Pour ou Contre les dégustations à l'aveugle ?

Le titre dit pas mal tout...

Alors ?

C'est trippant, mais pas tout le temps ! Pour l'humilité, c'est excellent !

La dégustation à l'aveugle est la seule façon pour les amateurs de passer derrière cet écran fumeux, fumant, voire fumiste, qui réunit des individus ayant du vin à vendre à d'autres individus ayant la prétention de dire à autrui ce qui est bon.

Les dégustateurs les plus fins que je connaisse sont non seulement ceux - est-ce vraiment surprenant? - qui se sentent le moins menacés par l'exercice, mais aussi ceux qui en apprenent le plus par celui-ci et - surtout - souvent ceux qui portent le plus attention à la contextualiser leur expérience du vin : ils connaissent les producteurs, lisent avidement sur l'histoire, les terroirs, etc. Bref, ils ont une réelle culture du vin, au-delà de l'immédiateté d'Internet et de discours sans cesse rabâchés.

Dans un monde du vin où il n'y a essentiellement aucun contrôle quant aux compétences réelles d'un dégustateur, la dégustation à l'aveugle est  le seul moyen de démasquer ceux qui pètent plus haut que leur trou, comme le veut l'expression.

Ceci dit, une dégustation à l'aveugle ne sera jamais une traduction complète de ce qu'un vin est, bien au contraire. Une fois que l'exercice a été accompli, on peu commencer à parler de réelles subtilités qui pourraient ne pas transparaître sans contexte : techniques viti-vinicoles,  choix oenologiques, terroirs, approche esthétique du vigneron, etc.

La dégustation à l'aveugle est la seule façon pour les amateurs de passer derrière cet écran fumeux, fumant, voire fumiste, qui réunit des individus ayant du vin à vendre à d'autres individus ayant la prétention de dire à autrui ce qui est bon.

Les dégustateurs les plus fins que je connaisse sont non seulement ceux - est-ce vraiment surprenant? - qui se sentent le moins menacés par l'exercice (...)

Superbe réponse, merci Olivier.

Oui, pour l'apprentissage, y'a pas mieux comme méthode !

En audiophilie (un autre de mes hobby) le test à l'aveugle est plutôt mal vu par certains.

Il faut dire que c'est souvent des test d'identification à l'aveugle (TIA) au lieu de tests d'appréciation à l'aveugle (TAA), ce qui implique souvent une forme d'humiliation assez brutale... Dans le genre de ne pas être capable d'identifier un vulgaire MP3 128kbps d'un fichier HD 24/96 sur une chaine à plusieurs dizaines de milliers de $$$...

C'est peut-être plus accepté dans le monde du vin parce que moins cruel ? Quoique...

Ce qui est cruel c'est si tu n'accepte pas l'erreur

J'adore la dégustation à l'aveugle car j'apprend beaucoup et je me trompe beaucoup, je n'ai aucune gêne à être totalement dans le champ

C'est avec la dégustation à l'aveugle que j'ai pu apprendre à différencier certaines région et comprendre pourquoi il y a des différences.

Je suis 100% en accord avec olivier! Tu décris exactement ma pensée!

Olivier Collin a écrit:La dégustation à l'aveugle est la seule façon pour les amateurs de passer derrière cet écran fumeux, fumant, voire fumiste, qui réunit des individus ayant du vin à vendre à d'autres individus ayant la prétention de dire à autrui ce qui est bon.

Les dégustateurs les plus fins que je connaisse sont non seulement ceux - est-ce vraiment surprenant? - qui se sentent le moins menacés par l'exercice, mais aussi ceux qui en apprenent le plus par celui-ci et - surtout - souvent ceux qui portent le plus attention à la contextualiser leur expérience du vin : ils connaissent les producteurs, lisent avidement sur l'histoire, les terroirs, etc. Bref, ils ont une réelle culture du vin, au-delà de l'immédiateté d'Internet et de discours sans cesse rabâchés.

Dans un monde du vin où il n'y a essentiellement aucun contrôle quant aux compétences réelles d'un dégustateur, la dégustation à l'aveugle est  le seul moyen de démasquer ceux qui pètent plus haut que leur trou, comme le veut l'expression.

Ceci dit, une dégustation à l'aveugle ne sera jamais une traduction complète de ce qu'un vin est, bien au contraire. Une fois que l'exercice a été accompli, on peu commencer à parler de réelles subtilités qui pourraient ne pas transparaître sans contexte : techniques viti-vinicoles,  choix oenologiques, terroirs, approche esthétique du vigneron, etc.

100% raison.

Pour ma part,j'adore les dégustations à l'aveugle.
Je m'interesse au vin depuis disons 3 ans un peu plus sérieusement et la dégustation à l'aveugle est parfaite pour les essais/erreurs.

