Chablis 2013

Le millésime 2013 est particulier à Chablis: une maturité presque botrytique. Pour en avoir dégustés plusieurs, je dois dire que je n'y trouve pas, à ce stade, beaucoup de bonheur.

Il y a beaucoup de "gras de bébé" encore. Une aromatique exotique me rappelant l'ananas (un peu trop d'ailleurs) et une minéralité qui s'affirme plus difficilement malgré une aération significative. La fraìcheur et la tension proviennent pricnipalement d'une colonne vertébrale "acide" plutôt que "minérale" pour l'instant.

J'ai lu vos commentaires sur les 2013 que vous avez dégustés. Vous semblez les trouver charmeurs et à boire en jeunesse, avec une fenêtre de dégustation précoce.

Je pense tout le contraire. Je mets personellemment mes Chablis 2013 de côté pour un bon bout de temps. L'effet millésime est, pour moi, beaucoup trop dominant et je me fie au phénomène terroir pour équilibrer tout ça avec les années.

Je pense que la patience sera de mise pour aller chercher le meilleur de ce millésime

Ian Champagne a écrit:Le millésime 2013 est particulier à Chablis: une maturité presque botrytique. Pour en avoir dégustés plusieurs, je dois dire que je n'y trouve pas, à ce stade, beaucoup de bonheur.

Il y a beaucoup de "gras de bébé" encore. Une aromatique exotique me rappelant l'ananas (un peu trop d'ailleurs) et une minéralité qui s'affirme plus difficilement malgré une aération significative. La fraìcheur et la tension proviennent pricnipalement d'une colonne vertébrale "acide" plutôt que "minérale" pour l'instant.

J'ai lu vos commentaires sur les 2013 que vous avez dégustés. Vous semblez les trouver charmeurs et à boire en jeunesse, avec une fenêtre de dégustation précoce.

Je pense tout le contraire. Je mets personellemment mes Chablis 2013 de côté pour un bon bout de temps. L'effet millésime est, pour moi, beaucoup trop dominant et je me fie au phénomène terroir pour équilibrer tout ça avec les années.

Je pense que la patience sera de mise pour aller chercher le meilleur de ce millésime

Ton point de vue est très intéressant Ian.
Tu prévois donc les réessayer dans 6-12 mois?
Et que boirais-tu en ce moment (en général): 2011 avant 2010 avant 2012?

2013 demandera du temps, quelques années plutôt que quelques mois...

Pour le court terme, l'équilibre de 2011 l'emporte sur les denses 2012. Je touche peu à mes 2010, grand millésime à Chablis selon moi. Dans la même famille que 2008...

Ian Champagne a écrit:Le millésime 2013 est particulier à Chablis: une maturité presque botrytique. Pour en avoir dégustés plusieurs, je dois dire que je n'y trouve pas, à ce stade, beaucoup de bonheur.

Il y a beaucoup de "gras de bébé" encore. Une aromatique exotique me rappelant l'ananas (un peu trop d'ailleurs) et une minéralité qui s'affirme plus difficilement malgré une aération significative. La fraìcheur et la tension proviennent principalement d'une colonne vertébrale "acide" plutôt que "minérale" pour l'instant.

J'ai lu vos commentaires sur les 2013 que vous avez dégustés. Vous semblez les trouver charmeurs et à boire en jeunesse, avec une fenêtre de dégustation précoce.

Je pense tout le contraire. Je mets personellemment mes Chablis 2013 de côté pour un bon bout de temps. L'effet millésime est, pour moi, beaucoup trop dominant et je me fie au phénomène terroir pour équilibrer tout ça avec les années.

Je pense que la patience sera de mise pour aller chercher le meilleur de ce millésime

Perspective intéressante Ian. Je n'ai pris que quelques 2013 et je suis en effet de la gang que tu décris, pour le moment.

