Dégustation des vins de Cécile Tremblay

Organisée par l’agence Aux Bons Crus, avec un beau repas élaboré par le chef Ricardo Riemann.

Nous avons eu la chance d’entendre Cécile expliquer son travail sur chaque cuvée par conversation enregistrée.  Une dame clairement passionnée.  Si vous voulez en savoir davantage sur le domaine, Ian a fait un excellent topo en 2013 sur le Franc Buveur:

http://lefrancbuveur.com/bourgogne-2013/bourgogne-2013-recit-du-jour-10/

Les vins n’ont pas été dégustés à l’aveugle.  Ils ont été carafés entre 30 minutes pour les villages et quelques heures je crois pour les grands crus.  Une quasi première pour moi (je n’avais bu que le Vosne VV une fois dans le passé).

Chambolle-Musigny Les Cabottes 2010
(égrappé à 100%)
Le 1er nez est discret puis à l’aération se révèlent des arômes de mousse et de terre humide en premier plan.  En bouche, on est sur les cassis et les arômes de terre, les tannins sont bien intégrés, la longueur est belle.  C’est prêt à boire: très bien.

Chambolle-Musigny Les Cabottes 2012
(20% de VE)
Le 1er nez est plus parlant que le 2010, plus primaire sur les fruits.  En bouche, on oscille entre les fruits rouges et noirs, avec des notes d’épices.  La trame tannique est au moins modérée - c’est assez solide mais tout-de-même digeste.  La longueur est impressionnante pour un village.  Très bien mais un très beau potentiel donc probablement encore meilleur dans quelques années.

Chambolle-Musigny Les Feusselottes 2010
(égrappé à 100%)
Le nez est élégant et léger - mi fruit mi terre.  En bouche, c’est très équilibré, entre le cassis et le mousse.  La minéralité est encore présente mais les tannins assouplis: très équilibré.  Je dirais à point mais peut à mon avis tenir la route encore quelques années.  Excellent.

Chambolle-Musigny Les Feusselottes 2012
(60-70% de VE)
Comme les Cabottes, le 2012 est plus fruité, plus épicé, plus tannique, plus long que le 2010.  Ici on note un peu de réduction qui s’améliore dans le verre mais le vin n’a pas encore déployé ses ailes - idéalement à laisser en cave.  Déjà excellent en l’état mais avec du potentiel supplémentaire.

Vosne-Romanée Vieilles Vignes 2010
(égrappé à 100%)
Le plus tannique de la vague (servi le dernier de la vague avec les Feusselottes).
Complètement différent des autres 2010 servis ce soir (les Chambolle) - encore beaucoup d’arômes primaires et de tannins, avec les épices de Vosne, et même un peu de notes amères.  Définitivement celui qui aura besoin le plus d’air.  Bien mais j’ai été plus séduite par les Chambolle.

Échezeaux Grand Cru 2012
(parcelle en « Échezeaux du Dessus », 100% égrappé, 70% de fûts neufs)
Ce fût le plus costaud de la soirée - très tannique, complexe, qui évoluait sans cesse dans le verre mais qui est clairement caché sous la surface - celui qui m’intrigue le plus et qui pourrait se révéler le plus grand mais difficile à cerner en ce moment.  Très bien mais à garder impérativement pour y découvrir le potentiel.

Chapelle-Chambertin Grand Cru 2013
(80-90% de VE, 50% de fûts neufs)
Celui qui semble avoir été le #1 de la plupart des convives.  Le nez est sur les fruits rouges et en bouche, on y retrouve une compote de cerises griottes et de cassis, un peu de fraises, une rondeur qui emplit la bouche mais une belle minéralité.  C’est très digeste et très séduisant dans l’état, sans être racoleur.  Excellent mais avec un avenir certain.

PS: il s'est ajouté un Feusselottes 2009 en offrande (ce pourquoi il y a 8 bouteilles dans la photo) - quel plaisir - complet, rond, une bombe de fruits.

Merci Stéphanie. Un plaisir à te lire et aussi relire Ian.
Il serait intéressant de savoir le pourquoi des choix de vinification entre du 100% égrappé sur des millésimes comme 2010 et certains 2012 alors qu'un millésime tardif et frais comme 2013 a 80-90% VE en Chapelle Chambertin.

