Gevrey-Chambertin et son vignoble
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Gevrey-Chambertin et son vignoble
ecrire sur internet c'est avant tout partager librement et comme ce forum est désormais ma famille d'accueil, je souhaite à partir d'aujourd'hui entamer une série d'articles sur les crus,climats et finages bourguignons. Cela autorisera ici un questionnement et peut être des débats toujours fructueux... Bonne lecture.
Patessa
1/ Gevrey-Chambertin "Village"
Gevrey est la commune de rouge la plus vaste de Côte d'Or. C'est elle qui compte le plus de grands crus - neufs - même si Corton a une superficie classée plus importante dans cette catégorie. Elle compte également un coteau entier de haute qualité classé "seulement" en premier cru et, cerise sur le gâteau, plus de 200 hectares de simples "villages". Cette importante surface est largement due au cône de déjection que les dépôts de la Combe Lavaux ont formé.
Vaste surface de limons mêlées aux éboulis calcaires et à l'argile ce tapis "colluvionnaire" qui s'étire de Morey à Brochon est fort qualitatif pour produire des vins aussi complets que réguliers et la commune y puise une part important de sa notoriété. De tout temps il s'est ici produit des cuvées de "Gevrey simple" gourmande et parfumée et c'est peut être la plus grande force de cette appellation célèbre entre toutes.
Plusieurs secteurs existent:
les climats situés sur le village mitoyen de Brochon et qui ont droit à l'appellation Gevrey. Les deux principaux font partie intégrante de la Côte Saint Jacques et sont parfaitement dignes d'être isolés, ce sont En Champs (qui est à cheval sur le finage de Gevrey) et Evocelles. Les deux sont très qualitatifs et constituent sans doute les deux meilleurs lieux-dit "villages" de ce côté Nord.Frais, parfumés et riches ils sont très proches du niveau premier cru et se vendent plus chers, et de manière très souvent individualisées, que les autres. En plus de ces deux super "villages" il faut aussi tenir en haute considération les lieux-dits Creots et Jeunes Rois qui forts gourmands et pleins participent à des cuvées racées et profondes. On notera que Gevrey a historiquement toujours refusé de classer La meilleure partie du coteau de Brochon en cru alors qu'elle se satisfait fort bien d'y puiser des vins en ayant la densité. Funeste pour Brochon qui n'est pas reconnue à son juste niveau mais très heureux pour les consommateurs futés qui peuvent se procurer ici d'excellents rapports qualité prix.
les Climats de la Côte Saint Jacques dans le prolongement de ceux de Brochon. Les vins les plus charpentés naissent ici. Un peu plus rustiques mais bien constitués. Certaines zones basses plus humides sont moins favorables. - les climats situés au cœur du village et qui sont intriqués dans les maisons et leurs accès. Plus délicats car placés sous l'influence des dépôts issus de la Combe Lavaux. Quelques Clos y puisent une réputation méritée (Clos de Tamisot, Clos Village par ex) La zone la plus fraîche regarde le Nord Ouest et s'appelle Marchais, ce sont les crus les moins intéressants.
les climats sur le cône de déjection. Sur les dépôts limoneux et les argiles, elle exalte les fruités gourmands et les matières souples. Les vins y sont séducteurs et peuvent être excellents dans Les Crais et la Justice.
les climats situés sous les premiers crus et grands crus de la Côte Chambertin. Tous très bons et typés Côté Chambertin. Il y a des nuances bien entendu mais Vigne Belle, Etelois, Champs Chenys, Echezeaux et Clos Prieur Bas sont extras. Les quelques climats derrière la nationale sont un peu moins parfaits et leur classement est assez généreux. Cependant Seuvrées peut être intéressant.
Patrick Essa
Patessa
1/ Gevrey-Chambertin "Village"
Gevrey est la commune de rouge la plus vaste de Côte d'Or. C'est elle qui compte le plus de grands crus - neufs - même si Corton a une superficie classée plus importante dans cette catégorie. Elle compte également un coteau entier de haute qualité classé "seulement" en premier cru et, cerise sur le gâteau, plus de 200 hectares de simples "villages". Cette importante surface est largement due au cône de déjection que les dépôts de la Combe Lavaux ont formé.
Vaste surface de limons mêlées aux éboulis calcaires et à l'argile ce tapis "colluvionnaire" qui s'étire de Morey à Brochon est fort qualitatif pour produire des vins aussi complets que réguliers et la commune y puise une part important de sa notoriété. De tout temps il s'est ici produit des cuvées de "Gevrey simple" gourmande et parfumée et c'est peut être la plus grande force de cette appellation célèbre entre toutes.
Plusieurs secteurs existent:
les climats situés sur le village mitoyen de Brochon et qui ont droit à l'appellation Gevrey. Les deux principaux font partie intégrante de la Côte Saint Jacques et sont parfaitement dignes d'être isolés, ce sont En Champs (qui est à cheval sur le finage de Gevrey) et Evocelles. Les deux sont très qualitatifs et constituent sans doute les deux meilleurs lieux-dit "villages" de ce côté Nord.Frais, parfumés et riches ils sont très proches du niveau premier cru et se vendent plus chers, et de manière très souvent individualisées, que les autres. En plus de ces deux super "villages" il faut aussi tenir en haute considération les lieux-dits Creots et Jeunes Rois qui forts gourmands et pleins participent à des cuvées racées et profondes. On notera que Gevrey a historiquement toujours refusé de classer La meilleure partie du coteau de Brochon en cru alors qu'elle se satisfait fort bien d'y puiser des vins en ayant la densité. Funeste pour Brochon qui n'est pas reconnue à son juste niveau mais très heureux pour les consommateurs futés qui peuvent se procurer ici d'excellents rapports qualité prix.
