Diversité en cave

J'ai complété une réorganisation de la cave cette fin de semaine et je constate que mes achats des dernières années sont beaucoup plus homogènes, limitant la diversité de la cave dans son ensemble. Il y a ainsi certaines régions aujourd'hui absentes (aucun vin australien) ou des régions que j'aime bien, mais où j'ai peu acheté récemment (chenins blancs ligériens).

Avez-vous un mécanisme que vous trouvez utile pour tenir compte de la diversification dans vos achats? Est-ce que vos résolutions vinicoles de l'année ont influencé vos achats un an plus tard par exemple?

Sujet intéressant Jérôme, je suis allé voir par curiosité mes achats 2020 après ton message et j'ai été très étonné de voir que 50% des vins que j'ai encavé étaient des vins du Jura et d'Espagne! La Loire et la Bourgogne sont aussi bien représentés.

De mon côté ce sont les hausses de prix qui me font souvent décrocher de vins que j'achetais avant pour explorer un peu plus, ce qui n'est sûrement pas une mauvaise affaire car je bois aussi bien sinon mieux/varié qu'avant!

Pour les régions comme l'Australie, j'achèterais personnellement beaucoup plus si l'offre était intéressante mais au Québec c'est franchement famélique...

Bon sujet Jérôme! C'est aussi quelque chose que je regardais récement en réorganisant mon cellier et j'avais aussi remarqué un manque de diversité. Ma première étape fut de choisir quelques régions que j'aime mais dont je n'avais presque rien et d'y aller étape par étape. La plus récente région fut l'Australie ou j'ai amélioré la représentation avec des vins de Giaconda, de Grosset, de By Farr et de Clonakilla dans les derniers temps.

Je crois que tu es sur la bonne voie, vas-y une région à la fois et d'ici la fin de l'été la diversité sera déjà de retour dans ta cave.

Jérôme, tu poses indirectement une question fondamentale pour quiconque veut se constituer une cave: la diversité est-elle nécessaire?

Jusqu'à un certain point, sans aucun doute, on ne veut pas toujours boire la même chose. Mais jusqu'où aller, j'en suis moins convaincu aujourd'hui qu'autrefois.

J'ai le sentiment d'avoir essayé beaucoup de pays, régions et producteurs. J'ai accumulé des vins de 8 pays et d'une vingtaine de régions, j'en ai éliminé certains en cours de route. Aujourd'hui, il y a très peu de vins dans ma cave (mais il en reste encore) que je n'ai pas hâte de boire, ça me suffit, bien que je n'ai pas de vins du Jura, d'Autriche, très peu d'Australie, etc.

Bien franchement, je n'ai pas le goût de me découvrir une passion tardive pour les vins d'Argentine, du Chili ou d'autres pays qui deviendront à la mode, car je sais que neuf vies ne seraient pas assez pour mieux connaitre ces régions que j'ai préférées au fil de 20 ans de découvertes.. alors, je me concentre aujourd'hui sur ce qui me plait le plus. Je préfère approfondir mes connaissances sur ces régions qui ont retenu mon attention que de continuer à m'éparpiller.

Bref, mes achats sont beaucoup moins variés qu'il y a 10 ou 15 ans et ça me convient très bien ainsi. Et oui, mes solutions vinicoles de l'année ont influencé mes achats un an ou deux plus tard.

Yves, même si ce que tu avances fait du sens, ça ne rencontre pas mes critères d’amateur. Voici comment j’adresse cette question.

Blagues à part, je me lance moins sur la dernière nouveauté qu’avant, mais j’ai peut-être plus de plaisir à explorer de nouvelles choses, possiblement parce que c’est plus rare ou que je choisis avec plus de soin mes « découvertes ». Si j’achète et bois surtout des vins de Bourgogne, de Loire et du Rhône, je me suis régalé au cours de la dernière année avec des vins d’Alsace, d’Afrique du Sud, du Jura, d’Australie, du Roussillon, des Pouilles, d’Allemagne et j’en passe. Quand je « retombe » en amour, habituellement, j’essaie d’acheter quelques bouteilles dans les mois qui suivent et ça me permet de conserver une certaine diversité.

