Petite Histoire du Millésime 2020 en terre murisaltienne
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Petite Histoire du Millésime 2020 en terre murisaltienne
Millésime 2020 (2): ça pousse!
Chaque année végétative est différente et lors de cette dernières décennie bien malin qui pourrait expliquer ce qu’est un « millésime normal ». En fait nous savons que notre cycle « précoce » se poursuit et qu’il est entrecoupé par des épisodes climatiques pouvant être dévastateurs.
Toutefois voici trois ans que nous n’avons - à Meursault - connu ni grêle ni véritable gelée, ce, même si en 2019 certains secteurs ont souffert d’un froid intense et plus tard d’une longue période de fortes chaleurs.
En fait, sans être « pour » ou « contre » nous observons que la qualité de ce cycle est constante sur chaque millésime et que de ce point de vue nous avons une nature clémente nous faisant produire des vins de haute qualité.
Ce qui est aléatoire a plutôt trait aux rendements. En effet 2012, 2014, 2016 et 2019 furent des années de faible production. Elles sont préférables sans doute aux années abondantes de piètre qualité - 2004,1994 par exemple - mais il est certain que si elles ne sont pas suivies par un millésime un peu plus abondant elles impactent les trésoreries. Lors de cette décennie nous nous en sortons plus tôt bien: 2013 a compensé 2012, 2015 a magnifié 2014, 2017 a sublimé 2016 et 2018 permettra de passer le cap 2019 sans encombre.
Alors me direz vous tout est parfait!? Eh bien en un sens oui car 2020 à une avancée normalement précoce qui le situe dans la lignée de 2012 et 2014 mais surtout il évoque pour l’instant le temps qu’il fit en 2017. Heureux présage a Meursault non? Tant ce millésime est aujourd’hui sans doute une superbe réussite blanche...
Nous commencerons d’ébourgeonner - ejetinner, ejetonner, évasiver...- dès demain en Bouches-Chères pour passer dans les coteaux une première fois durant la semaine qui vient.
Louis et Lucas changent les quelques piquets et tirants (fils) qui sont « fatigués » et Ludovic laboure les vignes de plaine que nous ne souhaitions pas « ouvrir » trop tôt. C’est dur et sec, pas idéal....mais cela se fait.
Tout de bon!
Re: Petite Histoire du Millésime 2020 en terre murisaltienne
De l’influence du climat sur la vigne et les hommes
Maîtriser le temps et l’imaginer idéal pour que les plants de vigne poussent régulièrement et sans dommage est sans aucun doute le rêve secret de chaque producteur.
En tête un modèle se dessine. Régulier et lisse il conduirait la vigne de sa taille à la récolte en un cheminement rectiligne où les gestes viticoles seraient plaqués selon un calendrier rythmé par les saisons, les planètes et les jours qui filent. Une taille en hiver, une période végétative conduisant à la floraison au printemps, une maturation des fruits en Été et une récolte au tout début de l’Automne.
Las, ce modèle constitué par des générations d’observations n’a qu’une valeur informative et chaque année diffère de la précédente. En fait de manière constitutive il n’est pas une année qui est « normale » mais à chaque fois un millésime qui s’inscrit dans un cycle plus large qu’il convient de prendre en compte. Sans doute ces périodes sont elles ces dernières décennies influencées par l’activité humaine mais certainement pas - ou très peu - par l’activité des viticulteurs. Comment pourrions nous par nos actions quotidiennes, influencer le modèle climatique d’ensemble qui marque notre planète? Il serait illusoire de l’imaginer.
En revanche il est permis de comprendre avec acuité comment en ce moment nos millésimes se succèdent. Il est urgent de ne plus considerer qu’une récolte se déroule 8 fois sur 10 entre le 20 Septembre et le 5 Octobre. Il est évident que notre climat s’est quelque peu décalé et que nous avons 7 fois sur 10 des années dont la période végétative démarre à la fin de Mars et qu’ensuite ce climat peine à trouver les ressources hydriques pour les plants qui naguère étaient régulières en Avril et Mai. La plante elle, s’adapte d’ailleurs remarquablement à ces changements. Elle pousse bien sans souffrir et a même en 2019 montré une très grande vigueur en ayant quasiment reçu aucune pluie. Évidemment elle a privilégié sa surface foliaire avant que de favoriser ses fruits - bien plus chétifs qu’à l’accoutumée - mais elle a compris que sa survie en dépendait. En ce sens elle a eu un fonctionnement bio-dynamique naturel.
Il est de ce fait urgent pour le domaine Buisson-Charles de raisonner sans imaginer ce dont la vigne a besoin pour fonctionner selon des processus passés mais au contraire de la suivre pour comprendre son fonctionnement caractérisé par le climat de l’année en cours. On donnerait presque raison à ceux qui il y a longtemps ont repoussé la notion de cru pour la remplacer par celle de climat afin d’isoler un terroir.
En fait nos modélisations sont obsolètes et chaque geste est à reconsidérer selon le déroulement quotidien du temps qui passe. Non plus attendre un effet qui doit venir mais l’anticiper en suivant une voie non contraignante. Raisonner la taille en deux fois avec un calendrier tardif pour éviter les gelées d’Avril, raisonner le labour sans imaginer qu’un sol nu est plus fertile, raisonner l’ébourgeonnage en supposant que les fruits seront moins conséquents, raisonner le palissage en n’omettant pas que trop le cisailler a une influence sur une photosynthèse nécessaire et surtout raisonner les traitements selon une région qui se situe désormais un peu plus bas que la limite nord d’expression du cépage avec un climat plus chaud et sec moins favorable aux maladies.
Nous avons le temps de la Côte Rôtie il y a trente ans et il est évident que s’ils ne traitent que 3 à 5 fois par millésime nous n’avons plus besoin aujourd’hui de rentrer 10/15 fois par an dans nos vignes avec des produits sur-puissants, selon des doses de cheval.
Bon sens, cuivre modéré , soufre mouillable qui ne brûle pas , plantes bien dosées et nous devrions être en mesure de passer le cap tranquillement avec du matériel léger et un retour à l’humain en force dans les vignes.
Nous restons donc serein en ce millésime 2020 face à la pousse régulière qui nous conduira à ébourgeonner à partir du 20 ( sauf deux vignes faites avant) et comme aucune pluie véritable n’est annoncée avant 15 jours nous ne traiterons pas avant le 25, moment où quasiment tous les bourgeons auront debourrés.
Tout de bon!
Re: Petite Histoire du Millésime 2020 en terre murisaltienne
Bien d'accord Patrick sur le fait qu'il est possible de(que l'on doit) réduire les traitements!
Frederick Blais- Messages : 2987
Date d'inscription : 06/06/2009
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