les Climats de la Côte Saint Jacques dans le prolongement de ceux de Brochon. Les vins les plus charpentés naissent ici. Un peu plus rustiques mais bien constitués. Certaines zones basses plus humides sont moins favorables. - les climats situés au cœur du village et qui sont intriqués dans les maisons et leurs accès. Plus délicats car placés sous l'influence des dépôts issus de la Combe Lavaux. Quelques Clos y puisent une réputation méritée (Clos de Tamisot, Clos Village par ex) La zone la plus fraîche regarde le Nord Ouest et s'appelle Marchais, ce sont les crus les moins intéressants.
les climats sur le cône de déjection. Sur les dépôts limoneux et les argiles, elle exalte les fruités gourmands et les matières souples. Les vins y sont séducteurs et peuvent être excellents dans Les Crais et la Justice.
les climats situés sous les premiers crus et grands crus de la Côte Chambertin. Tous très bons et typés Côté Chambertin. Il y a des nuances bien entendu mais Vigne Belle, Etelois, Champs Chenys, Echezeaux et Clos Prieur Bas sont extras. Les quelques climats derrière la nationale sont un peu moins parfaits et leur classement est assez généreux. Cependant Seuvrées peut être intéressant.
Patrick Essa
Re: Gevrey-Chambertin et son vignoble
2/ Les premiers crus de la Côte Saint Jacques
Certains premiers crus de la côte ont une « aura » de grand cru pour de nombreux dégustateurs et il est parfois assez incompréhensible de constater leur niveau année après année sans pouvoir expliquer le « pourquoi » qui les a éloigné de la plus haute marche du podium au moment de la naissance des AOC dans les années trente.
A Gevrey à cette époque, le Chambertin brille de tous ses feux et de mémoire d’homme il a toujours été le premier avec son frère de sang le Clos de Bèze. Les vignes qui jouxtent ces deux terres sont plus morcelées, un rien moins bien exposées et moins considérées dans l’imaginaire communal, mais il faut dessiner un périmètre de vignes « grand cru » qui puisse satisfaire à la fois les propriétaires récoltants, les fermiers et le puissant négoce de la place ; tout en conservant la puissance de feu d’une commune qui est déjà à la première place de la côte de Nuits en compagnie de sa jumelle Vosne Romanée. En sommes il faut être capable de donner une belle surface de grand cru tout en préservant la notoriété et le sérieux de la commune en montrant que tout ne peut être classé et que surtout ce classement possède une logique. On découpera donc selon les limites joignantes des deux seigneurs précités. Un classement d’école qui – assez loin d’entériner des usages loyaux et constants – laisse sur la touche les meilleurs crus de la Côte Saint Jacques en minorant au moins trois crus de très ancienne notoriété : Le Clos Saint Jacques, la Combe aux moines et les Cazetiers.
Le Comte de Moucheron – châtelain de Meursault – possède alors l’intégralité du Clos Saint Jacques et se montre peu attiré par un classement hiérarchique qui lui paraît superflu du fait de sa position de monopole. A quoi bon classer un Clos qui de toute manière est déjà reconnu comme une tête de cuvée incontournable. Cazetiers, Estournelles et Combe aux Moines plus morcelés ne possèdent pas de vrais défenseurs influents. Les Veroilles appartiennent à M. Joliet et lui non plus ne se montre pas « acharné » pour classer cette merveilleuse entité exposée plein sud. Les instances légales ont semble t’il tranché sans avoir eu à entendre vraiment la « voix de la côte Saint Jacques » et en négligeant de manière fort légère les classements anciens. En effet le docteur Lavalle classe Verroilles, Saint Jacques et Clos Saint Jacques, Estournelles et Castiers (sic) en premières cuvées de finage comme Ruchottes, Grillotte (sic), Charmes haut, Chapelle haute et Mazy haut. Latricières, Mazoyères et toutes les parties basses des crus de la côte chambertin sont reléguées au rang de seconde cuvée…avouons le cette vision là correspond nettement plus à la réalité du terrain et à mon sentiment de dégustateur.
Le Clos Saint Jacques:
Voilà un clos qui a appartenu longtemps - en monopole - à la famille du Comte de Moucheron de Meursault. Il fut de ce fait éloigné d'un classement en grand cru car son statut de Clos ne le prédisposait pas plus que cela à ce classement d'un type "nouveau" dans les années 1930...funeste erreur! Aujourd'hui le Clos se partage entre cinq propriétaires et est dans son entier considéré comme le meilleur premier cru de Gevrey-Chambertin et sans doute même de toute la côte nuitonne avec les Amoureuses de Chambolle. Il se vend de ce fait souvent au prix d'un grand cru et en a toute la classe naturelle.
Terroir marno-calcaire, caillouteux et idéalement exposé au levant, il part de la base de la route de la Combe Lavaux pour finir proche des sapins. Sa situation de sortie de Combe associée à sa pente forte qui combine différents étages de températures en font une entité d'une complexité rare. Si l'on ajoute que chacun des propriétaires en possède un ruban le coupant d'Est en Ouest et donc de bas en haut, on comprendra aisément que ce vin est "naturellement" régulier et homogène.
