Bordeaux primeurs 2010

Flash Info de Vitisphere - Dimanche 19 juin 2011 - Primeurs 2010 : malaises entre négociants et grands châteaux

[www.vitisphere.com]

"Coup de tonnerre dans le milieu, le magazine anglais Decanter dévoile que le négociant Barrière Frères (spécialiste des grands vins de Bordeaux) a annoncé à ses clients anglais refuser ses allocations du Château Rauzan-Segla (Deuxième Cru Classé de Margaux), trouvant que l’offre est hors-de-propos et n’a pas de justification. Le Château Rauzan-Segla (propriété de la famille Wertheimer, actionnaire principal de Chanel) a fixé le prix de ses bouteilles de 2010 à 84€ l’unité pour le négoce, soit 40% de plus que l’an passé. L'avenir nous dira si ce coup d'éclat sera sans lendemain ou si un mouvement de fond est en chemin."

Belle rubrique, que j'ai eu plaisir à lire.

Je m'y retrouve beaucoup, amateur de Bordeaux pour sa longévité et la possibilité d'acheter assez aisément plusieurs copies du même vin que l'on aura le loisir d'ouvrir sur 2-3 décénies, sans "admirer" la copie unique pendant 20 ans et prier le Seigneur qu'elle ne soit point bouchonnée...

Mais là, les Cons (avec une grand C), ils exagèrent!!!

Qui achète ces vins à ce prix? Mais surtout, pourquoi l'achètent-ils à ces prix?

Tant de tableaux de grands peintres dans des coffres forts japonais, ou dans des voûtes en Suisse. Maintenant, ce sera des 1GCC dans des celliers de Hong-Kong, Macao et Beijing.

Spéculation.

Je décroche, avec humeur massacrante et massacrée.

J'avais acheté en 2009, sous prétexte que c'était le millésime du millénaire. Là, c'est le millésime de la spéculation à l'asiatique. On joue à en mourir.

Déjà, en 2005, je me suis dit que les Français faisaient une grosse erreur en tournant le dos à leurs acheteurs traditionnels. Maintenant, c'est une conviction.

Martin Loranger a écrit:
Tant de tableaux de grands peintres dans des coffres forts japonais, ou dans des voûtes en Suisse. Maintenant, ce sera des 1GCC dans des celliers de Hong-Kong, Macao et Beijing.

Y'a pas grand peintre qui sont capable de vendre 200 000 copies à 2000$ chaque!! Cette mascarade est vraiment rendue ridicule, tout comme les gens qui l'encouragent et l'entoure... On y peut rien... un jour, peut-être la bulle va petter et on espère que les prix seront à nouveaux très bas. Alors si l'on achète à nouveaux avec envie, les prix remonteront tranquillement pour exploser à nouveau.

Pendent ce temps à Champagne, on ne fait pas de vague, tout va bien, tout se vend sans trop faire de bruit mais on abuse encore plus qu'à Bordeaux, là au moins même les plus petits sont heureux, donc pas trop de tappage mais l'abus est pire à mon avis face au consommateur.

Mais la question est : seront-ils tentés de baisser les prix si les nouveaux marchés achètent? Ici on crie, en Angleterre aussi, aux USA ils ne sont pas plus heureux. Mais que disent les nouveaux marchés?

Decanter rapporte que les Japonais ont émis le souhait que Bordeaux dominue ses prix en se rappelant ce qu'ils viennent de subir.

Haut-Bailly à 209$ à la LCBO...

On dit d'acheter les petits vins lors de grands millésimes, mais en même temps vous avez vraiment envie d'acheter du Phelan Segur à 70$?

Ludwig Desjardins a écrit:Haut-Bailly à 209$ à la LCBO...

On dit d'acheter les petits vins lors de grands millésimes, mais en même temps vous avez vraiment envie d'acheter du Phelan Segur à 70$?

Surtout avec les 22 hectares vendus à Montrose en début d'année 2010!
Déjà pas un grand vin mais en plus, Phelan laisse aller ses plus belles vignes et en profite pour augmenter son prix avec le millésime 2010..............y-a-t-il un "psy" dans la salle?

Il ne faut pas oublier que Phélan a été goûté par la presse sans l'apport des 22 ha et que les critiques sont bonnes.

Je ne déniguerais pas Phélan Ségur, mais je suis d'accord pour dire que ce n'est pas l'achat du siècle.