Par ailleurs je m'interroge sur la phrase La fraìcheur et la tension proviennent principalement d'une colonne vertébrale "acide" plutôt que "minérale" pour l'instant

Pour moi, l'acidité est une composante mesurable, alors que la minéralité est plutôt une sensation, non mesurable...une façon de traduire un coté sec perçu en milieu de bouche, des sensations salines....

Alors, de mon point de vue la minéralité n'apporte pas de fraicheur ou tension, c'est une conséquence, comme le sont fraicheur et tension... qu'en penses-tu?

Intéressant point de vue Ian. J’apprécie que tu soulèves la question et que tu nous fasses part de ton point de vue. Tu n’es rien de moins, pour moi, qu’une référence en matière de Chablis. Je me permets toutefois, bien humblement, de ne pas partager complètement ton avis. Les 2013 n’ont pas une grande réputation et, avant d’en goûter quelques uns lors de mon passage en novembre dernier sur place et d’en boire ici depuis, ce que j’en lisais, notamment sous la plume de Pat Désy, ne m’enchantait guère.

Je dois admettre que je ce que j’ai bu m’a plus enthousiasmé que ce que j’ai lu! Je garde de bons souvenirs de premiers crus de Samuel Billaud et de Droin … des vins friands, ouverts, souples, mais de belle tenue. Ils n’ont pas le profil le plus typique, mais leur maturité et leur exotisme me semblent les ouvrir plus précocement. Là où je ne pense pas qu’ils feront vieux os, c’est dans leur concentration moindre, malgré une maturité de fruit présente, et leur équilibre peut-être plus précaire qu’à l’habitude.

À part les plus grands vins du Chablisien (grands crus de Dauvissat et de Raveneau essentiellement), je ne pense pas en coucher en cave longtemps. Je vais les boire assez tôt, pour ce qu’ils sont, notamment parce qu’ils me plaisent bien et que ça me permet d’attendre mes 2008-2009-2010-2012. Peut-être aurais-je une approche différente s’il me restait des hordes de 2002, 2004 et 2005 pour me sustenter en attendant …

Salut Yves,

De mon côté, l'acidité n'est pas le seul paramètre de fraîcheur.

Je vais essayer de m'expliquer en utilisant le MdT 2009 de Fèvre que tu as bu récemment:

En 2009, y a pas d'acidité à Chablis. Zéro avec une barre dessus.

Pourtant, je suis convaincu, avec la note de dégustation que tu as partagée, que tu n'as pas trouvé le vin chaud, pataud ou mou.

Pourquoi? Le terroir chablisien qui fait que le vin se retend en fin de bouche, qui lui donne cette sapidité, cette tension, cette fraîcheur qui fait saliver et en redemander plus. Pour moins la minéralité est un GRAND facteur de fraîcheur...et une des raisons pour laquelle j'aime autant Chablis. Ce vignoble sait tirer son épingle du jeu dans des millésimes atypiques.

Pour les 2013, je vais patienter pour que l'acidité soit digérée un peu. Je pense que la minéralité va s'affirmer avec le temps. Elle est beaucoup plaisante à mon palais...et bien plus noble...

Salut Vincent,

L'approche et l'ouverture des 2013 est, oui, surprenante. Atypiques en jeunesse certes, exotiques, charmeurs...bien sûr.

C'est juste que ce gros gras de bébé est pour moi un peu trop.

Je pense qu'ils vont gagner en typicité avec le temps. Je fais confiance (peut-être un peu trop, mais je ne pense pas) au phénomène terroir pour balancer les vins, leur ajouter un peu plus de précision.

Il sera très intéressant de s'en reparler au fil des années...

Merci pour ton retour rapide Ian.

Question de goût certes, mais je n'ai pas encore été conquis par les quelques 2006 que j'avais laissé traîner en cave. Peut-être ne suis-je pas assez patient ...

