Visite au Domaine Querciabella
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Visite au Domaine Querciabella
Justine et moi avons été reçus au Domaine Querciabella le 1er juin dernier. Domaine dont la fondation remonte au milieu des années 70, il est situé en plein cœur de l’appellation Chianti Classico, dans la commune de Greve in Chianti. Les 80 ha de vignes se répartissent sur les communes de Greve, Rada, Panzano et Gaiole. Au début des années 2000, le domaine a acquis 32 ha de vignes dans la région de Maremma. Bien qu’il ait la volonté d’élaborer plus d’une cuvée issue de ce projet, dont le premier millésime a été le 2005, le domaine ne met en bouteille actuellement qu’un seul vin, le Mongrana. Sur tous ses vignobles, le domaine a adopté une approche biologique en 1988. Il s’est depuis converti à la biodynamie et a banni tout intrant animal (collage à l’œuf notamment). La chasse aux sangliers, qui pourtant font des ravages dans les vignes, est même interdite! De manière confidentielle, le domaine produit également de l’huile d’olive et du miel, à même ses propres oliviers et ruches (récemment introduites).
Historiquement, le domaine produisait un Chianti Classico régulier et un Riserva. Cette distinction a été abolie depuis, simplifiant l’offre, mais également concourant à une progression qualitative moyenne de cette cuvée, qui demeure LE vin du domaine (d’un point de vue historique, culturel et en termes de volume). Les différentes parcelles du domaine s’échelonnent entre 250 m et près de 600 m d’altitude, la majorité exposées sud-ouest. Ces différences d’altitude permettent à la fois des vendanges plus ordonnées, mais constituent également des atouts pour négocier les aléas des millésimes.
Ironie du sort, la cuvée qui a possiblement contribué le plus à faire connaître le domaine n’était à la base qu’une curiosité voulue pour plaire au propriétaire, admirateur des grands vins français en général et des blancs bourguignons en particulier! Le résultat a toutefois été concluant et d’une production confidentielle qui était offerte aux clients et amis, en plus d’abreuver la famille, le domaine a accru sa production de blanc et en a débuté la commercialisation. Initialement nommée Bâtard, en hommage au célèbre grand cru de la Côte de Beaune alors que le vin n’était pas réellement diffusé, le domaine a, pour des raisons évidentes, modifié l’orthographe pour Batàr. Ce vin n’est toutefois pas un monocépage de chardonnay, 50% de pinot blanc entrant dans l’assemblage.
Autre particularité compte tenu de l’emplacement et de l’historique du vignoble, la plus vieille vigne que le domaine cultive en est une de merlot! Cet élément, combiné à l’émergence des fameux super toscans, a fait naître deux vins supplémentaires dans la gamme, soit le Camartina (assemblage cabernet/sangiovese) et Palofreno (un pur merlot). Ces deux cuvées ne sont produites que dans les années jugées suffisamment qualitatives – donc pas nécessairement toujours de pair.
Les vins dégustés maintenant :
Batàr 2009 : Premier millésime 1988. Assemblage pinot blanc et chardonnay, pour 50% chacun. Le domaine produit environ 12 000 bouteilles par année. Fermentations (alcoolique et malolactique) et élevage en barriques (30% neuves), sur environ neuf mois. Les vins sont bâtonnés toutes les semaines, mais parfois simplement en tournant les barriques dans leur support (élaboré à cet effet) afin d’éviter que l’air n’entre en contact avec le vin au moment de remettre les lies en suspension. Le domaine dit ne pas avoir noté de problème d’oxydation ces dernières années sur cette cuvée qu’il dit destinée à la garde. Nez de pêche bien mûre et de poire chaude. On sent quelques notes d’élevage, avec des touches anisées et miellées. La bouche est pleine, costaude, d’impression grasse et parfumée. Longue finale, large, mais structurée avec de fins amers. Impression de puissance pour ce vin concentré, profond, qui a besoin d’un peu temps. Ambitieux, il n’en demeure pas moins impressionnant par son harmonie et sa longueur. Très bien, voire davantage.
