Échezeaux Grand Cru, Classe de Maître

Merci Vincent pour le superbe CR.
Ça me rend pensif moi zaussi...
Beaucoup de $ parfois pour des vins douteux.
Région trippante la Bourgogne, mais qui demande du sérieux dans les choix!

J'aurais beaucoup aimé avoir pu être des vôtres!

Martin

Un retour mérité sur cette dégustation prestigieuse et une première horizontale avec ce grand cru.
Merci Pierre pour l'excellence de l'organisation. Un excellent resto, de bons verres, un service à la bonne température, pas de robes troubles, un cadastre du cru avec l'emplacement de chaque propriétaire, des informations vinicoles sur chaque domaine et des commentaires de fin de dégustation fort précis. Voici mon impression des vins dégustés.

Dans l’ordre de service,

Échézeaux 2006, Domaine Lamarche
De la belle "pinotte" pour débuter avec petits fruits rouges et de la rose. La bouche est ample en attaque, l'acidité est bonne, le vin donne un beau croquant en milieu de bouche et une pointe d'amertume en finale me fait penser à un peu de vendanges entières. 17/20. 135$

Échézeaux 2006, Jacques Prieur
La robe la plus dense et la plus foncée de la soirée. Nez peu jasant. La bouche est fine et élégante avec une belle salinité en finale mais un creux persistant en milieu de bouche me fait moins plaisir. Vin situé haut me suis-je dit. 16-16,5/20. 238$

Échézeaux 2006, Bouchard Père et Fils
Un fruité plus sauvage et confit. Un beau gras à l'attaque puis le vin devient droit et charpenté avec une finale structurelle et asséchante. J'aime peu être asséché. Un vin de côteaux qui m'a semblé évident. 16/20. Il faut boire un peu et prendre du pain après être asséché! 200$

Échézeaux 2006, Domaine Nudant
Un bouquet séduisant avec poivre, pivoine et un fruité bien rouge. Le vin est ample et frais, la texture est soyeuse, un certain côté aérien en milieu de bouche et une belle acidité en finale qui nettoie l'ensemble. J'aurais aimé plus de fond mais un vin charmeur et féminin. 17/20. 123$

Échézeaux 2006, Domaine des Perdrix
Un bouquet poussièreux et un brin liègeux. La bouche est encore moins nette. Mauvais et non noté. 147$

Échézeaux 2006, Domaine de la Romanée-Conti
Une pinotte exubérante! Nous y sommes me suis-je dit. Un touché de bouche particulier. Entre velouté et soyeux avec un côté adhésif en rondeur. Longue rétro florale et de fruits rouges. L'élégance au RDV et une définition de sève. 18/20. 275$

Échézeaux 2006, Domaine d’Eugénie
La seconde robe de la soirée en intensité. Un bouquet moins exubérant mais plus épicé avec un côté terreux. Le vin est droit et l'on ressent bien la matière encore contenue. J'ai beaucoup aimé cette retenue et cette longue finale qui s'ouvrait en chair. Un vin sérieux. J'aurais bien aimé découvrir cette bouteille à 2 ou 4 pour mieux saisir cette ouverture en fin de bouche. 17,5/20. 260$

Échézeaux 2006, Joseph Drouhin
Un nez pas vraiment "propre". La bouche est droite, vive et assez osseuse. Pas défectueuse mais pas bonne! Non noté. 155$

Échézeaux 2006, Comte Liger-Bélair
Un nez boisé et avec un petit quelque chose "Comte Liger Bélair"..........réduction ou autre mais bien typé et reconnu. La bouche est vraiment belle cependant. L'ensemble est droit, bien frais, plus craquant que croquant mais avec tout de même une belle chair. La finale est longue malgré un boisé appuyé. Un vin qui divise et qui questionne. Un vin de calcaire avais-je écrit. 17-17,5/20. 250$

Commentaires personnels

Mon podium
Domaine de La Romanée Conti
Domaine d'Eugénie
Comte Liger-Bélair

* Un grand cru "trop étendu" qui demande des prix pas toujours justifiés.

* J'ai été ravi des vins de mon podium tout comme j'ai bien aimé les Échézeaux de Lamarche et Nudant.

* Deux vins étaient à la limite d'être défectueuses avec Perdrix et Drouhin.

