Séjour dans le Piémont: des idées?

Nous passerons 3 jours cette semaine dans le Piémont, question de se mettre dans l'oeil cette belle région vinicole, et de réaliser une promesse faite à mes garçons de les amener en Italie s'ils mangeaient des pâtes à la sauce tomate!!

Avez-vous des suggestions d'endroit où demeurer?
J'aimerais bien être pas trop loin d'Alba et Barolo.

Merci à l'avance!

Martin

Pas donné mais superbe, le relais San Maurizio, un monastère du 17e transformé en hôtel Relais & Châteaux

http://www.relaischateaux.com/fr/search/hotel-charme/724/hotel-charme-Italie/22/Pi%E9mont

Autre question:
Je pensais visiter 2 domaines.

Bartolo Mascarello
Sottimano

Avez-vous visité des domaines où on parle français et/ou anglais?
Mon italien est déficient...... à part Molto Bene!

Martin

Aldo Vajra parle très bien français, d'ailleurs tu l'as rencontré au salon la Convergente il me semble. Son épouse ne parle qu'italien.
J'étais agréablement étonné du nombre de personnes parlant français dans la région (comparé à la Toscane ou la Vénétie). Le Piedmont fut longtemps français et il en reste quelque chose.

Olivier aurait sans doute quelques conseils.

J'ai ramassé sa carte de visite à l'évènement Gambero Rosso la semaine dernière. Son barolo fut l'un des plus appréciés de la soirée.

Giuseppe Vajra
VILLA DEL VIOLE, 25
TEL. 0173 56257 - FAX 0173 56345
12060 BAROLO
gdvaja@tin.it

Belle idée ... et quelle récompense pour manger des pâtes tomate!!

Prends des photos, paraît que le paysage est superbe!

Voici le récit des 2 visites faites lors de ce séjour:

Lorsque l’on regarde la liste des producteurs du Piémont, il est difficile initialement d’en choisir seulement 2 chez qui nous aimerions faire une visite. Alors, j’y suis allé avec mon instinct, et choisi 2 producteurs de villages différents et disponibles au Québec.

Cantina Bartolo Mascarello : (www.barolodibarolo.com/inglese/scheda.asp?id_azienda=11) Ditribué par Oenopole

Domaine installé à Barolo depuis 1918, par le grand-père de Maria-Teresa Mascarello, petit bout de femme, mais ô combien droite, qui tient les reines du domaine depuis que son père, Bartolo, a trop mal aux genoux pour s’affairer dans le vignoble. La famille possède 5 hectares de vignes, et produit ainsi environ 30000 bouteilles par année, qui sont distribuées un peu partout dans le monde.

Elle a eu la gentillesse de nous faire visiter les chais avant de nous faire déguster les vins du domaine. L’entreprise familiale est installée au cœur du village de Barolo, avec comme seule enseigne le nom du domaine au-dessus de la sonnette. Elle n’a pas besoin de publicité!

Les vinifications sont faites dans la plus pure tradition de Barolo, avec des macérations et des fermentations en cuves de ciments puis les vins sont transférés dans des gros foudres slovènes d’environ 3500 litres, qu’ils utilisent pendant une cinquantaine d’années. Aucun bois neuf chez Maria-Teresa. Comme elle le disait si bien : « Je ne fais pas du nebbiolo, mais du Barolo, et le Barolo ça se fait dans des foudres, pas des barriques ». Vision traditionnelle qui ne l’étouffe pas du tout. On la sent très à l’aise dans son rôle de défenseure du terroir et des traditions de son village.

Après des belles discussions en anglais (un couple de Hong Kong partageait la visite avec nous) et en français (Maria-Teresa était plus à l’aise dans cette langue), nous nous installons pour déguster les vins. Fait à noter, le domaine embouteille tous ses vins en juillet et août, alors en juin il ne reste presque plus de vins à vendre : seulement quelques Dolcetto et Barolo 2005.

N’ayant pas pris de notes lors des dégustations, je vous soumets ici seulement les impressions générales!

Dolcetto d’Alba 2008 : (vendu 8,50 euros au domaine!)
Ouvert la veille, nous avons pu comparer la différence d’aération en ouvrant le même vin lors d’un souper dans la semaine qui a suivie.

L’aération a permis au vin de prendre de l’ampleur et d’intégrer davantage ses tannins. 2008 est une année classique dans le Piémont, comme 2001 et 2004, et ça paraît dans ce vin qui est élégant, frais, mais qui a de la pôgne! Demandera 1-2 ans de réclusion en cave pour donner son plein potentiel et intégrer davantage ses tannins.