Lavaux Saint Jacques:
Le terroir de Lavaux - ou Lavaut - sur Gevrey est sans doute l'un des plus austères de la commune. Placé dans la partie est de la combe dont il porte le nom, il est assez venté et il lui faut plus de temps que les autres pour parvenir à juste maturité. Toutefois lorsqu'il est cueilli parfaitement mûr il dispose d'une puissance et d'une complexité qui le place parmi les meilleurs crus de la commune. N'attendez toutefois jamais d'exhubérance de ce cru retenu en jeunesse. C'est un cru svelte et dense qui possède une nature compacte en même temps que terriblement puissante et un rien sauvage. J'avoue l'apprécier particulièrement et il me semble être le seul à pouvoir rivaliser avec les Cazetiers et le Clos sur cette Côte. Encore faut-il observer où il est produit car les parties hautes - plus caillouteuse - et basses - marquées par les argiles - n'ont pas toute la même expression.
Positionné sur un sol argileux et calcaire parsemé de bans marneux, Lavaux est orienté Sud-Sud Est et si la fraîcheur éolienne des vents de la combe l'impreigne, il est aussi marqué par une forte et tardive insolation. Entre froid et chaleur il dispose d'une des natures les plus originales du finage. Mesurant un peu plus de 9,5 hectares il est assez morcelé mais a la chance de compter de nombreux excellents producteurs le récoltant.
Estournelles Saint Jacques:
Tout contre le Clos Saint Jacques qu'il longe dans sa partie supérieure, le petit cru d'Estournelles - ou encore Etournelles - surplombe le Lavaux Saint Jacques. Marqué par des terres assez pauvres calcaro-marneuses il fait sans doute partie des vins les plus élégants et raffinés de la commune avec un caractère qui le rapprocherait singulièrement de l'équilibre d'un grand vin blanc. Terre d'altitude, un peu fraîche, ventée mais parfaitement ensoleillée grâce à son orientation au Sud-Est, je le tiens pour l'une des petites merveilles minorées de Bourgogne.
Les vieux vins d'Henri Magnien, du très discret domaine Esmonin - à ne pas confondre avec Sylvie Esmonin - m'ont toujours séduit par leur style pur et ce côté tacile si caractéristique de ce climat? Emmanuel Humbert produit ici une pièce annuelle d'un vin hors norme qui est sans aucun doute "sa" grande cuvée. Recherchez ce cru car il le mérite!
Les Champeaux:
Cru discret idéalement placé à la sortie du village de Gevrey en allant sur Brochon, coincé entre les Evocelles, les Goulots et les Combes aux Moines, Champeaux donne des vins énergiques et puissants à forte capacité de garde. Son sol exposé au levant, pentu et caillouteux est composé également de terres marno-calcaires parfaitement draînées. Il me semble assez évident que le cru porte en lui deux expressions distinctes liées àl'emplacement des vignes sur le coteau. Les parties hautes plus fraîches donnent des vins à tension affirmée qui doivent tempérer leur fougue sur la durée; alors que les parties basses sont plus directement séductrices et possèdent un "soyeux potentiel" de texture plus directement évident. Bien entendu tout cela doit être tempéré par les modes de vinfications dont usent les viticulteurs.
J'ai toujours apprécié ceux puissants du domaine Naddef et l'élégance des vins de Denis Mortet et Gérard Harmand. Je me souviens aussi avoir dégusté de vieilles "quilles" chez Henri Magnien - la mémoire de Gevrey-Chambertin - en compagnie de son fils.
Les Cazetiers:
Le cru Cazetiers est situé sur la partie nord du finage, dans ce que l'on appelle localement la Côte Saint Jacques. Son sol brun foncé, argilo-marneux et mêlés de rendzines légères à certains endroits est orienté vers l' Est sur une pente assez forte. Cela procure au vin un caractère masculin affirmé. Les Cazetiers sont des vins corsés, charnus et un peu sauvages qui ont besoin d'une longue maturation sous verre pour donner toute leur mesure. Le climat est composé de deux parties distinctes:
Les Cazetiers proprement dits - 9,12 ha - qui partent du mur du Clos Saint Jacques et vont jusqu'au Combe aux Moines et les Petits Cazetiers - 96 ares -situés juste en dessous de la Combe aux Moines et qui semblent quasiment intégré dans ce cru dans une zone légèrement vallonée. Les "Grands" Cazetiers partent des maisons du vieux Gevrey pour venir mourir tout contre les sapins à une altitude relativement élevée, près de 340 mètres. Ce sont des vins d'une rare complexité, sauvages et aériens qui n'ont d'équivalent dans la commune que le Clos Saint Jacques. Aussi pleins que l'ensemble des grands crus de la Côte Chambertin ils se ditinguent nettement d'eux par un grain de texture plus affirmé et une certaine "dureté" en jeunesse. Mais au vieillissement ce sont des vins sanguins et sauvages absolument incomparables. Je les tiens pour l'un des cinq meilleurs climats premiers crus de deux Côtes "Oriennes" .
Le Poissenot
Poissenot est l'un des premiers crus de Côte d'Or les plus élevés sur le coteau. Enclavé entre Les Varoilles et Estournelles il culmine à près de 355 mètres alors que la moyenne des autres crus et proche de 260 mètres. Son exposition plein sud compense partiellement cette situation en altitude mais n'empêche pas le cru de s'exprimer sur une rectitude qui confine parfois à l'austérité. Je me suis toujours demandé d'ailleurs si cet endroit marno-calcaire très caillouteux n'auraient pas dû constituer un naturel cru blanc. Il y a fort à parier que l'on en vinifierait d'excellents ici et je suis bien certain que dans le passé certains essais y ont été opérés. Si quelqun en a le souvenir, qu'il me contacte!