Quand on parle de "petits", regarder du coté de la LCBO, Belle Vue (Haut Médoc), Cantemerle, La Tour Carnet...

Ludwig Desjardins a écrit:Haut-Bailly à 209$ à la LCBO...

On dit d'acheter les petits vins lors de grands millésimes, mais en même temps vous avez vraiment envie d'acheter du Phelan Segur à 70$?

Ben non, tout le monde sait que c'est Batailley qu'il faut acheter Ludwig!

Martin Loranger a écrit:
Mais là, les Cons (avec une grand C), ils exagèrent!!!

Qui achète ces vins à ce prix? Mais surtout, pourquoi l'achètent-ils à ces prix?

J'avais acheté en 2009, sous prétexte que c'était le millésime du millénaire. Là, c'est le millésime de la spéculation à l'asiatique. On joue à en mourir.

Entièrement d'accord. Et je pense que Bordeaux se tire une balle dans le pied à long terme en abandonnant ses marchés traditionnels. En plus, à cause de la spéculation délirante des grands domaines, c'est l'image entière de la région qui va en souffrir, alors que plusieurs petits domaines de haut niveau continuent de pratiquer une politique des prix plus que raisonnable. Il ne faut pas oublier que l'engouement asiatique concerne principalement les 1ers crus... mais ce marché asiatique (excepté le Japon) reste un marché débutant, assez imprévisible et instable. Trop miser sur ces nouveaux marchés me semble un pari risqué si cela s'accompagne d'une perte de clientèle importante dans les marchés traditionnels (UK, USA, Europe du nord, etc.).

Seulement 2 lots vendus à la LCBO, des vins en très petites quantités comme Hosanna et Latour à Pomerol. Selon Montrachet sur FDV, il reste plus de 3000 bouteilles de Pontet Canet à vendre! Et c'est pas mieux à la SAQ.

Je pense que ce sera un échec total pour les primeurs, J. Molesworth affirmait aussi hier sur Twitter que l'intérêt aux USA n'a jamais été aussi bas selon les marchands...

Et bien, raison de plus pour ignorer les primeurs, si ça peut faire réfléchir quelqu'un.

Je boude bon!

Martin

aux States, 2000 $ le Lafite 2010.

les seuls bons plans seront Trotanoy et... Petrus

En fait je crois que Trotanoy aura été mon seul achat au final. J'avais les Gruaud, Calon et G-P Lacoste en mire mais je me suis retenu. Ma fille boira du Châteauneuf et Hermitage à ses 18 ans!

Ludwig Desjardins a écrit:En fait je crois que Trotanoy aura été mon seul achat au final. J'avais les Gruaud, Calon et G-P Lacoste en mire mais je me suis retenu. Ma fille boira du Châteauneuf et Hermitage à ses 18 ans!

Et elle ne s'en portera pas plus mal!

Depuis quelques semaines, je me suis mis à lire un peu tout ce que je peux trouver à propos du millésime 2010. Les rapports météo détaillés dans la région bordelaise ainsi que des rapports d'observations à la vigne et aux chais constituent peut-être un meilleur outil pour avoir une idée préliminaire du potentiel du millésime que les dégustation en primeur d'échantillons en pleine évolution.

Mon intérêt pour la chose vient exclusivement du fait que mon fils Alexandre est né en 2010, puisque pour moi-même j'ai pris la décision d'attendre la sortie en marché. Je voudrais qu'il aie une caisse d'un vin Bordeaux 2010 et le dilemme est de choisir au mieux, en tenant compte des prix parfois hallucinants.

Selon ce que je comprends du millésime, c'est qu'il fut difficile pour tout le monde côté stress, mais que finalement Bordeaux est dans la bonne grâce des dieux et se voit offrir un parfait opposé consécutif au millésime 2009.
Ce qui m'inquiète un peu c'est que la grandeur possible de ce millésime réside dans des extrêmes : on n'a jamais vu à Bordeaux des vins alliant :
1) des indices tanniques aussi élevés
2) des niveaux d'alcool inédits (13.5-14% pour les cabernets, 14-15% pour les merlots)
3) des niveaux d'acidité assez élevés

Dans de telles conditions, les choix dans les chais deviennent primordiaux. Une extraction trop poussée fera rater bon nombre de vins, et comment seront utilisés les vins de presse (il ne faut pas oublier que les rendements sont bien bas pour le bordelais, surtout sur les merlots).