Barbera d’Alba 2006 :
Très beau Barbera, très en finesse avec une belle retenue, avec un superbe fruit comme trame de fond.

Dommage que ce vin soit épuisé, et qu’en plus l’allocation d’Oenopole, l’importatrice des vins du domaine au Québec, n’inclue pas ce vin. J’ai fait des pressions au près de Maria-Teresa pour que nous puissions acheter ce vin dans le futur… On verra bien

Langhe Nebbiolo 2008 :
Vin réalisé à partir des vignes plus jeunes du domaine qui n’entrent pas dans la composition du Barolo. Il m’a semblé tannique avec un manque de fruit. Certaine déception ici. Trop jeune?

Barolo 2005 : (vendu 37 euros au domaine)
Le domaine possède des vignes dans 4 différentes parcelles de Barolo, et procède à un assemblage des parcelles, encore là selon la plus pure tradition locale. Le vin passe 3 ans en foudres, pour ensuite attendre 1 an en bouteille avant d’être mis en vente. Maria-Teresa insiste pour que ses Barolo soient attendus au moins 6-7 ans après le millésime avant d’être bus, et même plus dans les millésimes classiques comme 2004.

Ah! Là on tombe dans mes cordes!! Le nez est assez ouvert avec des notes mentholées (pour moi, c’est ce qui me fait reconnaître le Piémont à l’aveugle) et de rose séchée (c’est ce qui me fait reconnaître le nebbiolo). Quelle finesse en bouche! De la dentelle, tissée serrée vous direz, mais de la dentelle quand même. Le vin s’étire doucement sur des notes de tabac.

Un vin qui me bouleverse par sa finesse et son élégance, sans les tannins astringents et massifs parfois rencontrés dans certains Barolo, modernes ou traditionnels. Je suis heureux d’avoir du 2004 en cave, et les prochains millésimes les retrouveront…

2005 fut une année irrégulière à Barolo selon notre hôte, dépendant si les vignerons ont vendangé avant ou après les 6 jours de pluie consécutifs. De toute évidence, Maria-Teresa a récolté ses raisins avant le début de la pluie. Si vous retrouvez une certaine dilution dans un Barolo 2005, les gens ont fait le mauvais choix de date…


Domaine Sottimano : (www.sottimano.it) Distribué par Maître de Chai

Domaine familial, repris depuis quelques années par Andrea et sa sœur, lui œnologue gradué de Bordeaux, revenu auprès de son père lui-même œnologue, avec une foule d’idées en tête mais qui, avec les années, a su demeurer fidèle aux principes fondateurs du domaine. Ils possèdent 15 hectares de vignes, réparties sur 5 crus dans la région de Barbaresco : Basarin, Fausoni, Pajoré, Cottá et Currá. Les 4 derniers sont vinifiés séparément en appellation Barbaresco.

Né en 1975 comme moi, Andrea est de toute évidence passionné par son travail. Nous avons passé un après-midi formidable en sa compagnie, informative mais surtout ludique. Il nous a exposé, en toute simplicité, les principes qui sous-tendent le travail au domaine : le vin se fait à la vigne, alors que la vinification ne fait que tenter de transmettre ce que le raisin a à donner, le plus fidèlement possible. Les macérations se font à froid, les vins sont soutirés par gravité, les vinifications se font en fûts de chêne de Bourgogne, dont 20-25% de fûts neufs (les autres sont d’un maximum de 4 vins).

Bric del Salto, Dolcetto d’Alba 2009 : (18$ SAQ)
Nous avons dégusté une bouteille ouverte la veille et l’autre ouverte le jour même. L’aération a rendu le vin plus facile d’accès, même si je retrouve dans ce 2009 des notes alcooleuses et tanniques qui l’éloigne un peu du « vin plaisir » que le Dolcetto est pour moi. Je pense qu’il faudra lui donner 2-3 ans en cave pour qu’il s’assagisse un peu. Parfait sur un steak au BBQ!

Pairolero, Barbera d’Alba 2008 : (30$ SAQ)
Encore bien jeune, dans un millésime classique, ce Barbera était assez fermé, mais démontrait de l’allant et une énergie très intéressante. Sera excellent dans 2-3 ans, alors que l’alcool sera plus intégré, je pense. Tout un rapport Q/P.

Barbaresco 2007 : Fausoni, Pajoré, Cottá et Currá

Bus l’un après l’autre, les 4 cuvées ont des profils olfactifs assez différents, et démontrent à quel point Andrea Sottimano s’efforce de laisser le terroir s’exprimer. Le Fausoni était plus souple, le Pajoré plus minéral, le Cottá plus massif et musclé alors que le Currá, issu du terroir le plus qualitatif du domaine, était fermé à double-tour!