Sans que je puisse absolument en être certain car mes dégustations de ces 15 dernières années n'ont pas été assez analytiques et comparatives sur ce cru, il me semble de manière intuitive que l'on peut isoler deux secteurs Poissenot. Le premier dans la partie haute contre La Romanée, que je nommerai "la maison bleue" comprend une partie conduite en terrasse et est cultivée par la famille Humbert. Un endroit frais et sec qui bénéficie d'une des plus belles "vues" de la commune sur la fin de Combe et le début du village de Gevrey haut. Le second en dessous jouxte Estournelles au levant en formant une sorte d'enclave dans les Varoilles. Les familles Geantet, Clair et Lucot se partage ce lieu mais seule la première en tire régulièrement une cuvée isolée. Les deux secteurs diffèrent car si le premier est plus fin et élégant, le scond est marqué par une richesse constitutive plus affirmée.
Si son nom et sa petite surface le déservent quelque peu il ne faut pas négliger la qualité de ce vin qui ressemble un peu aux Chanlin et Clos des Ducs de Volnay et à la partie haute du Clos des Chênes.
La Bossière:
ce tout petit cru mesurant moins de 50 ares est la propriété exclusive du domaine Harmand-Geoffroy. Le climat est situé à l'extrémité de la Combe Lavaux juste dans le prolongement du bas des Verroilles. Son sol brun noir chargé d'argile est également mêlé de petits cailloux. Situé dans une zone fraîche, tardive et orientée au Sud- Est, il y puise une nature délicate et subtile lorsqu'il est récolté bien mûr. En année tardive son grain peut être plus anguleux, sa couleur plus légère et sa tension plus affirmée. j'aime sa personnalité singulière assez atypique à Gevrey si l'on excepte les Estournelles.
Patrick Essa
Certains premiers crus de la côte ont une « aura » de grand cru pour de nombreux dégustateurs et il est parfois assez incompréhensible de constater leur niveau année après année sans pouvoir expliquer le « pourquoi » qui les a éloigné de la plus haute marche du podium au moment de la naissance des AOC dans les années trente.
A Gevrey à cette époque, le Chambertin brille de tous ses feux et de mémoire d’homme il a toujours été le premier avec son frère de sang le Clos de Bèze. Les vignes qui jouxtent ces deux terres sont plus morcelées, un rien moins bien exposées et moins considérées dans l’imaginaire communal, mais il faut dessiner un périmètre de vignes « grand cru » qui puisse satisfaire à la fois les propriétaires récoltants, les fermiers et le puissant négoce de la place ; tout en conservant la puissance de feu d’une commune qui est déjà à la première place de la côte de Nuits en compagnie de sa jumelle Vosne Romanée. En sommes il faut être capable de donner une belle surface de grand cru tout en préservant la notoriété et le sérieux de la commune en montrant que tout ne peut être classé et que surtout ce classement possède une logique. On découpera donc selon les limites joignantes des deux seigneurs précités. Un classement d’école qui – assez loin d’entériner des usages loyaux et constants – laisse sur la touche les meilleurs crus de la Côte Saint Jacques en minorant au moins trois crus de très ancienne notoriété : Le Clos Saint Jacques, la Combe aux moines et les Cazetiers.
Le Comte de Moucheron – châtelain de Meursault – possède alors l’intégralité du Clos Saint Jacques et se montre peu attiré par un classement hiérarchique qui lui paraît superflu du fait de sa position de monopole. A quoi bon classer un Clos qui de toute manière est déjà reconnu comme une tête de cuvée incontournable. Cazetiers, Estournelles et Combe aux Moines plus morcelés ne possèdent pas de vrais défenseurs influents. Les Veroilles appartiennent à M. Joliet et lui non plus ne se montre pas « acharné » pour classer cette merveilleuse entité exposée plein sud. Les instances légales ont semble t’il tranché sans avoir eu à entendre vraiment la « voix de la côte Saint Jacques » et en négligeant de manière fort légère les classements anciens. En effet le docteur Lavalle classe Verroilles, Saint Jacques et Clos Saint Jacques, Estournelles et Castiers (sic) en premières cuvées de finage comme Ruchottes, Grillotte (sic), Charmes haut, Chapelle haute et Mazy haut. Latricières, Mazoyères et toutes les parties basses des crus de la côte chambertin sont reléguées au rang de seconde cuvée…avouons le cette vision là correspond nettement plus à la réalité du terrain et à mon sentiment de dégustateur.
Le Clos Saint Jacques:
Voilà un clos qui a appartenu longtemps - en monopole - à la famille du Comte de Moucheron de Meursault. Il fut de ce fait éloigné d'un classement en grand cru car son statut de Clos ne le prédisposait pas plus que cela à ce classement d'un type "nouveau" dans les années 1930...funeste erreur! Aujourd'hui le Clos se partage entre cinq propriétaires et est dans son entier considéré comme le meilleur premier cru de Gevrey-Chambertin et sans doute même de toute la côte nuitonne avec les Amoureuses de Chambolle. Il se vend de ce fait souvent au prix d'un grand cru et en a toute la classe naturelle.
Terroir marno-calcaire, caillouteux et idéalement exposé au levant, il part de la base de la route de la Combe Lavaux pour finir proche des sapins. Sa situation de sortie de Combe associée à sa pente forte qui combine différents étages de températures en font une entité d'une complexité rare. Si l'on ajoute que chacun des propriétaires en possède un ruban le coupant d'Est en Ouest et donc de bas en haut, on comprendra aisément que ce vin est "naturellement" régulier et homogène.