Beau CR Stéphanie et merci. J'aurais bien aimé y être...

Je te vois souvent utiliser le mot potentiel dans tes notes. J'aime bien la structure des vins de Cécile mais as-tu trouvé les vins compacts? Serrés?

Ian Champagne a écrit:Beau CR Stéphanie et merci. J'aurais bien aimé y être...

Je te vois souvent utiliser le mot potentiel dans tes notes. J'aime bien la structure des vins de Cécile mais as-tu trouvé les vins compacts? Serrés?

Oui un peu fermés, tu sais quand on a l'impression qu'on voit un très beau spectacle mais qu'il y a un petit quelque chose de plus en arrière-scène derrière le rideau, le clou de la soirée, qui attend patiemment.

De plus on voyait la différence entre les 2012 beaucoup sur les arômes primaires et les 2010 sur les arômes plus tertiaires (je ne parle pas de tertiaire au sens surévolué/oxydé comme pour certains, mais tertiaire au sens de champignons, terre, cuir...).  J'ai beaucoup aimé les 2010 mais je crois que les 2012 seront encore plus beaux que les 2010 au même stade - peut-être la VE a-t-elle un rôle à jouer?

Tu as raison toutefois: la structure est très belle et ils sont tout-de-même accessibles maintenant (sauf le Vosne et l'Échezeaux à mon avis avec lesquels il faut être patient).

Et Michel, la question est très bonne.  Je crois que Chapelle est sa cuvée où elle a toujours utilisé le plus de VE.  Je sais que c'est une jeune vigneronne qui a récupéré des vignes familiales en métayage depuis plus de trois quarts de siècle, donc elle a dû tester ses "recettes" pour ces terroirs particuliers.  Elle a progressivement augmenté le % de VE sur les derniers millésimes (0-20% en 2010, 30-70% en 2012, encore plus en 2015). Je crois qu'elle disait qu'en 2010 la râfle était grossière et plutôt verte - elle a donc décidé d'égrapper mais cette opération a été difficile et ardue.

Échezeaux Grand Cru 2012

Chapelle-Chambertin Grand Cru 2013

Vous les ouvrez tôt vos grands crus!

J'ai récemment ouvert un grand cru 2010 et le mot ''infanticide'' est venu à la table! haha

Jonathan Ménard a écrit:

Échezeaux Grand Cru 2012

Chapelle-Chambertin Grand Cru 2013

Vous les ouvrez tôt vos grands crus!

J'ai récemment ouvert un grand cru 2010 et le mot ''infanticide'' est venu à la table! haha

Tu as raison Jonathan mais quand on a la chance d'en goûter un (même jeune), ça nous aide à savoir si on en veut et/ou à savoir dans combien de temps on voudrait ouvrir la prochaine!

Et puis, tu as tout-à-fait le droit d'ouvrir ce que tu veux, quand tu veux et avec qui tu veux! Carpe diem!

Oui, personellement j'aime parfois ''ouvrir jeune'' ne serait-ce que pour voir l'évolution (ou potentiel de). Ceci dit, plus souvent qu'autrement, lorsque j'ouvre un Bourgogne dans son peak de maturité je me souviens du pourquoi je suis tombé en amour avec ces vins exceptionnels. Un bourgogne de 15-20 ans (qui a tenu la route) c'est un des grands plaisirs de la vie.

J'ai eu la chance d'assister à la première soirée donnée par ABC 2 semaines avant celle commentée par Stéphanie. Ce fut une très belle soirée avec une organisation impeccable, un delicieux repas et des vins que j'ai adoré.

Je n'ai pas pris de notes de dégustation mais j'ai aussi apprécié énormément les vins, de mon côté, si moins accessible que le Chapelle et très jeune, j'ai bien aimé l'Echezeaux et sa structure, un grand potentiel selon moi. Le Chapelle-Chambertin est aussi excellent et était vraiment déjà une super bouteille. Tout comme Stéphanie, je suis d'avis que le Vosne qui était plus viril et très jeune avait plus de difficulté à faire sa place.

La chose que j'ai retenu de ces vins est qu'ils étaient très fidèles au terroir et à ce que chaque cru devaient représenté pour moi. Beaucoup de fraîcheur, de potentiel et des vins très longs en bouche.

Bref, une très belle soirée.