Peut-être est-ce un commentaire anachronique, mais j'aimais bien utiliser mes sorties au resto pour découvrir justement des trucs que je n'ai pas en cave. Je compte bien recommencer en 2021!

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Yves, même si ce que tu avances fait du sens, ça ne rencontre pas mes critères d’amateur. Voici comment j’adresse cette question.

VADE RETRO SATANAS!

Ça c'est la noyade dans une piscine sans fond d'une sélection de vins choisis par Apollo lui-même!

Merci pour vos réponses!

Dans mon cas, il y a deux constats liés au manque de diversité de ma cave:

1. Certaines régions sont absentes, limitant les découvertes et surprises, surtout dans le contexte actuel ou le resto et les dégustations sont impossibles.

2. Mes achats sont souvent effectués en tenant compte de la valeur individuelle de la bouteille indépendamment de se qui se trouve déjà en cave. Par exemple, si j'ai le choix entre un rouge à 30$ du Languedoc et un chenin blanc à 60$ de Loire, j'opterai pour le premier. L'enjeu c'est qu'en répétant 10 fois le même choix je n'obtiendrai pas la même sélection que si j'avais effectué une sélection de 10 bouteilles.

Je vais tenter les résolutions suivantes cette année et on verra ce que ça donne un an plus tard:

-Plus de chenin blanc - 12+ bouteilles
-Plus de savagnin - 6+ bouteilles
-Plus de blancs du Mâconnais - 6+ bouteilles
-Plus d'achats découvertes - 12+ bouteilles
-Favoriser la diversité - Au moins 25% des achats hors Bourgogne, Loire, Rhône, Beaujolais

A mes débuts dans le monde du vin, j'ai vraiment tout essayé, du plus petit au plus grand dans la plupart des régions du monde. J'ai trouvé mes vins fétiches et j'ai commencé quelques verticales. Évidemment c'est très difficile de les continuer puisque ce n'est pas long que les prix montent et la demande explose pour les bons vins devenus populaires, surtout lorsqu'ils sont encensé par la critique.

Pour moi c'est important de rester curieux et d'essayer certains vins sans faire de recherche. Donc, autant à la SAQ qu'en Europe, je regarde et s'il y a un truc qui me titille, je l'essaye. Des fois on fait vraiment des belles surprises. Je n'attends pas que la presse ou les autres amateurs découvrent ou critique, je me lance!

C'est vraiment dommage en ce moment ce que la SAQ fait, elle n'est pas en mode découverte mais plutôt en ''mode'' mode! Donc réactive plutôt que proactive pour les découvertes et la variété dans notre cave.

On me disait récemment que la SAQ reçoit plus de 8 milles demandes de listing par année! Pour filtrer à travers cela, bio et 90 points en ce moment sont 2 critères très fiables pour la SAQ. Ce qui est au détriment de la découverte et de la diversité dans notre cave.

J'aime bien en Europe voir des sites web ou magasin qui se focus sur un pays ou une région. Dans ces magasins c'est vraiment facile de trouver des vins, cépages ou même régions que l'on ne connaissait pas et que l'on a le goût d'essayer.

À mon avis, c'est là que la SAQ devrait laisser de la marge aux Agences pour avoir pignon sur rue et offrir des boutiques spécialisées pour l'amateur curieux de la diversité.