Lavaux Saint Jacques:
Le terroir de Lavaux - ou Lavaut - sur Gevrey est sans doute l'un des plus austères de la commune. Placé dans la partie est de la combe dont il porte le nom, il est assez venté et il lui faut plus de temps que les autres pour parvenir à juste maturité. Toutefois lorsqu'il est cueilli parfaitement mûr il dispose d'une puissance et d'une complexité qui le place parmi les meilleurs crus de la commune. N'attendez toutefois jamais d'exhubérance de ce cru retenu en jeunesse. C'est un cru svelte et dense qui possède une nature compacte en même temps que terriblement puissante et un rien sauvage. J'avoue l'apprécier particulièrement et il me semble être le seul à pouvoir rivaliser avec les Cazetiers et le Clos sur cette Côte. Encore faut-il observer où il est produit car les parties hautes - plus caillouteuse - et basses - marquées par les argiles - n'ont pas toute la même expression.
Positionné sur un sol argileux et calcaire parsemé de bans marneux, Lavaux est orienté Sud-Sud Est et si la fraîcheur éolienne des vents de la combe l'impreigne, il est aussi marqué par une forte et tardive insolation. Entre froid et chaleur il dispose d'une des natures les plus originales du finage. Mesurant un peu plus de 9,5 hectares il est assez morcelé mais a la chance de compter de nombreux excellents producteurs le récoltant.
Estournelles Saint Jacques:
Tout contre le Clos Saint Jacques qu'il longe dans sa partie supérieure, le petit cru d'Estournelles - ou encore Etournelles - surplombe le Lavaux Saint Jacques. Marqué par des terres assez pauvres calcaro-marneuses il fait sans doute partie des vins les plus élégants et raffinés de la commune avec un caractère qui le rapprocherait singulièrement de l'équilibre d'un grand vin blanc. Terre d'altitude, un peu fraîche, ventée mais parfaitement ensoleillée grâce à son orientation au Sud-Est, je le tiens pour l'une des petites merveilles minorées de Bourgogne.
Les vieux vins d'Henri Magnien, du très discret domaine Esmonin - à ne pas confondre avec Sylvie Esmonin - m'ont toujours séduit par leur style pur et ce côté tacile si caractéristique de ce climat? Emmanuel Humbert produit ici une pièce annuelle d'un vin hors norme qui est sans aucun doute "sa" grande cuvée. Recherchez ce cru car il le mérite!
Les Champeaux:
Cru discret idéalement placé à la sortie du village de Gevrey en allant sur Brochon, coincé entre les Evocelles, les Goulots et les Combes aux Moines, Champeaux donne des vins énergiques et puissants à forte capacité de garde. Son sol exposé au levant, pentu et caillouteux est composé également de terres marno-calcaires parfaitement draînées. Il me semble assez évident que le cru porte en lui deux expressions distinctes liées àl'emplacement des vignes sur le coteau. Les parties hautes plus fraîches donnent des vins à tension affirmée qui doivent tempérer leur fougue sur la durée; alors que les parties basses sont plus directement séductrices et possèdent un "soyeux potentiel" de texture plus directement évident. Bien entendu tout cela doit être tempéré par les modes de vinfications dont usent les viticulteurs.
J'ai toujours apprécié ceux puissants du domaine Naddef et l'élégance des vins de Denis Mortet et Gérard Harmand. Je me souviens aussi avoir dégusté de vieilles "quilles" chez Henri Magnien - la mémoire de Gevrey-Chambertin - en compagnie de son fils.
Les Cazetiers:
Le cru Cazetiers est situé sur la partie nord du finage, dans ce que l'on appelle localement la Côte Saint Jacques. Son sol brun foncé, argilo-marneux et mêlés de rendzines légères à certains endroits est orienté vers l' Est sur une pente assez forte. Cela procure au vin un caractère masculin affirmé. Les Cazetiers sont des vins corsés, charnus et un peu sauvages qui ont besoin d'une longue maturation sous verre pour donner toute leur mesure. Le climat est composé de deux parties distinctes:
Les Cazetiers proprement dits - 9,12 ha - qui partent du mur du Clos Saint Jacques et vont jusqu'au Combe aux Moines et les Petits Cazetiers - 96 ares -situés juste en dessous de la Combe aux Moines et qui semblent quasiment intégré dans ce cru dans une zone légèrement vallonée. Les "Grands" Cazetiers partent des maisons du vieux Gevrey pour venir mourir tout contre les sapins à une altitude relativement élevée, près de 340 mètres. Ce sont des vins d'une rare complexité, sauvages et aériens qui n'ont d'équivalent dans la commune que le Clos Saint Jacques. Aussi pleins que l'ensemble des grands crus de la Côte Chambertin ils se ditinguent nettement d'eux par un grain de texture plus affirmé et une certaine "dureté" en jeunesse. Mais au vieillissement ce sont des vins sanguins et sauvages absolument incomparables. Je les tiens pour l'un des cinq meilleurs climats premiers crus de deux Côtes "Oriennes" .
Le Poissenot
Poissenot est l'un des premiers crus de Côte d'Or les plus élevés sur le coteau. Enclavé entre Les Varoilles et Estournelles il culmine à près de 355 mètres alors que la moyenne des autres crus et proche de 260 mètres. Son exposition plein sud compense partiellement cette situation en altitude mais n'empêche pas le cru de s'exprimer sur une rectitude qui confine parfois à l'austérité. Je me suis toujours demandé d'ailleurs si cet endroit marno-calcaire très caillouteux n'auraient pas dû constituer un naturel cru blanc. Il y a fort à parier que l'on en vinifierait d'excellents ici et je suis bien certain que dans le passé certains essais y ont été opérés. Si quelqun en a le souvenir, qu'il me contacte!
