Visite au Domaine Buisson-Charles
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Visite au Domaine Buisson-Charles
Puisque j'ai utilisé mon premier message pour taquiner Patrick Essa, je me suis dit qu'il serait dans l'ordre d'utiliser ce troisième pour parler de ma rencontre avec lui il y a un peu moins d'un mois.
Rendez-vous à 14h au Domaine Buisson-Charles le vendredi 17 février, nous arrêtons à Beaune prendre une bouchée, question de se caler un peu et d’avoir l’énergie nécessaire pour affronter cet après-midi de rêve. Il faut dire que j’ai la chance d’avoir une copine qui me propose deux semaine plus tôt d’aller fêter la Saint-Valentin en Bourgogne, dans ce temps-là on ne se pose pas la question, on dit oui chérie, je t’aime!
Arrivée un peu hâtive, peut-être dû à l’excitation, nous sommes d’abord accueillis par Michel Buisson qui travaille toujours au domaine avec la bonne humeur d’un p’tit jeune qui viendrait faire ses classes dans ce vignoble familial de Meursault. Sa fille, Catherine Buisson, nous reçoit ensuite au bureau en attendant un groupe d’italiens qui arriveront à notre départ 2 heures plus tard. Petite discussion qui nous permet de constater que ce domaine est un peu victime de son succès, si les amateurs connaissent depuis longtemps, le mot s’est passé rapidement depuis que le critique américain Allen Meadows, le Burghound, a accordé des notes impressionnantes aux vins du millésime 2009 de Buisson-Charles. Depuis, la demande a explosée, tout le monde en veut, mais dans leur humilité et par respect des clients, le couple a bien voulu nous recevoir, un québécois et une nîmoise expatriés à Paris.
Nous rejoignons bientôt Patrick Essa qui dirige maintenant le domaine avec sa femme; j’avais bien hâte de rencontrer ce vigneron volubile, blogueur assidu (Dégustateurs.com) ainsi qu’explorateur des vignobles de Bourgogne. Même après une soirée de dégustation bien appuyée la veille ainsi qu’un léger rhume, Patrick nous fera passer 2 heures magnifiques à déguster, discuter et même philosopher un peu.
Ainsi je dois m’excuser, je n’ai malheureusement pas pris de notes de dégustation, l’heure était au plaisir, à l’écoute, à la réflexion, tel un jeune apprenti qui écoute un maître parler de son art. Descente à la cave, nous attendons un peu nos italiens, nous donnant ainsi l’occasion d’entamer la discussion, de cerner le personnage et de réaliser que ce sera un grand moment avec un homme passionné avide de partager ses idées.
Blancs 2011 sur fût :
Mon expérience en blanc se situe principalement sur les régions très septentrionales, ainsi difficile pour moi de comparer pour bien vous illustrer chaque cuvée dégustée. Je dois donc analyser dans l’absolu, la seule région de Bourgogne Blancs avec laquelle j’ai une expérience relative étant les vins de Chablis que j’aime depuis longtemps. Mon goût pour les blancs de la Côte d’or s’affirme depuis maintenant un an, peu à peu réalisant que les élevages marqués ne sont pas coutume.
D’abord un Meursault Vieilles vignes en fût neuf, mais imperceptible, dû aux fûts de grande qualité, à la chauffe légère et faits de douelles séchés 48 mois au lieu de 36 (l’assemblage final aura environ 25% de fût). Jamais je n’aurais perçu le bois neuf qui est tout effacé, pour moi l’arôme de banane ressort d’abord, possiblement dû à la fermentation malo-lactique récente, me dis-je. Ma copine est plutôt sur le fruit blanc, la poire, ce qui fait sourire Patrick, elle a toujours eu un meilleur nez que moi mais là ça commence mal. Frais, droit avec un peu de gras, ce vin ne joue ni la carte de l’opulence ni de la discrétion, un équilibre entre la tension et l’ampleur. Les vins tant au nez qu’en bouche me donnent l’image d’un entonnoir inversé, premier nez discret puis les arômes inter-reliés au départ se détachent peu à peu mais sans qu’un ne prenne vraiment le dessus sur les autres. La bouche suit avec une attaque discrète, un milieu de bouche fruité et un tantinet minéral et une finale tendue qui prend de l’ampleur à chaque seconde qui passe.