Mongrana 2009 : 50% sangiovese et 25% merlot et cabernet sauvignon. Produit dans la région de Maremma, cette cuvée est produite à hauteur de 216 000 bouteilles par année. Nez de fruits rouges et noirs, bien éclatant. La bouche est juteuse, ample, plutôt gourmande, bien nette. Quelques accents réglissés et épicés ponctuent la finale. Vin de plaisir et de soif parfaitement maîtrisé, bien proportionné, droit et doté d’une belle fraîcheur. Bien.
Chianti Classico DOCG 2009 : Actuellement, 95% sangiovese et 5% cabernet sauvignon. Élevé 12 mois en barriques (moins de 10% neuves), les vinifications se font en cuve d’inox ou de ciment, selon la taille des différentes parcelles. Le domaine produit environ 192 000 bouteilles de cette cuvée annuellement. Lorsque la cuvée Camartina n’est pas produite, les raisins qui la composent habituellement sont intégrés à cette cuvée. Ce sont donc les millésimes à privilégier (comme le 2009, actuellement en vente à la SAQ !). Nez plus sauvage que le précédent, où des notes épicées, terreuses et de tabac viennent complexifier le registre de fruits rouges légèrement surets. La bouche est plus compacte que la précédente, plus concentrée aussi. Très beau caractère croquant issu de la combinaison de la fraîcheur du vin et de sa pureté. Finale d’excellente longueur, un rien sérieuse pour l’heure. À garder quelques années. Très bien.
Camartina 2008 : Produit pour la première fois en 1981, ce vin est un assemblage de cabernet sauvignon (70%) et de sangiovese (30%). Le domaine produit environ 18 000 bouteilles de cette cuvée les années où elle est élaborée. L’élevage dure environ 20 mois en barriques (40%) neuves. On change de gamme et ça se sent. Nez de cassis, de prune, d’espresso, de cigare et de zan. Le tout est large, profond et détaillé. La bouche est nourrie, large, puissante, mais sans sévérité. La fraîcheur est encore au rendez-vous, tendant la finale qui est d’excellente longueur. Élevage discret pour ce vin classique, vigoureux et d’une prime jeunesse. Excellent.
Palafreno 2008 : Élaborée pour la première fois en 2000, cette cuvée est la plus confidentielle du domaine (lorsqu’elle est produite!), ne totalisant qu’environ 3 000 cols. Élevage similaire au Camartina, le pourcentage de fûts neufs est légèrement inférieurs (environ 30%). Curieusement, on sent un rien plus le bois au nez, sur de fines notes vanillées, se mêlant à l’ensemble de fruits noirs, d’encens et de truffe. La bouche est crémeuse au départ, dotée d’un supplément de chair. Des tanins plus serrés se font ensuite sentir, resserrant passablement l’ensemble. Encore ici, une longue finale, très fraîche, un rien rigide, d’impression minérale. Si le précédent m’a davantage plus grâce à sa palette aromatique et son équilibre en bouche, celui-ci semble avoir besoin de davantage de temps pour se livrer pleinement. Très bien, voire plus.
Au final, des vins parfaitement maîtrisés, distincts et dont la fraîcheur et la précision m’ont séduit. Le Chianti Classico, à moins de 30$, me semble un bel achat à faire et je serais curieux de voir comment les Camartina et Palofreno se comporteraient dans une dégustation de Bordeaux ! Batàr est également fort intéressant, illustrant le potentiel de ces terroirs pour la production de blancs ambitieux, bourrés de caractères et plutôt originaux.