* Deux vins, Prieur et Bouchard, n'étaient pas au niveau d'un grand cru mais plutôt d'un premier cru. Ces vins sont vraiment trop chers.

* Le touché de bouche de l'Échézeaux du Domaine de La Romanée Conti est simplement fabuleux.

* Le niveau général de qualité de ce grand cru est inférieur à celui du Clos de Bèze en 2006. Rien de nouveau me direz-vous, mais en ayant fait le même genre de dégustation récemment, je le constate tout simplement.

* Comme disait Frédéric Vadeboncoeur: 3 choses importantes en Bourgogne.
#1 Producteur
#2 Producteur
#3 Producteur
Cette vérité de La Palice, tant qu'à moi, s'est encore une fois réalisée lors de cette dégustation.

Finalement le vin du DRC n'est pas si onéreux que cela face aux autres en vos contrées... Eugénie et Liger-Belair le talonne. Etonnant!
J'ai dégusté ce vin il y a une année et voici mes notes:
http://www.degustateurs.com/forum/forum_posts.asp?TID=16651&KW=echezeaux+2006

A lire en observant qu'il faisait suite à deux Chambertin d'une rare intensité.

nb : Michel Paulée de Meursault dans 30 jours...

Patrick Essa a écrit:Finalement le vin du DRC n'est pas si onéreux que cela face aux autres en vos contrées... Eugénie et Liger-Belair le talonne. Etonnant!
J'ai dégusté ce vin il y a une année et voici mes notes:
http://www.degustateurs.com/forum/forum_posts.asp?TID=16651&KW=echezeaux+2006

A lire en observant qu'il faisait suite à deux Chambertin d'une rare intensité.

nb : Michel Paulée de Meursault dans 30 jours...

Un mois exactement! Tellement hâte à cette première Paulée de meursault du 22 novembre prochain. Nous en parlons à chaque jour Natacha et moi.

Pour Échézeaux je n'ai pas perçu de bois et pourtant 100%. Je l'ai par contre bien perçu dans les Grands Échézeaux et Richebourg 2006 du Domaine de la Romanée Conti.

Bref retour sur cette dégustation qui fut fort instructive. Merci Pierre d'organiser ce type d'événement où l'on peut apprendre beaucoup.

Comme plusieurs j'ai trouvé le niveau inégal, presque de façon obscène quand on pense aux prix des vins. Je trouve toujours drôle que l'on parle de "producteur, producteur, producteur" comme la clé de la Bourgogne quand la gloire de celle-ci s'est construite sur le "terroir, terroir, terroir" et que les amateurs se targuent d'être capables d'identifier les moindre subtilités du sous-sol ou de l'exposition à la dégustation... La seule façon de réconcilier ces deux points de vue est (1) de reconnaître que Echezeaux est un peu un fourre-tout, avec des parcelles très moyennes et bien en-deçà du statut de Grand Cru (2) admettre qu'il y en a qui travaillent drôlement mal.

Les sommets pas mal tout le monde autour et à qui j'ai parlé semblent s'être entendu là-dessus. Malgré la possibilité de transvider d'un bouteille à l'autre pour être vraiment à l'aveugle, j'ai un peu trouvé drôle que le vin de la DRC soit servi dans sa bouteille originale alors que les autres vins étaient soit servis en carafe soit servis sous un linge cachant l'étiquette. J'ai fait de mon mieux pour ignorer ce détail et, au final, j'ai préféré dans toute la dégustation le Domaine d'Eugénie, dont le style velouté, au fruit mûr, bien travaillé et, surtout, très long et structuré m'a semblé tirer le meilleur possible de ce millésime 2006. 94pts+.
Le vin de Liger-Bélair avait vraiment besoin d'air et le boisé est appuyé (plus qu'Eugénie, pourtant élaboré sous la direction d'Engerer) mais la matière en bouche est superbe, avec un moelleux naturel époustouflant sur ce millésime (si c'est chaptalisé c'est admirablement fait). 93pts+
Mon troisième préféré ne fut pas le vin de la DRC, mais plutôt le Bouchard, un producteur qui me surprend toujours par son côté strict, précis, pas le plus somptueux en jeunesse mais offrant un vin dont on se dit "ah, voilà un vin qu'il est fait pour la garde..." J'ai cette même impression sur leur Corton, leur Chambertin et Clos de Bèze et leur Corton-Charlemagne en blanc. C'est sûrement mon côté amateur de Barolo qui ressort ici. 93pts
Tout près le vin de la DRC, très fin au nez, racé, d'une accessibilité surprenante à ce stade, mai son petit côté fruit acidulé - certainement en ligne avec le millésime - m'a semblé le rendre un brin compact en finale. 92pts+
Le Lamarche constitue une vraie réussite et m'a beaucoup surpris, ayant un peu des préjugés négatifs après avoir eu des expériences mitigées avec ce producteur. Peut-être sa place en premier vin au service l'a-t-il aidé? J'ai en tout cas bien aimé cet alliance de fruit croquant, de rusticité contenue ainsi que son évolution favorable dans le verre. 91pts+
Le vin de Prieur m'a surpris par ses tanins tellement intégrés qu'il pouvait paraître presque trop souple pour un grand cru de Côte de Nuits. J'aurais certainement pensé avoir mal noté ce vin à l'aveugle, n'eut été de son développement assez quelconque - contrairement aux vins ci-dessus - à l'aération. Au final 89pts.

