Semaine du 9 mai 2021

On a oublié de passer du 2 au 9 mai on dirait...alors voici pour vos vins des derniers jours et de cette belle fin de semaine.

Foreau Domaine du Clos Naudin Vouvray Sec 2013
Très sec, tendu, crayeux, avec une énergie impressionnante, on dirait un jeune vin. Il ne lui manque qu'un peu de matière et de profondeur pour avoir la plénitude des meilleurs millésimes. Très bien.

Gilbert Picq & ses Fils Chablis Vieilles Vignes 2019
Une première bouteille de ce millésime pour moi chez Didier Picq. J'ai bien aimé ce que j'ai goûté de 2019 jusqu'ici (Dauvissat et Moreau en mars 2020), alors cette bouteille en fournit un autre exemple.

Dès l'ouverture, on constate une énergie et une concentration remarquables. Le vin n’est toutefois pas fermé comme le 2017 l’était à son arrivée. Le fruit est mûr, mais le vin ne manque aucunement de tension. Crayeux et frais, avec une longueur de premier cru. Du bel ouvrage et un vin promis à un bel avenir. Il donne déjà du plaisir, mais sera sans doute à son meilleur dans deux ou trois ans. Gardé ensuite sous Vacu vin 48 heures, il était en pleine forme. Un des meilleurs vins de cette cuvée que j’ai goûté et nul doute qu'il se bonifiera.

Il a fait chaud à Chablis en 2019, comme en 2018, mais le mois d'août l'était moins, de sorte que le style du millésime semble plus classique que 2018, moins précoce, plus d'acidité et de tension, complet. Peut-être pas au niveau de 2017, mais pas très loin. Il faudra boire les 2018, charmants, en attendant les '17 et '19.

Château Musar Bekaa Valley 2001
Ma dernière bouteille prise en 2017 avait été très décevante (86 pts), sans doute imparfaite. J’ouvrais donc celle-ci avec appréhension, espérant y retrouver la magie d'antan....Euréka!

Si le nez montre la classique acidité volatile à l’ouverture, avec ces notes d’éther et de vernis à ongle, cet aspect se dissipe à l'aération et fait place à des notes de cerises, de raisins de corinthe, cuir et tabac.

La bouche a un côté acidulé et une palette de saveurs originale, qui ne plairait pas à tous. Je me roule dedans!! La finale est vraiment très longue, très épicée et assez gourmande, avec une ampleur et une complexité aromatique fascinantes, un équilibre qu’on ne soupçonnerait pas à l’ouverture. J'ai l'impression de recroiser un vieil ami et de le retrouver aussi plaisant qu'autrefois. Original et distinctif, plein de personnalité, ....truculent! 92-93 pts

R.I.P. Monsieur Hochar, notre rencontre à Montréal nous avait tous marqués et des vins comme celui-ci honorent votre mémoire.

Au cours des derniers jours :

A. & P. de Villaine Les Montots mercurey 2005 : En remplacement d’un Redoma 2007 bouchonné. Couleur qui montre une certaine évolution et un fin dépôt. Nez ouvert de fruits rouges et noirs, d’épices, avec des notes d’évolution évoquant le pot-pourri et des nuances forestières. La bouche est déliée, avec une jolie matière et la texture riche des années mûres à maturité. Le vin ne manque ni de tonus ni de tenue. C’est plutôt long, moyennement complexe et un peu rustique, mais c’est franchement épatant pour un vin de cette appellation à 15 ans! Très bien.

Tenuta Delle Terre Nere San Lorenzo etna rosso 2017 : Couleur brillante, assez foncée, mais translucide et robe plutôt glycérinée. Nez qui évoque un croisement entre un pinot ensoleillé et un grenache fin, sur la liqueur de fruits, les fleurs sucrées, la réglisse et des épices douces. Attaque gourmande, séveuse, puissante. À partir du milieu de bouche par contre, ça se gâte un peu … le tout devient chaud et une amertume plutôt prononcée ressort. Jusqu’à tout récemment, je n’avais pas de nerello mascalese en cave et j’ai fait quelques achats pour corriger la situation. Mon impatience ne m’a cependant pas servi dans ce cas-ci … à revoir.