Historiquement, le domaine produisait un Chianti Classico régulier et un Riserva. Cette distinction a été abolie depuis, simplifiant l’offre, mais également concourant à une progression qualitative moyenne de cette cuvée, qui demeure LE vin du domaine (d’un point de vue historique, culturel et en termes de volume). Les différentes parcelles du domaine s’échelonnent entre 250 m et près de 600 m d’altitude, la majorité exposées sud-ouest. Ces différences d’altitude permettent à la fois des vendanges plus ordonnées, mais constituent également des atouts pour négocier les aléas des millésimes.
Ironie du sort, la cuvée qui a possiblement contribué le plus à faire connaître le domaine n’était à la base qu’une curiosité voulue pour plaire au propriétaire, admirateur des grands vins français en général et des blancs bourguignons en particulier! Le résultat a toutefois été concluant et d’une production confidentielle qui était offerte aux clients et amis, en plus d’abreuver la famille, le domaine a accru sa production de blanc et en a débuté la commercialisation. Initialement nommée Bâtard, en hommage au célèbre grand cru de la Côte de Beaune alors que le vin n’était pas réellement diffusé, le domaine a, pour des raisons évidentes, modifié l’orthographe pour Batàr. Ce vin n’est toutefois pas un monocépage de chardonnay, 50% de pinot blanc entrant dans l’assemblage.
Autre particularité compte tenu de l’emplacement et de l’historique du vignoble, la plus vieille vigne que le domaine cultive en est une de merlot! Cet élément, combiné à l’émergence des fameux super toscans, a fait naître deux vins supplémentaires dans la gamme, soit le Camartina (assemblage cabernet/sangiovese) et Palofreno (un pur merlot). Ces deux cuvées ne sont produites que dans les années jugées suffisamment qualitatives – donc pas nécessairement toujours de pair.
Les vins dégustés maintenant :
Batàr 2009 : Premier millésime 1988. Assemblage pinot blanc et chardonnay, pour 50% chacun. Le domaine produit environ 12 000 bouteilles par année. Fermentations (alcoolique et malolactique) et élevage en barriques (30% neuves), sur environ neuf mois. Les vins sont bâtonnés toutes les semaines, mais parfois simplement en tournant les barriques dans leur support (élaboré à cet effet) afin d’éviter que l’air n’entre en contact avec le vin au moment de remettre les lies en suspension. Le domaine dit ne pas avoir noté de problème d’oxydation ces dernières années sur cette cuvée qu’il dit destinée à la garde. Nez de pêche bien mûre et de poire chaude. On sent quelques notes d’élevage, avec des touches anisées et miellées. La bouche est pleine, costaude, d’impression grasse et parfumée. Longue finale, large, mais structurée avec de fins amers. Impression de puissance pour ce vin concentré, profond, qui a besoin d’un peu temps. Ambitieux, il n’en demeure pas moins impressionnant par son harmonie et sa longueur. Très bien, voire davantage.
Mongrana 2009 : 50% sangiovese et 25% merlot et cabernet sauvignon. Produit dans la région de Maremma, cette cuvée est produite à hauteur de 216 000 bouteilles par année. Nez de fruits rouges et noirs, bien éclatant. La bouche est juteuse, ample, plutôt gourmande, bien nette. Quelques accents réglissés et épicés ponctuent la finale. Vin de plaisir et de soif parfaitement maîtrisé, bien proportionné, droit et doté d’une belle fraîcheur. Bien.
Chianti Classico DOCG 2009 : Actuellement, 95% sangiovese et 5% cabernet sauvignon. Élevé 12 mois en barriques (moins de 10% neuves), les vinifications se font en cuve d’inox ou de ciment, selon la taille des différentes parcelles. Le domaine produit environ 192 000 bouteilles de cette cuvée annuellement. Lorsque la cuvée Camartina n’est pas produite, les raisins qui la composent habituellement sont intégrés à cette cuvée. Ce sont donc les millésimes à privilégier (comme le 2009, actuellement en vente à la SAQ !). Nez plus sauvage que le précédent, où des notes épicées, terreuses et de tabac viennent complexifier le registre de fruits rouges légèrement surets. La bouche est plus compacte que la précédente, plus concentrée aussi. Très beau caractère croquant issu de la combinaison de la fraîcheur du vin et de sa pureté. Finale d’excellente longueur, un rien sérieuse pour l’heure. À garder quelques années. Très bien.