Les autres vins étaient très nettement en dessous, mais contrairement aux confrères s'étant exprimés jusqu'ici, je ne me résous pas à invoquer la variation de bouteilles, n'ayant pas d'explication organoleptique claire pour leur mauvaise performance après avoir cherché pendant plus de 2 heures. Je conjecture que ce sont simplement des vins qui surfent sur un prestige d'appellation de façon éhontée. Pas plus que 85pts à l'évolution pour Nudant, Perdrix et Drouhin.

Vincent parle d'aveugle totale et toi de DRC servie dans sa bouteille originale (dévoilé ou vraiment reconnaissable ?).

Peux-tu donner plus de détails ?

Gael Giraud a écrit:Vincent parle d'aveugle totale et toi de DRC servie dans sa bouteille originale (dévoilé ou vraiment reconnaissable ?).

Peux-tu donner plus de détails ?

En fait Gael, certains vins ont été servis via une carafe, d'autres en bouteille dont le contenu n'était pas d'origine exception faite du DRC ... mais il fallait le savoir que le contenu de la bouteille de DRC était réellement le DRC. C'était donc en semi-aveugle. Oufff, t'arrive à me suivre dis ?

OK, c'est plus clair ! Quoique...

La bouteille a été présentée tout simplement, étiquette et tout.

Ah, donc, pas aveugle.

Oui, mais nous ne savions pas quel vin était à l'intérieur. D'autres vins ont été servis dans des bouteilles découvertes sans que le liquide qui soit dedans corresponde à l'étiquette.

OK, merci Vincent

On peut chercher des poux là où il n'y en a pas..................
Pierre nous a averti avant la dégustation que des vins allaient être servis en carafe ou en bouteille et que les vins avaient mérité des transvidages, que le tout était complexe et que seule la sommelière connaissait l'ordre de service. Ce que j'ai suivi. J'ai bien vu qu'une bouteille du Domaine de La Romanée Conti a été utilisé mais je ne savais pas son contenant ni lequel des verres a été rempli car j'ai attendu que tous les vins soient servi avant de commencer la dégustation. De plus, je n'avais pas lu préalablement à la dégustation (les notes de Burghound) pour me faire surprendre. Bien sûr, j'ai souhaité que l'Échézeaux du Domaine soit #1 afin de me conforter dans l'image que je me fais du Domaine et surtout des achats que je fais. Advenant quelques dégustations où le vin du Domaine de La Romanée Conti ne sort pas dans les tout premier...............ça voudrait dire que j'achète une histoire ou une marque........ce que je ne pense pas faire!

Donc une vrai dégustation en semi aveugle: on connait les vins mais pas l'ordre de sevice. Par ailleurs, plusieurs choses peuvent se produire lorsque l'on connaît le vin servi,
* on veut l'aimer et on le classe dans les premiers
* ou on ne veut pas aimer et l'on classe pas dans les premiers

D'ailleurs ceci est une des raisons qui me fait préférer les dégustations en mode semi aveugle.

