Semaine glaciale du 13 janvier

J’aime les vins de Raoul Perez et lors de mon passage à Québec, le conseiller m’a fait découvrir sa cuvée La Vizcaina El Rapolao 2015. Son entrée en matière me laisse un peu perplexe: « c’est un vin que la signature vendait 70$ et maintenant son prix est de 36.25$.... ». Et pour quelle raison? « Ils ont éliminé un intermédiaire »...Bon , je n’ai pas cherché à comprendre car il venait de me dire que je m’étais fait avoir avec mes cuvées Ultreia. Je suis restée dans le déni....

El Rapolao est l’expression pure du mencia. Un nez envoûtant de fruits rouges, un pot-pourri avec beaucoup de profondeur. La bouche est fraîche et d’une précision chirurgicale. Finale salivante à souhait où la minéralité accompagne allègrement de tendres tanins. C’est vraiment bon! Finalement, peut-être que le conseiller avait raison!

En achetant directement du domaine....deux fois moins cher en général si l'intermédiaire double le prix départ!

Auparavant l'intermédiaire était à New York si je ne me trompe.  J'aime beaucoup les vins de Raul, une personne tellement timide qui produit des vins à l'opposé!! Il faut les attendre environ 3 ans à mon avis pour qu'ils commencent à réellement s'ouvrir.  Les Ultreia 2008 en ce moment sont débiles!

Montcalmes Coteaux du Languedoc Les Terrasses du Larzac 2010

Nez un peu timide, sur la réglisse, les mûres, le cacao, le thym. La bouche est relativement riche et ronde, sans creux, avec un longueur moyenne-longue. Les saveurs évoquent le Rhône nord, avec les fines herbes et les fleurs mauves, mais avec davantage de gras et de richesse (14% d'alcool), le tout étant néanmoins porté par une belle fraîcheur pour un vin sudiste. Les tannins ont été domptés, tout en laissant leur trace en délicatesse, le vin est délicieux même sans nourriture. De mon point de vue, je ne vois pas d'intérêt à garder ce vin davantage. Bon deal à 38$ au moment de l'achat. 91-92

Michelle Champagne a écrit:J’aime les vins de Raoul Perez et lors de mon passage à Québec, le conseiller m’a fait découvrir sa cuvée La Vizcaina El Rapolao 2015. Son entrée en matière me laisse un peu perplexe: « c’est un vin que la signature vendait 70$ et maintenant son prix est de 36.25$.... ». Et pour quelle raison? « Ils ont éliminé un intermédiaire ».

Étant fan des vins de Raoul Perez, mes humbles commentaires sur le sujet.

Les vendeurs de la SAQ signature (et le critique de WA) répètent souvent cette idée concernant la récente baisse des prix de Perez: on aurait éliminé des intermédiaires et/ou des agents (l'agence new-yorkaise de Perez aurait été assez gourmande, et la SAQ s'approvisionnait à cette source si j'ai bien compris, du moins avant qu'une agence québécoise ne reprenne le relais récemment). C'est peut-être vrai, en partie ou en totalité. Mais laissez-moi proposer une autre hypothèse.

Tout d'abord, Raoul Perez, outre ses entrées de gamme, produit deux gammes de vins fins, dans une démarche ultra terroiriste qui évoque la démarche bourguignonne. On retrouve tout d'abord la gamme La Vizcaina, qui est l'équivalant des 1ers crus bourguignons. On retrouve ensuite la gamme Ultreia, qui équivaut aux Grands Crus.  Il est vrai qu'il y a 2 ans, les prix étaient pas mal plus élevés: les Vizcaina étaient dans la gamme des 50$ (le vendeur qui t'a parlé de 70$ t'a menti Michelle!) et la gamme Ultreia se situait entre 100-110$ (alors qu'elle se situe aujourd'hui vers les 70$).

Ce qu'il faut constater, c'est que Perez multiplie le nombre de vins qu'il vend. D'environ 3 Vizcaina, on est passé à environ 5-6. Même chose avec les Grands crus. Selon mes lectures, une partie des vignes en 1er crus seraient passées en Grands crus. En multipliant de la sorte les cuvées, Perez peut aisément créer la confusion, même si je crois en la sincérité de ce vigneron dans sa délimitation toujours plus précise des terroirs. Dans tous les cas, une partie modeste du vignoble autrefois 1er cru se vend désormais dans une gamme Grand Cru (il faut noter toutefois que plusieurs cuvées Ultreia sont des micro-productions: on parle dans certains cas d'une production de 300-600 bouteilles par millésime!).