Domaine de Souch Cuvée Marie Kattalin jurançon 2007 : Couleur brillante, encore bien jeune. Nez ouvert et invitant sur la papaye, la mangue séchée, le miel fin et d’intrigantes notes épicées évoquant la poivre blanc … et le piment d’Espelette! L’aération apportera de magnifiques notes truffées. La bouche est riche, mais lumineuse, éclatante, à la fois moelleuse et élancée, parfumée et savoureuse, mais finement saline. Un vin de fin de repas, méditatif par sa complexité et de soif par son équilibre. Excellent, voire plus.

Domaine de Ferrand Châteauneuf-du-Pape 2010
Nez primaire de jus de raisin Welch, des notes de laurier. Frais et civilisé, gorgé de fruit. Joufflu, pas complexe encore mais bien équilibré et assez fin. Encore de bons tanins pour la garde, on a affaire à un adolescent prometteur. Trop jeune, à attendre ou à ouvrir la veille. 92+ pts

Hier soir, accord des plus classiques des homards :

Jacques Prieur Combettes puligny-montrachet 1er cru 2012 : Couleur encore plutôt pâle et bien brillante. Nez classique, de fruits jaunes, de fleur blanche, avec un soupçon d’élevage fort bien intégré. La bouche est pleine, ample et texturée, sans être réellement grasse. Le vin est puissant, mais harmonieux et éclatant. Finale longue, caressante et salivante à la fois. La richesse du vin évoque davantage celle du finage du voisin et permet de saisir pourquoi Combettes s’est longtemps vendu en Meursault plutôt qu’en Puligny! S’il m’est arrivé de trouver l’élevage des vins chez Prieur un peu ostentatoire, ce n’est pas le cas ici. Et avec le homard, c’était un régal! Excellent.

Ce week-end, un doublé Bourgignols au camp.



Je partage l’avis de Yves pour les Chablis 2018, il faudra les boire plus rapidement que 2017 et 2019. Ouvert le Chablis 1er cru Montée de Tonnerre 2018 de Collet. Fruits, pierre à fusils, acidité et minéralité, tout est là mais dans un bas régistre. Le vin démontre de jolies rondeurs où un peu d’éclat lui aurait fait le plus grand bien. Pour emprunter les mots de Yves sur le millésime: "un vin charmant". Il avait rendez-vous avec une mouchetée qui lui a posé un lapin...  mais je n’ai pas boudé mon plaisir pour autant!



Je ne bois pas beaucoup de Chassagne Monrachet et ce vin m’incite à corriger le tir. Chassagne Monrachet Les voillenots 2017 de Coffinet-Duvernay. Un très beau nez sur le sapinage, résineux, balsamique: j’adore! Un vin bâtit sur la structure et non sur le fruit. Très droit en bouche aux tanins bien présents soutenus par une acidité qui lui apporte de la fraîcheur. Belle bouteille!

Pas pour faire mon téteux, mais j'ai eu beaucoup de plaisir la fin de semaine dernière avec deux vins des Bourguignols.

Juliénas 2019, Armand Heitz. À peine la caisse reçue, j'ouvre une bouteille! Petite bombe de fruits noirs, frais et mûrs, avec une jolie dose d'épices et un léger poivré. Les tanins sont à peu près absents: c'est gouleyant! Expressif au nez, loquace en bouche. La finale est sur la fraîcheur. Simple et très bien fait. J'apprécie vraiment ce producteur. Tant pour ses vins que sa philosophie de production.