Pour une appellation village, on a déjà un vin vinifié sérieusement, il faut dire que peu importe la parcelle ou la cuvée, les vins du domaine voient des rendements réduits par ébourgeonnage, un labourage des terres, des parcelles toutes en Côte d’or, un élevage en fût de chêne (à part pour l’aligoté) même pour le Bourgogne Pinot noir. Patrick a des principes encrés mais pas immuables, utilisation de peu de sulfites mais la dose nécessaire est ajoutée, généralement pas de bâtonnage mais en cas de nécessité pour terminer les fermentations, cet outil est utilisé par contre jamais pour donner trop de gras ou de lourdeur au vin. Patrick laisse ses vins travailler d’eux-mêmes, par exemple la malo n’est pas bloquée jusqu’au printemps, la nature dicte ce travail qui se fait de lui-même.
S’ensuivent le Tesson dont la malo n’est pas tout à fait terminée, puis le Cras et le Bouche-chère en 1er crus, chacun marqué par son identité mais aussi par une signature de la maison. Les souvenirs des détails de dégustation m’échappent mais le Bouche-Chères m’a paru plus onctueux, le Cras plus tendu. Finalement le Chassagne-Montrachet 1er cru en Remilly, issu de l’activité de négoce auprès d’un vigneron bien connu de Patrick, est dans un autre spectre, me paraît plus ample, plus corsé, légèrement épicé sur l’anis entre autres.
Les 2010 en bouteille :
On commence par l’aligoté, des arômes et saveurs franches, je n’arrive pas à démasquer jusqu’à ce que Patrick mentionne les huîtres et là ça devient évident tant au nez qu’en bouche.
S’ensuivent le Vieilles vignes, le Tesson, et quelques premiers crus dont le fameux Goutte d’or pour clôturer la dégustation. Encore une fois pas de notes précises juste un souvenir qui confirme pour moi que quand on a un bon domaine et qu’on aime le style de la maison, on peut avoir une préférence pour une cuvée mais on aimera souvent tous les vins, c’est le cas ici pour nous. Le Vieilles vignes m’impressionne particulièrement étant très près des autres qualitativement, même si on a un assemblage de parcelles village. Des vins qui sont faits pour affronter le temps et qu’on tentera d’encaver 6-7 ans avant de les ouvrir, je dis bien tentera, puisqu’ils sont embouteillés au moment où ils se referment pour mieux grandir en bouteille.
Un bon moment entouré de mots de sagesse de Patrick tout au long de la dégustation, devant mon enthousiasme et ma volonté d’apprendre, je me laisse guider par ses conseils.
En partant, nous avons la chance de mettre la main sur quelques précieux flacons, qui sont à un tarif tout à fait raisonnable même suite à la frénésie sur les 2009. Discussion avec Catherine Buisson, la femme de Patrick qui est aimable, gentille, généreuse et qui garde les pieds sur terre, on ne pourrait percevoir que ce domaine est au summum de l’appellation dans l’attitude de ses propriétaires et c’est tout à leur bénéfice. Nous avons aussi la chance de discuter un peu avec Michel Buisson, l’image incarné du vigneron bourguignon de la génération précédente, humble et le sourire aux lèvres, on ne peut que lui dire merci d’avoir créé ce domaine.
Le soir même on goûte au Pinot noir du domaine qui est sur le fruit rouge, la griotte, un peu d’épice, belle fraicheur, tout est intégré, ça se boit tout seul à l’apéro.
Rendez-vous à 14h au Domaine Buisson-Charles le vendredi 17 février, nous arrêtons à Beaune prendre une bouchée, question de se caler un peu et d’avoir l’énergie nécessaire pour affronter cet après-midi de rêve. Il faut dire que j’ai la chance d’avoir une copine qui me propose deux semaine plus tôt d’aller fêter la Saint-Valentin en Bourgogne, dans ce temps-là on ne se pose pas la question, on dit oui chérie, je t’aime!