Mon hypothèse est que la stratégie de baisse des prix est assez calculée et que la promotion des 1ers crus en grands crus doit compenser en partie cette baisse de prix. Aussi hippie/hédoniste/puriste que soit Perez dans sa démarche de vigneron, je doute qu'il soit prêt à baisser de façon importante ses revenus (surtout qu'il ne doit pas être le seul investisseur dans son entreprise). Je me trompe peut-être cela dit, mais considérant la hausse constante du prix des vins fins (en connaissez-vous des vignerons qui baissent leur prix de 30%?), j'ai de la difficulté à croire que les prix actuels sont uniquement dus à un changement d'agent.

Cela dit je n'écris pas cela pour dénigrer le rapport QP qu’offrent ces vins actuellement: avec un excellent millésime comme 2015 dans le Bierzo, je pense au contraire que ce sont de très bons achats dans le contexte mondial des vins fins (et que nous sommes chanceux au Québec d'avoir une très bonne allocation!).

Wow! Merci Alexandre pour les explications très éclairantes qui me réconfortent dans mes achats...Cela dit, est-ce que vous connaissez les différentes subtilités entre les cuvées Vizcaina? Je regrette de ne pas avoir acheté les deux autres qui étaient disponibles...

Chassagne-Montrachet 1er cru Les Vergers 2011, Domaine Ramonet
La robe est jaune or.
Le nez est de moyenne intensité. Des pêches, une pointe de citron et des cailloux.
Bouche ronde et tendre en entrée de bouche. Le vin manque un peu de densité en milieu de bouche puis finale droite, un rien saline, de longueur moyenne. Un petit plaisir d'un 1er cru sans grande renommée.
Payé 22 euros à l'époque. 15,5/20.

Michelle Champagne a écrit:Wow! Merci Alexandre pour les explications très éclairantes qui me réconfortent dans mes achats...Cela dit, est-ce que vous connaissez les différentes subtilités entre les cuvées Vizcaina? Je regrette de ne pas avoir acheté les deux autres qui étaient disponibles...

Il y avait moins de cuvées à l'époque, mais certaines d'entre elles avaient été goûtées lors de cette dégustation: https://lpel.1fr1.net/t3444-degustation-raul-perez-vendredi-20-fevrier

Alexandre Trudel a écrit:

Michelle Champagne a écrit:Wow! Merci Alexandre pour les explications très éclairantes qui me réconfortent dans mes achats...Cela dit, est-ce que vous connaissez les différentes subtilités entre les cuvées Vizcaina? Je regrette de ne pas avoir acheté les deux autres qui étaient disponibles...

Il y avait moins de cuvées à l'époque, mais certaines d'entre elles avaient été goûtées lors de cette dégustation: https://lpel.1fr1.net/t3444-degustation-raul-perez-vendredi-20-fevrier

Où étais-je en février 2015? Je n’ai aucun souvenir de cette dégustation. Perez semble être le Ganevat de Bierzo. Il multiplie les cuvées et les expériences. Il aurait été plus romantique de lire que chaque parcelle était l’expression du terroir et non l’expression du vigneron...

Un classique que je n'avais pas revisité depuis 3-4 ans au moins.

Menetou-Salon Morogues 2017, Henri Pellé
La robe est jaune pâle avec de légers reflets verts.
Agrumes variés dont les citrons et pamplemousses puis des notes de poivre blanc. Bouche droite avec un certain gras en son centre, jolie longueur saline et avec un bel équilibre d'ensemble.
Difficile d'avoir mieux pour 25$. Bien aimé. 15,5/20.

Je vous ai déjà parlé d'un amicaliste maniaque du vin jaune? Celui-ci prétend que le Château Chalon est le meilleur vin au monde…. J'exagère un peu mais son discours ressemble à ça. Personnellement, je n'y connais rien et je fais partie de la catégorie des septiques. Michel, pour ne pas le nommer, a organisé une verticale de Château Chalon. Un trip assez débile qui a rassemblé hier, 24 débiles autour de ce thème, soient: 2 tablées de 12. J'avais donné mon nom pour "percer" le mystère du vin jaune et je dois dire que les attentes, suscitées par la littérature, étaient très élevées. Cette littérature qui nous fait saliver avec ses arômes qui entremêle la noix, les fruits secs, les épices, les fruits à chair blanches et de fraîches notes florales et son goût de noix, pomme verte, fruits secs, et épices exotiques (curry, safran, gingembre)….alouette!