Sans que je puisse absolument en être certain car mes dégustations de ces 15 dernières années n'ont pas été assez analytiques et comparatives sur ce cru, il me semble de manière intuitive que l'on peut isoler deux secteurs Poissenot. Le premier dans la partie haute contre La Romanée, que je nommerai "la maison bleue" comprend une partie conduite en terrasse et est cultivée par la famille Humbert. Un endroit frais et sec qui bénéficie d'une des plus belles "vues" de la commune sur la fin de Combe et le début du village de Gevrey haut. Le second en dessous jouxte Estournelles au levant en formant une sorte d'enclave dans les Varoilles. Les familles Geantet, Clair et Lucot se partage ce lieu mais seule la première en tire régulièrement une cuvée isolée. Les deux secteurs diffèrent car si le premier est plus fin et élégant, le scond est marqué par une richesse constitutive plus affirmée.
Si son nom et sa petite surface le déservent quelque peu il ne faut pas négliger la qualité de ce vin qui ressemble un peu aux Chanlin et Clos des Ducs de Volnay et à la partie haute du Clos des Chênes.
La Bossière:
ce tout petit cru mesurant moins de 50 ares est la propriété exclusive du domaine Harmand-Geoffroy. Le climat est situé à l'extrémité de la Combe Lavaux juste dans le prolongement du bas des Verroilles. Son sol brun noir chargé d'argile est également mêlé de petits cailloux. Situé dans une zone fraîche, tardive et orientée au Sud- Est, il y puise une nature délicate et subtile lorsqu'il est récolté bien mûr. En année tardive son grain peut être plus anguleux, sa couleur plus légère et sa tension plus affirmée. j'aime sa personnalité singulière assez atypique à Gevrey si l'on excepte les Estournelles.
Patrick Essa
Re: Gevrey-Chambertin et son vignoble
Les premiers crus de La Côte Chambertin
La commune de Gevrey a été sage au moment des classements des années 1930/1940. Nulle part mieux qu'ici les proportions des villages, premiers crus et grands crus n'ont été aussi équitables. Le client qui cherche à acheter du vin à ici de quoi se fournir dans les trois niveaux de la gamme et peut même, cerise sur le gâteau, compter sur de bons Bourgogne génériques par la grâce d'un vaste cône de déjections créés par des dépôts limoneux forts qualitatifs.
Ainsi de manière assez logique il n'est point de cru qui soit galvaudé sur la Côte Chambertin et tous ont un message aromatique assez personnel à mettre en avant. Seul petit bémol, la petite entité des crus "centraux" entre Côte Saint Jacques et Côte Chambertin qui sans démériter n'est pas au niveau des autres premiers crus du finage qui pour nombre d'entre eux pourraient passer pour des oubliés du sommet du classement. Combien de Clos Prieur, Combottes et autres Cherbaudes pourraient en ses terres rivaliser sans honte avec leurs prestigieux voisins...ainsi va la vie des communes vastes qui ont nécessairement taillé moins larges les contours de leur excellence.
Entre Morey au Sud et la route de la Combe Lavaux, cette côté peu large, assez faiblement inclinée vers l'Est et coiffée par des sapins sombres est sous l'influence éolienne des deux combes qui l'encadrent, Grisard au Sud et Lavaux au Nord. C'est ainsi une zone tempérée qui permet aux pinots noiriens de s'épanouir sur une maturité ni trop tardive, ni trop précoce, leur procurant peaux épaisses et aoûtement des rafles et pépins. Sa ventilation éloigne les maladies, sa pente douce permet un bon drainage en limitant les ravinements et son substrat est incomparable pour charpenter des crus pleins et charnus.
La Petite Chapelle:
La petite Chapelle était autrefois dénommée Chapelle "basse" ou encore "champitenois". Pendant inférieur de la Chapelle Haute qui donne aujourd'hui en compagnie des Gesmeaux le grand cru Chapelle-Chambertin, c'est un premier cru naturel qui ne souffre d'aucune contestation. De ce fait il est souvent considéré comme l'un des cinq meilleurs de la commune.
Le cru placé sous la Chapelle-Chambertin et les Gesmeaux encadre le très peu connu et revendiqué climat "en Ergot". Il mesure un peu plus de 4 hectares et montre une nature complexe qui mêle douceur de texture et finesse dans certaines cuvées et fougue et tension dans certaines autres. De ce fait l'aura de vin "plutôt" féminin et tendre qu'il véhicule n'est pas toujours avérée car il existe des exemples étonnants de ce cru aussi masculins et athlétiques que peu délicats. En revanche sa complexité n'est jamais prise en défaut et sa nature tellurique est d'une rare prégnance. Sans doute les parcelles - peu nombreuses - surplombant En Ergot ont-elles même un rien plus de délicatesse...mais en la matière il faudrait organiser une vraie comparaison car mon observation est purement "sensitive".
Je déguste depuis de nombreuses années ceux des domaines Rossignol-Trapet et Trapet mais également par intermittence les vins des domaines Dugat-Py, Humbert, Guillon, Marchand-Grillot et du domaine des Perrières. Il me semble que le vin a toujours un vrai besoin de temps pour affiner sa nature, qu'elle soit délicate ou musclée. Une Petite Chapelle se rapproche nettement du caractère Gesmeaux avec un rien de finesse en plus et sans doute un peu moins de feu intérieur, mais c'est toujours un fort beau vin!