Un ensemble de vins authentiques, à l’image d’Andrea. Quel était le meilleur? En fait, tout dépend de quand on veut déguster le vin et dans quel contexte. Aujourd’hui, le Fausoni se déguste mieux, alors que le Cottá, avec ses tannis massifs demandera plus de temps pour se faire. Le Currá, pour sa part, devra être oublié en cave pendant au moins 5-6 ans.

Nous sommes repartis le cœur léger et l’âme en paix, sachant que la tradition et le terroir n’étouffent pas Andrea, mais le font vibrer! Tout comme nous d’ailleurs…

Cadeau du proprio, nous avons ouvert quelques jours plus tard le Barbaresco Currá 2004, vin ayant reçu un 96% par le Wine Spectator. L’accord avec le carré d’agneau fut sublime (merci Robert!).

La robe est grenatée. Le nez prend du temps à s’ouvrir, comme nous nous y attendions. L’aération d’une heure en bouteille vidée d’un verre lui permet de nous emplir le nez d’arômes de rose, de tabac blond et d’un peu de goudron, le tout avec une fraîcheur mentholée délicate. En bouche, les tannins sont importants mais raffinés et civilisés, permettant d’apprécier un beau volume et une acidité parfaite pour la bouffe. La finale est longue sur le tabac et une minéralité impressionnante, que je retrouve plus souvent dans les grands vins blancs.

Un grand vin de gastronomie, alliant des tannins importants d’une grande finesse et une acidité qui confère une digestibilité nécessaire à table. Chapeau Andrea!

Nous avons, de toute évidence, beaucoup apprécié notre visite chez Sottimano, et auront grand plaisir à suivre les vins d’Andrea dans les prochaines années.


Une très belle journée, passée en très agréable compagnie (ma blonde, mes gars coopératifs!, Carol et Robert), dans un cadre enchanteur du Piémont vinicole, à rencontrer 2 personnalités épanouies entre tradition et terroir, loin d'être étouffés par ceux-ci. Des vins authentiques fait par des gens passionnés. Bravo!

Martin

Merci Martin pour cet excellent CR!
Tu nous donnes l'envie d'aller dans cette région.......possiblement à l'été 2012!

Martin Loranger a écrit:
Barbaresco 2007 : Fausoni, Pajoré, Cottá et Currá

Bus l’un après l’autre, les 4 cuvées ont des profils olfactifs assez différents, et démontrent à quel point Andrea Sottimano s’efforce de laisser le terroir s’exprimer. Le Fausoni était plus souple, le Pajoré plus minéral, le Cottá plus massif et musclé alors que le Currá, issu du terroir le plus qualitatif du domaine, était fermé à double-tour!

Un ensemble de vins authentiques, à l’image d’Andrea. Quel était le meilleur? En fait, tout dépend de quand on veut déguster le vin et dans quel contexte. Aujourd’hui, le Fausoni se déguste mieux, alors que le Cottá, avec ses tannis massifs demandera plus de temps pour se faire. Le Currá, pour sa part, devra être oublié en cave pendant au moins 5-6 ans.

Martin

Les 4 crus sont disponibles via Le Maître de Chai dans le millésime 2005 pour 71,60$.

C'est vraiment une des belles régions vinicoles que j'ai visité! Des chambres d'hôtes superbes (campagne ou ville), des restos à faire rêver et quantité de vignerons heureux de l'être!

Martin

Merci l'ami!

Et faut voir les photos:

http://4.bp.blogspot.com/_xo81k8RUkT8/TByTP-zSiII/AAAAAAAABFs/6dA8nV0gCUE/s1600/112+Italie+-+Vignobles+du+Pi%C3%A9mont.JPG

http://1.bp.blogspot.com/_xo81k8RUkT8/TByTZL5WZWI/AAAAAAAABF0/m06r-kFK6Qw/s1600/114+Italie+-+Vignobles+du+Pi%C3%A9mont.JPG

http://2.bp.blogspot.com/_xo81k8RUkT8/TByTfIYPjdI/AAAAAAAABF8/b_NzeTYqp7A/s1600/115+Italie+-+Vignobles+du+Pi%C3%A9mont.JPG

Sur la 2e photo: on voit le chai et maison des Sottimano au premier plan.

Martin

Reviens tout juste d'une degustation chez Sottimano avec ma conjointe. Mes impressions sont semblables aux tiennes et suivrai tres certainement dans le futur.

Nous avons passes un moment magique.

Au plaisir