J'étais à la table 2, quelques impressions:

1a Vin-mystère (Soumah Savagnin Savarro Yarra Valley 2016) Potage courge poivrée-        cari
       Sans réel intérêt. Aucun typicité du cépage. À l'aveugle, il aurait passé pour du sauvignon.

1b Savagnin Arbois Reine Jeanne 2014 Potage courge poivrée-cari
       Très beau savagnin. Belle oxydation sur la pomme verte. Bon spécimen pour s'initier à
       petit prix.
       
2 C-C Marcel Cabelier 2008 Croûte Comté-morille
       Bof!
     
3 C-C Domaine de Savagny 2010 Fromage Louis d'Or
       Très beau rapport qualité/prix pour quelques $ de plus que le Cabelier.
       Un Château-Chalon plus sur le fruit, pomme mûre arrosée de sirop d'érables.  
     
4 C-C Bénédicte & StéphaneTissot 2008 * Jambon cru Serrano + noisettes
       J'avais servi ce vin lors de ma soirée Jura et il ne m'avait pas vraiment impressionné.
       Nez fermé et acidité assez élevée. Pointe d'amertume en finale. Trop jeune...      
 
5 C-C Jean Bourdy 1993 Fromage Comté
      Enfin un peu de noix!  

6 Vin Jaune Arbois Dom. Rolet Père & Fils 1991 Foie gras au savagnin
      Enfin un peu d'épices! Mais acidité élevée…

7 C-C Maxime Bury 1976 Plat principal volaille aux champignons
      Un nez déroutant au départ qui s'ouvre sur les noix et les fruits secs.
       
8 C-C Jean Bourdy 1964 Plat principal volaille aux champignons
      Peut-être le nez le plus complexe avec ses notes de fruits secs et de noix.
   
9 C-C Jean Bourdy 1951 Noix Grenoble
      Mon préféré avec son nez très floral et délicat.

À la fin de la dégustation, j'avais cette réflexion que j'ai partagé avec mon "pot de déguss": est-ce qu'une verticale de Château-Chalon noie le poisson dans l'eau? Je n'ai pas retrouvé la complexité aromatique tant louangée par les amateurs. J'ai également constaté que plus le vin avait de l'âge moins il y avait le caractère oxydatif.

Je suis heureuse d'avoir assistée à cette dégustion mais je n'ai pas eu d'effet WoW! Comme je conduis pour le retour, j'avais gardé ma portion du 64 et du 51 pour permettre à mon chum d'y goûter.

Tranche de vie:

Moi: la bouffe était vraiment excellente. Je t'ai rapporté le restant de ma portion du 64 et 51.
Mon chum: ah ouin! 51, c'est avant ma naissance et c'est encore buvable?
Moi: oui, c'est assez surprenant!
Mon chum en versant le 64: hein! C'est pas rouge?  
Moi: ben non! C'est un blanc qui n'a pas été ouillé (je pousse ma luck..) qui a un caractère oxydatif un peu comme le xérès.
Mon chum: ouin! Je ne donnerais pas plus de 20$ pour ça. Quel est son prix?
Moi: le 64 est à 482$ et le 51 à 559$....

Michelle et tes tranches de vie : quel bonheur !

PYCM, Santenay La Comme 2016... c'est bon longtemps pour du Santenay. Minime réduction, tout en finesse, crème de citron, nuage de meringue. Pas un grand vin mais donne un plaisir immédiat des plus intéressants. Oui il manque un peu de longueur et de complexité mais le profil est superbe.

Hier soir, en famille, trois vins intéressants :

Buisson-Charles Vieilles Vignes meursault 2007 : Couleur brillante et relativement pâle. Nez de fruits jaunes, d’amande et de fleur blanche. Pas une complexité folle, mais beaucoup de pureté et de fraîcheur. Bouche affichant une jolie patine, avec une réelle vinosité et le côté souple des vins à maturité. Un très joli village qui a magnifiquement évolué sous verre sur près de 10 ans. Très bien.