Le fruit des 2013 est certes atypiques, mais ça me semble être néanmoins la plus belle qualité de ce millésime modeste, mais que j'apprécie toutefois. J'ai bien peur qu'il ne reste pas grand chose une fois ce gras de bébé digéré, en faisant exception des touts meilleurs vignerons sur leurs grands crus. Peut-être sous-estime-je la magie du terroir ...

Pour prendre un autre millésime moyen en exemple, j'ai plus confiance en 2011 pour la garde, les trouvant plus harmonieux et un peu plus concentrés.

En 2013 il fallait travailler les lies et accepter que le botrytis gomme une large part de l'esprit nordien de ces vins. Les crus sont plus varietaux et possèdent une douceur de milieu de bouche qui surprend. Élevé long et nourrit en fûts ou cuves durant 16/18 mois ils ont une sacrée structure et une acidité lactique élevée qui compense la légère faiblesse tartrique. Ils vieilliront bien mais n'y gagneront pas grand chose car c'est le tartrique qui en vieillissant affine les chardonnays.

Pas pour te relancer cher Ian, mais Droin semble être plutôt de notre avis à propos de 2013:

Droin generally picks early to retain acidity, and he told me that the wines that had finished their secondary fermentations were carrying a brisk five grams per liter of acidity, with pHs in the low 3.1 to 3.15 range. Potential alcohol levels in 2014 were fairly high at 12.8% to 13%. Grape sugars were also high in 2013, but the fruit was clean, Droin maintained. "The grapes were certainly ripe, unlike in 2004 and 2001," he told me, "but there was no surmaturité and the wines have minerality. The wines show a slightly riper fruit quality than the yellow peach of 2012." He went on: "Two thousand thirteen is a vintage of pleasure, to drink early while you wait for your 2014s, 2012s and 2010s. I have no idea how they will age."

Tiré du rapport de Tanzer sur Vinous.

Ma re-paternité nuit à mes lectures vinicoles ... c'est donc avec du retard que je reviens sur le dernier numéro de Burghound. Meadows réaffirme également ce constat:

These more accelerated suggested cellaring times will appeal to those readers who don’t want to buy white burgundy for long-keeping due to the risk of premature oxidation, or premox as it’s more typically called. To be clear, this doesn’t mean that there is no risk of premox, only that there is less development potential being left on the table if you drink the 2013s young.

Moreover, my sense of what the 2013s will look like with age is that even those that display little or no exotic aromas today will develop them in time. This of course is not necessarily a bad thing but I repeat my advice that I would buy the 2013s to cellar over the short to mid-term rather than the longer term.

Merci les gars. Je quitte bientôt pour Chablis et c'est une des nombreuses questions que je vais poser aux producteurs.

Yves Martineau a écrit:Pas pour te relancer cher Ian, mais Droin semble être plutôt de notre avis à propos de 2013:

Droin generally picks early to retain acidity, and he told me that the wines that had finished their secondary fermentations were carrying a brisk five grams per liter of acidity, with pHs in the low 3.1 to 3.15 range. Potential alcohol levels in 2014 were fairly high at 12.8% to 13%. Grape sugars were also high in 2013, but the fruit was clean, Droin maintained. "The grapes were certainly ripe, unlike in 2004 and 2001," he told me, "but there was no surmaturité and the wines have minerality. The wines show a slightly riper fruit quality than the yellow peach of 2012." He went on: "Two thousand thirteen is a vintage of pleasure, to drink early while you wait for your 2014s, 2012s and 2010s. I have no idea how they will age."

Tiré du rapport de Tanzer sur Vinous.

Un commentaire paradoxal: suggérer mais n'avoir aucune idée... Bref.

Ce que je remarque à date:

1) le temps en bouteille semble calmer un peu les ardeurs de ce millésime charmeur et aromatique/exotique

2) certains producteurs/crus se démarquent bien mieux que d'autres...

3) la date de vendange de certains crus est un facteur des plus critiques. Selon moi, cela pourrait jouer sur leur potentiel de garde/bonification.

On s'en reparle