Je n'ai pas toute la connaissance encore des terroirs et des subtilitées mais j'apprends et je m'informe plus maintenant quand j'achète une bouteille.

Pas juste le nom qui est important.Je m'interesse de plus en plus en la technichalité ( ce qui est le plus important finalement.)

Ouais, il y a, apparement, pas mal de gens qui acceptent mal de faire des erreurs!

Celui qui ne s'est jamais trompé jettera la première pierre!
Si il est vrai que l'employer est une bonne école de l'humilité et souvent indique une partie des capacités d'analyse du degustateur, il ne faut pas oublier qu'elle met d'abord en évidence ses potentielités hypothético-déductives. Hors le talent est ici à relier à la mémoire de l'olfaction et des arômes. Se souvenir de ce que l'on a déjà bu n'est au fond pas si impressionnant que cela...
En revanche cet exercice permet de faire abstraction des effets associés aux étiquettes et de l'incidence - souvent inconsciente - qu'elles ont sur le cerveau de ceux qui ont des attentes à leur endroit.
La vraie dégustation c'est sans doute connaître ce que l'on déguste tout en étant capable d'une réelle probité en évaluant. Mais reconnaître un vin n'est en rien une preuve de talent si l'on se réfère au goût.
Identifier un mode d'élevage, de vinification, relier des arômes et des équilibres à ces mises en œuvre tout en comprenant l'équilibre initial des fruits puis objectiver ses sensations en les reliant aux cultures qui les imprègnent... Voilà sans doute le Graal.

Notre club des vins est jeune, donc les gens appréhendent la dégustation à l'aveugle mais je crois qu'on va sauter à pieds joints à la prochaine rencontre!

J'utilise depuis des années les mêmes feuillets de note pour nos dégustations à l'aveugle: le # du vin (l'ordre de dégustation), ensuite le pays, le cépage, le prix et puis une note sur 10.

Pays, cépage et prix c'est de la devinette, alors que la note c'est l'appréciation subjective.

Merci Jonathan: ta suggestion va nous guider.

Pour la dégustation à l'aveugle et le plus souvent possible sauf lors d'une Paulée!
Cependant, cette technique fait augmenter le taux d'alcool.....encore un peu avant le dévoilement, encore un peu après pour la mémoire, encore un peu plus tard lorsque c'est bon....

Stéphanie Chénier a écrit:Merci Jonathan: ta suggestion va nous guider.

Les soirées où nous avons eu le plus de fun avec ces dégustations à l'aveugle étaient celles avec un ''piège'' ou un thème à trouver.

De mémoire:

- Un total de 5 bouteilles, dont 2 fois la même mais positionnée au début et à la fin (sans que nous le sachions, sauf l'organisateur)

- Un thème ''pinot noir'' mais de pays différents

- Des bouteilles relativement dispendieuses avec un intrus à 12-15 piasses

- Des assemblages ou cépages rares

Celle qui est la plus pratiquée lors des événements organisés sur ce forum est la semi-aveugle. C’est de loin celle que je préfère car elle met le vin en contexte.
 
La pure aveugle m’attire moins. Elle devient trop souvent un jeu de roulette. Même les plus grands sommeliers ou professionnels s’y perdent… Ça revient souvent à répondre à la question "C'est quoi?" alors que la question "dis-moi ce que tu en penses" m'intéresse bien plus.
 
J’aime beaucoup la table ronde qu’offrent nos rencontres. Discuter du vin, pouvoir « défendre » notre point de vue, réaliser comment nos goûts affectent notre évaluation… J’aime ces interactions, ces expériences.
 
On peut débattre des aspects qualitatifs du vin tant qu’on veut, parfois il se montre insaisissable… Il y a de l’humilité à ne pas pouvoir reconnaître un vin, mais il y en a aussi à admettre ne pas pouvoir le comprendre à un moment donné.
 

Les 2 mots d’ordre pour tout passionné, amateur ou professionnel : rigueur…et plaisir!

Ian Champagne a écrit:Celle qui est la plus pratiquée lors des événements organisés sur ce forum est la semi-aveugle. C’est de loin celle que je préfère car elle met le vin en contexte.
 
La pure aveugle m’attire moins. Elle devient trop souvent un jeu de roulette. Même les plus grands sommeliers ou professionnels s’y perdent… Ça revient souvent à répondre à la question "C'est quoi?" alors que la question "dis-moi ce que tu en penses" m'intéresse bien plus.
 
J’aime beaucoup la table ronde qu’offrent nos rencontres. Discuter du vin, pouvoir « défendre » notre point de vue, réaliser comment nos goûts affectent notre évaluation… J’aime ces interactions, ces expériences.
 
On peut débattre des aspects qualitatifs du vin tant qu’on veut, parfois il se montre insaisissable… Il y a de l’humilité à ne pas pouvoir reconnaître un vin, mais il y en a aussi à admettre ne pas pouvoir le comprendre à un moment donné.
 