Château Montus La Tyre madiran 2000 : Couleur foncée, dense et brillante, dont le cœur est impénétrable. Nez de mûre, de violette, d’encens, de charbon et d’encre. Bouche musclée, sérieuse, mais avec un aspect juteux, beaucoup de structure, mais rien d’asséchant et d’une étonnante fraîcheur. Un parfait exemple de grand tannat avec beaucoup de tout : couleur, tannins, fruits et fraîcheur. Bon pour 20 ans encore sans problème! Excellent.

Château Suduiraut sauternes GCC 2003 : Couleur plutôt pâle, brillante. Nez d’ananas confit, d’abricotine, de miel et de safran. Bouche riche, mais équilibrée, montrant un superbe éclat dans le contexte du millésime. Finale longue, gracile, imprégnant longtemps la bouche, mais sans lourdeur. Ça faisait un bail que je ne m’étais tant régalé avec un Sauternes. Excellent.

Quand le Prince Winston ouvre un Madiran un samedi, c'est un signe du ciel....... une catastrophe naturelle est sur le point de se produire...L'enfer va geler ou les poules développer des dents, prenez garde et surveillez autour de vous!

A-t-il mangé du cassoulet?
Il aura un dentier neuf pour La Paulée.

De mon côté, je n'ai pas pris de note mais j'ai été très impressionné par le Domaine Tempier Bandol "de base" 2010 ouvert lors d'une fête ....Un magnum très impressionnant. Le vin est évidemment jeune mais très abordable, c'est droit et bien savoureux, avec un beau fruit, de la fraicheur, dénué de la rusticité de certains Bandols. Tout le monde a adoré, la bouteille s'est sifflée en un temps record.

Château Sénéjac, Haut-Médoc 2010
Très beau cru bourgeois, un modèle à la fois d'équilibre et de puissance. Le fruit est encore primaire, mais le masse tannique assez dense a commencé à donner du soyeux. Longueur moyenne-longue, superbe concentration pour le niveau du cru, richesse solaire appréciable, avec une bonne acidité pour appuyer un ensemble étonnant d’harmonie (qui porte à croire que les 2010 sont davantage construits pour la garde que les 2009 - qui eux étaient plus riches et ronds en jeunesse, mais avec moins de structure et d’acidité. 2010 serait-il un meilleur millésime que 2009 en bout de compte? Prévoir un long débat sur cette question pour plusieurs années!). Sera sans doute plus nuancé encore dans 4-5 ans. 91+

Alexandre, ça ressemble aux débats entre 1989 et 1990. Au bout du compte, les deux auront été jouissifs :-)

Pierre Beauregard a écrit:Alexandre, ça ressemble aux débats entre 1989 et 1990.  Au bout du compte, les deux auront été jouissifs :-)

Fort possible Pierre, mais j'étais trop jeune pour suivre le débat 89-90! Remarquez qu'il y aura sans doute un autre débat sur 2015/2016... c'est fou comme l'histoire se répète.

Rassurez-vous, les vins ne sortaient pas de ma cave … I was just following orders!

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Rassurez-vous, les vins ne sortaient pas de ma cave … I was just following orders!

Vincent, peut-être que les membres de ta famille t'envoient un message? Parfois du bon gros vin qui tache, c'est aussi bon!

Mes deux meilleures bouteilles de la de semaine dernière.

Buisson-Charles Meursault 1er Cru Les Cras 2012
Nez de fruit mûr, un mélange inattendu d’abricot avec un peu d’orange.
Bouche gourmande, opulente, c’est une petite merveille avec le saumon. Lorsque pris avec quelques grains de fleur de sel, les papilles s’affolent, le contraste est exquis. Je l’ai donc terminé avec un comté et un vieux cheddar, un autre accord réussi. Beaucoup de plaisir avec cette bouteille. 92 pts

Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande Pauillac 1981
Joli nez aux arômes de cèdre et de tabac. La bouche est légère, aérienne, elle montre une belle subtilité et une complexité aromatique enivrante. Superbe! Les deux heures d’ouverture (sans carafe) ont magnifié les saveurs, je le trouve bien supérieur à la précédente bouteille, qui n’avait pas eu le temps de développer cette complexité. 92-93 pts