Je suis toujours curieux de voir à quel millésime passé on peut comparer une année nouvelle et cette fois-ci j'entends des choses assez divergentes. Le scénario le plus convainquant est celui pensant à un croisement entre 2005 et 2008. Et puis je me suis souvenu du millésime 1975. Dans les mots de Michael Broadbent :

"Despite being pronounced a vin de garde, the wines have turned out to be irregular; indeed, for some time now it has been a controversial vintage. I must confess I was impressed by the '75s, but over the last decade I have noticed an imbalance between both the châteaux and the wines.
The weather conditions also were much more conducive : a mild spring, favourable flowering conditions, a hot and dry summer with some welcome rain to swell the grapes before the end of September harvest. But the summer heat and dryness , whilst helping the sugar content, thickened the skins. It resulted in wines of good fruit with high alcoholic content, dark colour and high tannins. It was, still is, the latter which has caused the controversy."

Il y a là des différences avec 2010, certes, mais les problèmes potentiels me semblent très similaires. On peut par contre espérer qu'en près de 40 ans, les bordelais auront fait assez de progrès pour donner à ce millésime 2010 les meilleurs chances possibles dès sa naissance...

Dans ce contexte, les notes très impressionnantes données à des échantillons bien choisis de vins qui pourraient se révéler, in fine, mal équilibrés ne me semblent d'aucune utilité pour faire un choix averti. En particulier toute description du type "extrêmement puissant", "massif", "masculin", me fera fuir en 2010. Donc pas de Pontet Canet, de Léoville Las Cases, de Trotanoy, etc... y voyant un risque de durcissement et de longue austérité, alors qu'en 2009 ces adjectifs me semblent très positifs.
Les vins à très haut pourcentage de Merlot de la rive droite me font peur : beaucoup d'alcool, des rendements très bas dans des propriétés ne produisant déjà pas beaucoup de vin en général, l'absence de fraîcheur aromatique amenée par des cabernets de qualité au vieillissement, tout cela ne me semble pas aller dans le direction que j'aimerais montrer à mon fils pour ce qui est d'un grand vin bordelais.

J'hésite en ce moment, pour le choix de ma caisse en primeur, entre deux appellations qui sont rarement vues comme phare : Margaux et Pessac-Léognan. Les deux me semblent avoir l'avantage de ne pas chercher à dépasser leurs concurrents par la puissance des vins produits, ce qui me semble judicieux en 2010. De plus ce sont des appellations qui comptent plusieurs châteaux dont le vignoble offre un bel équilibre d'encépagement cabernets-merlot, ce qui devrait leur permettre de viser juste quant à l'équilibre à rechercher en 2010.

Je vais prendre encore quelques semaines pour arrêter mon choix. Après ça, on achètera du Bordeaux à la sortie, à la pièce, selon les appréciations finales des vins et - qui sait - peut-être moins cher que le prix primeur?!? Faudra garder de l'argent pour une caisse de riesling de la Moselle, une caisse de Guigal, une caisse de Châteauneuf, ...

Quels sont tes choix préliminaires pour les 2 appellations dont tu parles ?

Je vise aussi certains vins de l'appellation Margaux pour les jumeaux nés aussi en 2010...Je vais par contre attendre la sortie en succursale pour faire des achats, pas de primeurs pour moi.

Patrick

Mission Haut Brion à 600 ht, yeah yeah !! On trouve du 1995 à 130 euros TTC !! et encore c'est pas donné à ce prix-là !

Haut Brion a 800 HT, on trouve du 1959 et du 1989 pour la moitié de ce prix !! Youpi !!

Lénine réveille toi, ils sont devenus fous !

Gael Giraud a écrit:

Lénine réveille toi, ils sont devenus fous !

Rendu là, vaut mieux demander de l'aide à Staline! Lui saurait régler le problème. Tous au goulag!

dans le meilleur des cas !!

Si je n'achèterai pas ces vins à ces prix, une telle condamnation m'apparaît injustifiée.

On reconnait là, la grande magnanimité de Winston Churchill.

De Gaulle lui n'aurait pas plaisanté avec ces plaisantins !

Gael Giraud a écrit:On reconnait là, la grande magnanimité de Winston Churchill.

De Gaulle lui n'aurait pas plaisanté avec ces plaisantins !

Mais que fais-tu de Dresde!

Rupture de stock de Pol Roger, Davidoff trop secs... voilà ce qu'il en coûte !

Margaux à 1450 $