Je cherche pas des poux, je ne comprenais pas la raison de pourquoi une découverte, les autres non.

Maintenant c'est clair.

Michel, je partage ton avis et ne cherche pas les poux, simplement il m'est apparu douteux qu'un total de 27 bouteilles soient transvidées d'une à l'autre ou en carafe et j'ai été surpris que l'équipe de sommellerie prenne la peine de cacher certaines bouteilles mais pas celle de la DRC (et peut-être d'autres, ma mémoire me fait défaut et d'ailleurs Vincent semble dire que certains vins ont vraiment été transvidés d'une bouteille à l'autre).

Olivier Collin a écrit:
Michel, je partage ton avis et ne cherche pas les poux, simplement il m'est apparu douteux qu'un total de 27 bouteilles soient transvidées d'une à l'autre ou en carafe et j'ai été surpris que l'équipe de sommellerie prenne la peine de cacher certaines bouteilles mais pas celle de la DRC (et peut-être d'autres, ma mémoire me fait défaut et d'ailleurs Vincent semble dire que certains vins ont vraiment été transvidés d'une bouteille à l'autre).

Effectivement un manque de rigueur si le contenu était bien le même vin que l'étiquette.

Par ailleurs,
J'ai constaté qu'au moins 10 membres de La Paulée étaient présents à cette dégustation. David Pellerin, Martin Letarte, Pierre Beauregard, Éric Lefebvre, Alex Bélanger, Jean-Luc Marchand, Olivier Collin, Vincent et moi.........sans oublier Pierre Séguin. J'en oublie peut-être?

3 CR déjà également.........nous avons une petite communauté mais bien vivante.

Olivier, je partage ton inconfort relatif quant à l’importance du producteur en ces contrées où le terroir est maître. Je crois que dans le cas d’Échezeaux, comme c’est le cas pour les autres grands crus étendus (Corton, Clos de Vougeot, Charmes Chambertin), une partie de l’hétérogénéité des vins est explicable par la diversité des potentiels qualitatifs (à noter toutefois que les parcelles de Liger-Bélair et d’Eugénie ne paraissent pas les mieux situées, et pourtant les vins produits sont d’excellent niveau!). Le constat qui m’apaise par contre, et ce n’est pas vrai qu’en Bourgogne, c’est que sur des terres de second ordre les meilleurs producteurs feront du bon (pas du grand) vin, alors que même sur les meilleures parcelles, les mauvais domaines ne feront jamais rien de bon. Aussi grand soit le terroir, il ne sera jamais assez fort pour s’exprimer dignement entre des mauvaises mains.

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Aussi grand soit le terroir, il ne sera jamais assez fort pour s’exprimer dignement entre des mauvaises mains.

Quand on sait le nombre de décisions à prendre pour l'élaboration d'un vin, ce que tu dis est plus que raisonnable, c'est pratiquement une vérité de La Palisse... Aussi je pense que sur une terre offrant certaines qualités, on peut faire plus que "bon" avec des mains agiles. Une chose que fait oublier la classification sur la base du terroir : certains aiment et réussissent bien sur des terroirs réputés plus difficiles.

Et pour conclure, il ne faut pas oublier que ces classifications approximatives n'étaient pas basées sur les connaissances que peuvent aujourd'hui avoir des vignerons sérieux, appliquées, connaissant chaque range de vigne, etc. Certes une mauvaise terre ne devient pas bonne par la connaissance, mais dans les échelons loin du bas, beaucoup repose en les mains du vigneron.

sur une tout autre note, et de façon quelque peu décalée j’en conviens, quelques photos de la soirée…


Le line-up des 27 bouteilles.


Un service hors pair par l’équipe de La Montée de lait ainsi que par Pierre Séguin à l’organisation et à l’animation.


Nos deux administrateurs affairés!

Quelques notes:
DRC, Liger-Belair et Eugénie au sommet, en accord avec les commentaires précédents, mais j’aurais tendance à mettre la DRC sur un plateau à part puisqu’il m’apparaissait beaucoup plus pure et aérien que les deux autres.
Je fût agréablement surpris par la réussite du domaine Lamarche vis-à-vis de ses compétiteurs dans la même fourchette tarifaire (Nudant, Perdrix, Drouhin et même Prieur).