Arrivée un peu hâtive, peut-être dû à l’excitation, nous sommes d’abord accueillis par Michel Buisson qui travaille toujours au domaine avec la bonne humeur d’un p’tit jeune qui viendrait faire ses classes dans ce vignoble familial de Meursault. Sa fille, Catherine Buisson, nous reçoit ensuite au bureau en attendant un groupe d’italiens qui arriveront à notre départ 2 heures plus tard. Petite discussion qui nous permet de constater que ce domaine est un peu victime de son succès, si les amateurs connaissent depuis longtemps, le mot s’est passé rapidement depuis que le critique américain Allen Meadows, le Burghound, a accordé des notes impressionnantes aux vins du millésime 2009 de Buisson-Charles. Depuis, la demande a explosée, tout le monde en veut, mais dans leur humilité et par respect des clients, le couple a bien voulu nous recevoir, un québécois et une nîmoise expatriés à Paris.
Nous rejoignons bientôt Patrick Essa qui dirige maintenant le domaine avec sa femme; j’avais bien hâte de rencontrer ce vigneron volubile, blogueur assidu (Dégustateurs.com) ainsi qu’explorateur des vignobles de Bourgogne. Même après une soirée de dégustation bien appuyée la veille ainsi qu’un léger rhume, Patrick nous fera passer 2 heures magnifiques à déguster, discuter et même philosopher un peu.
Ainsi je dois m’excuser, je n’ai malheureusement pas pris de notes de dégustation, l’heure était au plaisir, à l’écoute, à la réflexion, tel un jeune apprenti qui écoute un maître parler de son art. Descente à la cave, nous attendons un peu nos italiens, nous donnant ainsi l’occasion d’entamer la discussion, de cerner le personnage et de réaliser que ce sera un grand moment avec un homme passionné avide de partager ses idées.
Blancs 2011 sur fût :
Mon expérience en blanc se situe principalement sur les régions très septentrionales, ainsi difficile pour moi de comparer pour bien vous illustrer chaque cuvée dégustée. Je dois donc analyser dans l’absolu, la seule région de Bourgogne Blancs avec laquelle j’ai une expérience relative étant les vins de Chablis que j’aime depuis longtemps. Mon goût pour les blancs de la Côte d’or s’affirme depuis maintenant un an, peu à peu réalisant que les élevages marqués ne sont pas coutume.
D’abord un Meursault Vieilles vignes en fût neuf, mais imperceptible, dû aux fûts de grande qualité, à la chauffe légère et faits de douelles séchés 48 mois au lieu de 36 (l’assemblage final aura environ 25% de fût). Jamais je n’aurais perçu le bois neuf qui est tout effacé, pour moi l’arôme de banane ressort d’abord, possiblement dû à la fermentation malo-lactique récente, me dis-je. Ma copine est plutôt sur le fruit blanc, la poire, ce qui fait sourire Patrick, elle a toujours eu un meilleur nez que moi mais là ça commence mal. Frais, droit avec un peu de gras, ce vin ne joue ni la carte de l’opulence ni de la discrétion, un équilibre entre la tension et l’ampleur. Les vins tant au nez qu’en bouche me donnent l’image d’un entonnoir inversé, premier nez discret puis les arômes inter-reliés au départ se détachent peu à peu mais sans qu’un ne prenne vraiment le dessus sur les autres. La bouche suit avec une attaque discrète, un milieu de bouche fruité et un tantinet minéral et une finale tendue qui prend de l’ampleur à chaque seconde qui passe.
Pour une appellation village, on a déjà un vin vinifié sérieusement, il faut dire que peu importe la parcelle ou la cuvée, les vins du domaine voient des rendements réduits par ébourgeonnage, un labourage des terres, des parcelles toutes en Côte d’or, un élevage en fût de chêne (à part pour l’aligoté) même pour le Bourgogne Pinot noir. Patrick a des principes encrés mais pas immuables, utilisation de peu de sulfites mais la dose nécessaire est ajoutée, généralement pas de bâtonnage mais en cas de nécessité pour terminer les fermentations, cet outil est utilisé par contre jamais pour donner trop de gras ou de lourdeur au vin. Patrick laisse ses vins travailler d’eux-mêmes, par exemple la malo n’est pas bloquée jusqu’au printemps, la nature dicte ce travail qui se fait de lui-même.
