial où le plaisir viendrait précisément du fait que l'on ne prête pas particulièrement attention à la personne avec qui on fait l'amour?

Thierry Meyer a écrit :

La modestie est l'apanage des gens dont la notoriété n'est plus à faire...Il faut écouter les meilleurs sommeliers du monde expliquer que l'humilité est une des bases de la dégustation, tel un chef tripple-étoilé depuis 20 ans qui explique qu'il ne sait pas grand chose en cuisine... Facile à dire pour eux, ils n'ont plus rien à prouver :-)

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Je lis assez peu de gens humbles écrivant dans le monde du vin... Plus souvent qu'autrement les individus m'apparaissent très convaincus de leurs opinions, parfois au-delà de leur expérience réelle, assez peu préparés à remettre leur jugement en cause etc.

De plus cette idée de ne plus avoir rien à prouver est terrible et assez symptomatique : dans d'autres domaines, la réputation d'un individu peut jouer favorablement, mais cela ne dispense pas d'attentes encore plus élevées pour faire évoluer le domaine. Il est tellement facile après avoir presque tout déguster de décréter que, finalement, ce qui compte c'est l'émotion du moment, le partage, etc.

Par ailleurs non seulement est-ce facile, mais je suis de plus en plus persuadé que cet étalage de la vie privée des individus sur Internet, relatant leurs rencontres de franche camaraderie, a un effet négatif sur la participation d'individus à des sites Internet. Pour un lecteur externe, parler d'un grand vin en mettant l'emphase sur une grande rencontre humaine semble assez peu intéressant et peut lui faire se demander : D'où vient ce besoin, non par de vivre de grands moments, mais de les étaler publiquement?.