Les 2 mots d’ordre pour tout passionné, amateur ou professionnel : rigueur…et plaisir!

En grande partie d'accord avec ces commentaires si ce n'est que rien en pure aveugle n'empêche de poser les deux questions "c'est quoi?" et "qu'est-ce que j'en pense?".

Personnellement, j'essaie de déguster à l'aveugle / semi-aveugle autant se faire que peut, surtout lors de dégustation de presse ou à caractère professionnel. Je suis d'ailleurs toujours surpris de voir certains de mes collègues s'obstiner à déguster à bouteille découverte. Je pense à Nadia Fournier (comme Phaneuf d'ailleurs) ou Jean Aubry.

Un récent billet sur Le Franc Buveur pour alimenter (ou non) la discussion.

Laissez moi vous raconter 2 expériences récentes de dégustation à l'aveugle. Elles sont fort intéressantes.


Première expérience: le "Grand" vin, l'impression inversement proportionelle.

Un ami nous sert (nous sommes un petit groupe de 6), avec un sourire en coin, un vin avec la cagoule "?" que je trouve toujours fort mignonne et... sportive. Attaquons la bête avec nos plus fins palais!

Ça renifle, agite,  scrute, met en bouche, oxygène, avale, médite...

Plusieurs fois... De manière intéressée et, surtout, honnête.

Après quelques minutes, le discussion s'amorce. Le constat est relativement sévère: le vin est limité, autant en complexité qu'en profondeur. On évoque un état de fermeture, des rendements un peu trop élevés, bref, un bon vin mais rien de transcendant. Ça discute pendant de longues minutes.

L'offrande est enfin révélée par son donateur...une grande étiquette!

Un silence s'installe (genre, je n'aurais jamais payé ce prix pour "ce" vin!. Fiou!)

Par la suite, j'observe un drôle de comportement parmi mes pairs: chacun retourne en silence vers son verre!

Ça re-renifle, re-agite,  re-scrute, remet en bouche, re-oxygène, ravale, re-médite...

Essaie-t-on, inconsciemment, de trouver des qualités au vin que l'on n'avait pas remarqué!

Une deuxième discussion s'amorce. Finalement le vin est... "un peu mieux que tantôt...le millésime "x" est un millésime difficile, les vins de ce domaine pour ce millésime sont fermés pour l'instant...". Les excuses déferlent donc autour de la table.

Dans ma tête, je me réconfortai du fait que je n'ai pas eu à payer des centaines de dollars pour cette bouteille qui causa, en bout de ligne, plus de déception que de bonheur. Grande étiquette ou pas.

Je ne dévoilerai pas ici le vin, non-seulement par respect pour l'appellation ou le domaine, mais parce que son identité est secondaire au questionnemment qui suivra.

Conclusion:

Il y a parfois un peu trop d'indulgence envers une grande étiquette!


Deuxième expérience: le "Petit" vin, l'impression inversement proportionelle.

Je sers à des amis, que je tiens en plus haute estime d'amité et de palais, un verre provenant d'une bouteille cachée par une cagoule "?" que je trouve toujours aussi mignonne et... sportive.

Allez, chers amis, attaquez la bête avec vos plus fins palais!

Ça renifle, agite,  scrute, met en bouche, oxygène, avale, médite...

Verdict: un vin épicé/boisé, puissant, séveux, minéral, de belle longueur. Les avis sont assez unanimes et dans la bonne direction qualitativement. L'avis de la table se tourne vers un 1er Cru de Gevrey-Chambertin d'un millésime mûr/solaire.

Ils ont raison pour le cepage (pinot noir), mais il s'agit en fait d'un vin ontarien.

Ba-da-bing!

(Ou pouette-pouette selon vos préférences!)

N'empêche, une discussion s'impose. La vérité est dans le verre ou sur l'étiquette?

Payons-nous trop cher certaines fioles par rapport à la qualité?

La dégustation à l'aveugle est elle la référence en terme d'évaluation objective?


Une chose est certaine, le vin est toujours pour moi une source de surprise!"

L'expérience du grand vin à l'aveugle est un classique. J'ai toujours pensé que les gens font preuve de tolérance devant une grande étiquette pour différentes raisons.

Autre comportement intéressant, c'est lors d'une thématique sur un cépage en particulier et que certains décrivent le vin avec les mots du livre qu'ils ont lu la veille.....

Dans la dégustation du petit vin, je dirais que personne ne peut reconnaître ce qu'il ne connaisse pas. Du pinot ontarien ou chilien, il faut en avoir bu. Ce serait malhonnête de prétendre que ce pinot ontarien passe pour un Gevry à l'aveugle! Ils ont décrit un pinot masculin et moderne. C'est pourquoi, je suis toujours prudente avec ce type de résultat.

La vérité est toujours dans le verre de celui qui boit!