Bel-Air:
Dans le prolongement des Ruchottes du Dessus et juste au dessus du Chambertin Clos de Beze, le climat de Bel-Air semble avoir été conquis récemment sur les sapins surplombant actuellement la côte. Il n'en est rien car on retrouve la trace de ce cru dans des parcellaires forts anciens et il semble avoir toujours été planté de vignes...avant même que les résineux ne couvrent le dessus du coteau. Cela dit comme le climat se décompose en parties "villages" au dessus et "premier cru " en bas" il est assez certain que l'homme a augmenté imperceptiblement son pré-carré au fil du temps. Parfois de manière quelque peu intempestive comme récemment...gageons que les instances gibriaçoises continueront d'exercer à bon escient leur vigilance par l'intermédiaire de l'ODG de l'appellation.
Ce cru élevé est le plus frais de la Côte Chambertin. Marqué sur ses 2,66 ha par des terres légères à assez profondes surtout au nord en bas, il est également caillouteux et marno-calcaire. Son exposition plein Est lui confère une bonne insolation et pour peu qu'il soit récolté mûr - et donc assez tardivement - il participe sans doute un peu de la qualité de ces voisisns célèbres.
Je l'ai souvent dégusté dans mes premières années de dégustateur chez Charles Quillardet puis chez Taupenot-Merme et Charlopin en lui trouvant toujours une réelle présence et un grain tactile affirmé. Ce n'est pas le plus délicat de la côte mais son fruité éclatant plaide incontestablement en sa faveur.
Les Cherbaudes :
Il s'agit probablement du plus fin des premiers crus de Gevrey-Chambertin. Dans le prolongement septentrional des Gesmeaux qui ont le droit à l'appellation Chapelle-Chambertin, ce cru relativement plat et solaire repose sur un substrat argilo-calcaire mêlé de limons. Assez morcelé si l’on excepte les parcelles Fourrier (17 ouvrées), Beaumont (12 ouvrées) et Boillot (8 ouvrées) il est de ce fait assez rare mais sa qualité est incontestable. Mesurant 2,19 ha il marque les crus du côté de la distinction et ressemblerait "presque" à un Chambolle égaré dans la Côte Chambertin. Je me souviens de "spécimens" d'âges honorables d'une indicible délicatesse dégustés chez Pierre Boillot mais aussi au domaine Marchand à Morey. Je le compare également aux Cailles de Nuits Saint Georges et lui attribue en dépit de sa nature soyeuse et avenante une très belle capacité de garde. Incontestablement à positionner dans la première catégorie des "premiers crus" à mon sens.
La Perrière :
Mesurant 2,47 ha la Perrière est un climat pourtant assez disparate car il comporte en son sein les vestiges d'une carrière exploitée durant plusieurs siècles. Il en résulte une importante dépression que l'on peut facilement observer le long de la route des grands crus juste en face des Mazis Bas. Son sol a par ailleurs longtemps été parsemé de Chenevières dans sa partie haute au sud - d'après les recherches cadastrales de Charlotte Fromont - et il me semble que seules les parties médianes et basses peuvent être considérées comme un substrat naturel non remodelé. Qui qu'il convient d'être ici prudent car le passé recèle d'informations que nous ne connaissons pas toujours.
Assez proches du Closeau voisin, ces terres sombres et caillouteuses ont une belle proportion d'argile et diffèrent sensiblement du haut du Clos Prieur qui touche le climat au sud. Ce n'est pas le vin que je préfère en général car si je lui trouve une vraie finesse de constitution, il manque parfois d'un peu de corps et de profondeur pour égaler les Clos Prieur et Petite Chapelle non loin. Un vin fin et bouqueté, assez proche de la nature variétale du pinot noir mais sans la race ultime des crus mitoyens. Il se déguste en général un peu plus rapidement que les autres.
Au Closeau:
Petit premier cru mesurant 53 ares Closeau est fort bien situé au pied de la Cote des grands crus juste sous le Mazis-Bas. et comme enclavé dans la Perrière. Je ne sais si ces terres ont été remaniées et s'il a été utilisé comme chenevières ou comme carrière - il y en avait dans la Perrière voisine - mais il est certain que sa situation à la sortie du village lui a vallu diverses attributions au cours des siècles.
Son sol argileux et blond qui mêle cailloux et quelques dépôts limoneux doit sans doute donner des vins dans laquelle la finesse s'affirme. Mais je ne m'aventurerai pas à le caractériser car je le déguste très peu. Deux propriétaires se le partagent- le domaine des Perrières et Drouhin Laroze -et seule ce dernier qui possède les 8/10 du climat en produit un régulièrement.
Les Fontenys:
Voilà un cru au fond assez méconnu qui est situé sur le cône de déjection de la combe Lavaux. Marqué par une situation assez singulière qui le fait regarder au septentrion selon une pente relativement accidentée, il mesure 3ha 73 ares.
Il comporte je pense deux parties distinctes, une partie basse qui jouxte les maisons du village est plus fraîche et argileuse. Elle livre des vins charnus et un peu austères qui révèlent souvent une nature un peu ombrageuse en jeunesse mais qui vieillissent bien. L'autre partie, pentue comporte le Clos du Fonteny - 18 ouvrées - exploité par Bruno Clair à Marsannay. Les deux hectares restant sont assez morcelés mais l'on y retrouve deux belles parcelles appartenant au domaine Joseph Roty et à Christian Sérafin. Je n'ai jamais trouvé de réelle unité de terroir dans ces vins qui ne font pas partie de mon panthéon personnel au niveau communal. Ce sont pour moi d'honnêtes "villages" qui n'ont pas souvent la carrure d'un vrai premier cru. Mais sans doute suis-je là un peu sévère...
Clos Prieur:
Entre La Perrière et Cherbaudes le Clos Prieur est un cru qui est souvent considéré parmi les meilleurs de la Côte Chambertin. Une situation juste sous les Bas Mazis sur une zone relativement plane et limoneuse qui combine argile et cailloutis lui procure un caractère « réglissé » qui le rapproche nettement du grand cru voisin.