Gevrey-Chambertin La Justice 2018, Domaine Felettig. Dès l'ouverture, le vin se montre ouvert et expressif. Au nez, le fruit est clairement mûr, plus noir que rouge, et s'accompagne de notes évoquant les champignons et le goudron. Difficile à décrire, mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le humer tout au long de la soirée. L'attaque est pleine et généreuse, les tanins sont présents mais fins et cèdent l'avant-scène au fruit noir pur et aux épices. L'acidité ressort à partir du milieu de bouche et porte la finale, assez longue, qui s'accompagne d'une légère amertume. Équilibre réussi dans un millésime chaud. Je l'ai trouvé très harmonieux malgré sa jeunesse. Un coup de cœur.

Je viens de lire ton post Michelle. On a l'air de faire une infopub...
C'est bien involontaire!

Westhoffen pinot noir 2019, Alsace, dom.Loew, 30$.

En carafe 2 heures. C'est écrit "NATURE" sur la contre-étiquette ! Cette robe est carrément de la famille rose-fuscia-écarlate, elle est soutenue, brillante et nette. Ça pinote de justesse, ça pinote pas en fait, le bouquet est subtil et frais, sur le fruit rouge absolument, un peu de cassonade, des épices douces et des fleurs, peu ou pas d'élevage. J'ai de la misère à me faire une tête sur ce que ça peut avoir l'air en bouche.

C'est spécial, pas très pinot, très fruité noir, bizarrement avec de la branche façon cabernet franc. L'attaque est douce et la texture bellement veloutée, le fruit est opulent mais fin et sec. Jusque là c'est fort plaisant mais la finale rajoute des amers sérieux, un peu d'astringence mais surtout un arrière-goût de fumée ou de plastique ou de stalle qui me titille. Pourtant je ne peux pas dire que ce n'est pas beau globalement. C'est frais, ça a du caractère, c'est bien fruité, salivant même. À garder ? Peut-être. C'est vraiment la finale qui me fatigue, mais j'aime bien.

Lendemain: même robe, même bouquet subtil et frais. Bouche assagie, plus douce, texture angélique, fruit pulpeux, finale un brin caoutchouteuse qui mine le tout sans tout détruire le plaisir. Un vin "nature" qui passe bien pour moi mais je vais tout de même rendre ma deuxième bouteille à la saq...

Domaine de Bellevue (Jérôme Bretaudeau) Muscadet Clos des Bouquinardières 2018

Capsule de cire bleue, je connaissais déjà le gage de qualité d'une cire jaune mais j'ignorais encore l'influence d'une cire bleue ( ). Un des meilleurs muscadet bu jusqu'à ce jour, franchement lumineux et une explosion de fruit dans le verre. Il évolue le lendemain sur un profil toujours tendre mais plus structuré par la trame acide. 92

Ostie de capsules de cire...

Alain Roy a écrit:Ostie de capsules de cire...

Une belle cire molle qui ne casse pas en mille miettes c'est top Alain!

FrancisRémillard a écrit:Je viens de lire ton post Michelle. On a l'air de faire une infopub...
C'est bien involontaire!

Je fais des comptes-rendus assez régulièrement et je suis très alaise de faire des commentaires sur ces vins. Il s’agit de commentaires parmi tant d’autres. Là où j’ai des réserves, c’est lorsqu’une personne ne fait jamais de comptes-rendus et apparaît soudainement pour parler d’un vin d’une agence X....  Les motivations ne sont pas les mêmes. Je pense que si quelqu’un désire faire une « Plug », il doit aussi rendre à la communauté en partageant ses impressions sur les vins qu’ils dégustent. Dans ton cas, tu es limite!     C’est une blague.

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas....j’ai succombé au désir de comparer le Saumur Champigny de Germain et de Lambert, au risque de mettre mon couple en péril... Hier, j’ai ouvert celui de Lambert, le Domaine Arnaud Lambert Terres Rouges 2019. Oufff! J’ai trouvé ça très mauvais. Un nez de caramel, un déséquilibre en bouche avec un côté glycériné qui ne parle pas à l’acidité sur fond de poivron vert. S’il s’agit d’un question de survie, choisir celui de Germain si non, vous pouvez vous abstenir....