S’ensuivent le Tesson dont la malo n’est pas tout à fait terminée, puis le Cras et le Bouche-chère en 1er crus, chacun marqué par son identité mais aussi par une signature de la maison. Les souvenirs des détails de dégustation m’échappent mais le Bouche-Chères m’a paru plus onctueux, le Cras plus tendu. Finalement le Chassagne-Montrachet 1er cru en Remilly, issu de l’activité de négoce auprès d’un vigneron bien connu de Patrick, est dans un autre spectre, me paraît plus ample, plus corsé, légèrement épicé sur l’anis entre autres.
Les 2010 en bouteille :
On commence par l’aligoté, des arômes et saveurs franches, je n’arrive pas à démasquer jusqu’à ce que Patrick mentionne les huîtres et là ça devient évident tant au nez qu’en bouche.
S’ensuivent le Vieilles vignes, le Tesson, et quelques premiers crus dont le fameux Goutte d’or pour clôturer la dégustation. Encore une fois pas de notes précises juste un souvenir qui confirme pour moi que quand on a un bon domaine et qu’on aime le style de la maison, on peut avoir une préférence pour une cuvée mais on aimera souvent tous les vins, c’est le cas ici pour nous. Le Vieilles vignes m’impressionne particulièrement étant très près des autres qualitativement, même si on a un assemblage de parcelles village. Des vins qui sont faits pour affronter le temps et qu’on tentera d’encaver 6-7 ans avant de les ouvrir, je dis bien tentera, puisqu’ils sont embouteillés au moment où ils se referment pour mieux grandir en bouteille.
Un bon moment entouré de mots de sagesse de Patrick tout au long de la dégustation, devant mon enthousiasme et ma volonté d’apprendre, je me laisse guider par ses conseils.
En partant, nous avons la chance de mettre la main sur quelques précieux flacons, qui sont à un tarif tout à fait raisonnable même suite à la frénésie sur les 2009. Discussion avec Catherine Buisson, la femme de Patrick qui est aimable, gentille, généreuse et qui garde les pieds sur terre, on ne pourrait percevoir que ce domaine est au summum de l’appellation dans l’attitude de ses propriétaires et c’est tout à leur bénéfice. Nous avons aussi la chance de discuter un peu avec Michel Buisson, l’image incarné du vigneron bourguignon de la génération précédente, humble et le sourire aux lèvres, on ne peut que lui dire merci d’avoir créé ce domaine.
Le soir même on goûte au Pinot noir du domaine qui est sur le fruit rouge, la griotte, un peu d’épice, belle fraicheur, tout est intégré, ça se boit tout seul à l’apéro.
Alex Savoie- Messages : 80
Date d'inscription : 13/03/2012
Age : 44
Localisation : Paris/Montréal
Re: Visite au Domaine Buisson-Charles
Merci Alex pour ce CR de visite.
Patrick est un ami et dirige un domaine d'exception à Meursault.
Nous l'avons visité à plusieurs reprises tout comme il est venu au Québec à quelques reprises déjà.
Tu trouveras sur le forum plusieurs visites d'autres membres et aussi des CR des vins de chez Buisson-Charles.
http://www.lapaulee-enligne.com/t878p45-voyage-a-la-paulee-de-meursault-2010-et-2011#12131
Patrick est un ami et dirige un domaine d'exception à Meursault.
Nous l'avons visité à plusieurs reprises tout comme il est venu au Québec à quelques reprises déjà.
Tu trouveras sur le forum plusieurs visites d'autres membres et aussi des CR des vins de chez Buisson-Charles.
http://www.lapaulee-enligne.com/t878p45-voyage-a-la-paulee-de-meursault-2010-et-2011#12131
_________________
WineBoy
La dégustation à l'aveugle est une grande leçon d'humilité.
Michel Therrien- Messages : 10010
Date d'inscription : 01/06/2009
Age : 61
Localisation : Joliette
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