Camartina 2008 : Produit pour la première fois en 1981, ce vin est un assemblage de cabernet sauvignon (70%) et de sangiovese (30%). Le domaine produit environ 18 000 bouteilles de cette cuvée les années où elle est élaborée. L’élevage dure environ 20 mois en barriques (40%) neuves. On change de gamme et ça se sent. Nez de cassis, de prune, d’espresso, de cigare et de zan. Le tout est large, profond et détaillé. La bouche est nourrie, large, puissante, mais sans sévérité. La fraîcheur est encore au rendez-vous, tendant la finale qui est d’excellente longueur. Élevage discret pour ce vin classique, vigoureux et d’une prime jeunesse. Excellent.
Palafreno 2008 : Élaborée pour la première fois en 2000, cette cuvée est la plus confidentielle du domaine (lorsqu’elle est produite!), ne totalisant qu’environ 3 000 cols. Élevage similaire au Camartina, le pourcentage de fûts neufs est légèrement inférieurs (environ 30%). Curieusement, on sent un rien plus le bois au nez, sur de fines notes vanillées, se mêlant à l’ensemble de fruits noirs, d’encens et de truffe. La bouche est crémeuse au départ, dotée d’un supplément de chair. Des tanins plus serrés se font ensuite sentir, resserrant passablement l’ensemble. Encore ici, une longue finale, très fraîche, un rien rigide, d’impression minérale. Si le précédent m’a davantage plus grâce à sa palette aromatique et son équilibre en bouche, celui-ci semble avoir besoin de davantage de temps pour se livrer pleinement. Très bien, voire plus.
Au final, des vins parfaitement maîtrisés, distincts et dont la fraîcheur et la précision m’ont séduit. Le Chianti Classico, à moins de 30$, me semble un bel achat à faire et je serais curieux de voir comment les Camartina et Palofreno se comporteraient dans une dégustation de Bordeaux ! Batàr est également fort intéressant, illustrant le potentiel de ces terroirs pour la production de blancs ambitieux, bourrés de caractères et plutôt originaux.
Dernière édition par Vincent Messier-Lemoyne le Sam 30 Juin 2012 - 14:16, édité 1 fois
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"Mes goûts sont simples, je me contente aisément de ce qu'il y a de meilleur" - Winston Churchill
Vincent Messier-Lemoyne- Messages : 8731
Date d'inscription : 12/05/2009
Age : 40
Localisation : Montréal
Re: Visite au Domaine Querciabella
Merci Vince.
Je n'avais pas eu le temps de te lire. Vraiment un CR complet!
Ça rappelle de beaux souvenirs de cette visite que Natacha et moi avions fait en 2005.
http://www.querciabella.com/
ps: Palafreno
Je n'avais pas eu le temps de te lire. Vraiment un CR complet!
Ça rappelle de beaux souvenirs de cette visite que Natacha et moi avions fait en 2005.
http://www.querciabella.com/
ps: Palafreno
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WineBoy
La dégustation à l'aveugle est une grande leçon d'humilité.
Michel Therrien- Messages : 10010
Date d'inscription : 01/06/2009
Age : 61
Localisation : Joliette
Re: Visite au Domaine Querciabella
Merci Mike pour les bons commentaires ... et la coquille!
_________________
"Mes goûts sont simples, je me contente aisément de ce qu'il y a de meilleur" - Winston Churchill
Vincent Messier-Lemoyne- Messages : 8731
Date d'inscription : 12/05/2009
Age : 40
Localisation : Montréal
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