Excellente question....
De mon coté, je suis parti de zero connaissance en 2000.
En participant a des degustations C&S, TWA etc...lectures, cours SAQ j'ai decouvert les style que j'aime....sans surprise Cote-Rotie(qui est de moins en moins accessible) Bourgogne plus en blanc...etc...
Je decris souvent cette phase(de 2000-2010) la phase ingrate...Mes achats sont nombreux en vins de garde donc loin d'etre pret a boire...
Je suis tres patient donc encore plusieurs en cave...Je dirais que durant cette periode, j'achetais 60% pour la garde et 40% decouverte-exploration...
J'ai quitté la phase ingrate et maintenant continue mon exploration tout en achetant encore un peu pour la garde...
Exemple d'exploration ce vin de Savoie Clos Idylle a base de Mondeuse..un cepage cousin de la Serine utilisé en Cote-Rotie..Ou encore Domaine de la cote de Rajat Parr juste par curiosité ;-)

Salut Jérôme,
Excellent sujet.

Un peu comme Yves, j'ai l'impression d'avoir fait un bon tour. Du moins dans les vins du vieux monde et je me tiens assez loin des vins natures.....ayant un palais formaté.

Plus sérieusement, j'aime encore découvrir la Bourgogne. J'achète encore de la Loire (sauvignon - chenin - cabernet franc), du Rhône (autant Nord que Sud), du Bandol et également des bouteilles de riesling allemand et des vins siciliens. Donc une diversité selon non goûts.

Pour la grande diversité et les surprises, vive les GVDMQS et aussi les rencontres entre amis........rien ne semble faire plus plaisir à mes amis du vin que de rire de moi devant un vin à l'aveugle!

Un élément non mentionné c'est l'évolution des goûts, suis-je le seul à aimer maintenant certains vins que je n'appréciais pas avant? Je prend un exemple extrême, le vin oxydatif, il y a 10 ans j'étais incapable d'apprécier un jaune ou savagnin sous voile, pourtant maintenant je n'ai pas de problème à mettre 150$ sur un clavelin de jaune de Tissot 2011 élevé 99 mois...

Est-ce que dans 10-15 ans je voudrai boire la même chose que maintenant? Un peu oui mais j'espère que non globalement. D'oû l'importance selon moi d'avoir une cave qui représente bien la diversité de ce qui se fait dans le monde.

Ludwig, ça me semble un peu hasardeux de mettre en cave maintenant des trucs qui ne nous plaisent pas dans l'espoir qu'on finisse par être touché par la grâce de l'esprit vin.

Ludwig Desjardins a écrit:Un élément non mentionné c'est l'évolution des goûts, suis-je le seul à aimer maintenant certains vins que je n'appréciais pas avant? Je prend un exemple extrême, le vin oxydatif, il y a 10 ans j'étais incapable d'apprécier un jaune ou savagnin sous voile, pourtant maintenant je n'ai pas de problème à mettre 150$ sur un clavelin de jaune de Tissot 2011 élevé 99 mois...

Est-ce que dans 10-15 ans je voudrai boire la même chose que maintenant? Un peu oui mais j'espère que non globalement. D'oû l'importance selon moi d'avoir une cave qui représente bien la diversité de ce qui se fait dans le monde.

Un peu comme toi j'ai apprivoisé avec le temps les vins oxydatif, tout comme les Islay dans le monde du Whiskey!

J'ai aussi des amis qui ont une cave plus diversifié que leur goût personnel. Le but est d'avoir la versatilité pour la nourriture et des invités. Comme Vincent le mentionne, c'est risqué de mettre du Grillet en cave par exemple selon les dires que ca peut être grand dans 20 ans.

Une chose est certaine, la diversité a bien meilleur goût.

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Ludwig, ça me semble un peu hasardeux de mettre en cave maintenant des trucs qui ne nous plaisent pas dans l'espoir qu'on finisse par être touché par la grâce de l'esprit vin.

Personnellement il y a peu regions que je n’aime pas, à part peut-être les vins du Canada qui ne m’ont jamais donné d’émotions. J’ai des régions où je met plus d’attention mais d’avoir un peu de tout me plaît bien et me permet d’avoir une connaissance plus variée je n’ai pas l’ambition ou même l’intérêt de comprendre une région sous toute ses coutures dans le détail.