Il se partage en deux parties distinctes, l'une haute en appellation premier cru et la seconde "basse" en appellation village. Cette dernière plus argileuse et moins « draînante » n'en possède pas moins un vrai potentiel. Certains domaines - comme Marc Roy - possède des parcelles dans les deux zones et les assemble pour les déclarer en "village". Une aubaine pour les particuliers qui le savent! Le "Haut" mesure 1, 97 ha seulement et la plus grande parcelle est exploitée par le domaine Rossignol-Trapet qui en cultive 26,51 ares.
Les Corbeaux:
Corbeaux est un peu le vilain petit canard de Gevrey si l'on considère son nom bien peu attractif. Il rejoint en celà certains "Cras" des villages voisins qui eux aussi rappellent le noir et bien peu élégant volatile. Mais en Bourgogne il ne faut pas s'arrêter à la joliesse supposée du nom et il semble avéré que certains Charmes peuvent être un peu surfaits et non moins évident que cet oiseau là n'augure d'aucun mauvais présage.
Terre sombre, mêlée de cailloutis le climat orienté au levant est contigu des Mazis bas et juste séparé de lui par une "coupée". Ses premiers rangs ne sont pas loin de le valoir car ils partagent sont sol et son exposition en même temps que sa douce déclivité. En revanche seule la moitié des 3,20 hectares du climat possède ce caractère car plus l'on s'approche des maisons du village au nord plus la pente s'abaisse et le sol s'alourdit.
C'est un cru que je déguste assez souvent chez Denis Bachelet, Heresztyn, Pierre Boillot et Rossignol-Trapet et il me paraît tout à fait digne des plus belles expressions de cette côte fabuleuse. Un vin plein, sauvage et puissant qui vieillit avec une grâce remarquable dans une registre qui curieusement annonce un peu le caractère de la Côte Saint Jacques
.
Les Champonnets:
Voilà un cru assez méconnu qui cherche un peu sa véritable nature car il est coincé entre les deux Côtes de Gevrey-Chambertin et se situe sur le cône de déjection limonneux de la Combe Lavaux. Il constitue en compagnie d'Issarts, Craipillot Fonteny et du Clos du Chapitre une zone de transition, ventée, assez fraîche mais comportant des sols calcaires de très bonne qualité. Ce sont des crus un peu plus tardifs qui versent un peu vers le nord et qui doivent à mon sens être cueillis un rien plus tard que les autres pour s'exprimer pleinement mais qui peuvent en revanche avoir une capacité de garde étonnante.
Le cru est petit et ne mesure que 3,32 hectares, il est de plus très morcelé si l'on excepte la grande parcelle du domaine des Varoilles (70 ares). Beaucoup de producteurs assemblent leurs quelques ouvrées avec d'autres crus du finage pour revendiquer le vin assemblé en "premier cru" simple, c'est le cas du domaine Denis Mortet. J'aime souvent les vins des domaines Guillon, Louis Boillot et Herestyn car ils sont impeccablement vinifiés et marqués par une petite austérité initiale qui leur sied bien car ils vieillissent avec harmonie. Je déguste parfois aussi celui de Faiveley qui exploite une partie du bord ouest du climat.
Patrick Essa
La commune de Gevrey a été sage au moment des classements des années 1930/1940. Nulle part mieux qu'ici les proportions des villages, premiers crus et grands crus n'ont été aussi équitables. Le client qui cherche à acheter du vin à ici de quoi se fournir dans les trois niveaux de la gamme et peut même, cerise sur le gâteau, compter sur de bons Bourgogne génériques par la grâce d'un vaste cône de déjections créés par des dépôts limoneux forts qualitatifs.
Ainsi de manière assez logique il n'est point de cru qui soit galvaudé sur la Côte Chambertin et tous ont un message aromatique assez personnel à mettre en avant. Seul petit bémol, la petite entité des crus "centraux" entre Côte Saint Jacques et Côte Chambertin qui sans démériter n'est pas au niveau des autres premiers crus du finage qui pour nombre d'entre eux pourraient passer pour des oubliés du sommet du classement. Combien de Clos Prieur, Combottes et autres Cherbaudes pourraient en ses terres rivaliser sans honte avec leurs prestigieux voisins...ainsi va la vie des communes vastes qui ont nécessairement taillé moins larges les contours de leur excellence.
Entre Morey au Sud et la route de la Combe Lavaux, cette côté peu large, assez faiblement inclinée vers l'Est et coiffée par des sapins sombres est sous l'influence éolienne des deux combes qui l'encadrent, Grisard au Sud et Lavaux au Nord. C'est ainsi une zone tempérée qui permet aux pinots noiriens de s'épanouir sur une maturité ni trop tardive, ni trop précoce, leur procurant peaux épaisses et aoûtement des rafles et pépins. Sa ventilation éloigne les maladies, sa pente douce permet un bon drainage en limitant les ravinements et son substrat est incomparable pour charpenter des crus pleins et charnus.
La Petite Chapelle:
La petite Chapelle était autrefois dénommée Chapelle "basse" ou encore "champitenois". Pendant inférieur de la Chapelle Haute qui donne aujourd'hui en compagnie des Gesmeaux le grand cru Chapelle-Chambertin, c'est un premier cru naturel qui ne souffre d'aucune contestation. De ce fait il est souvent considéré comme l'un des cinq meilleurs de la commune.
Le cru placé sous la Chapelle-Chambertin et les Gesmeaux encadre le très peu connu et revendiqué climat "en Ergot". Il mesure un peu plus de 4 hectares et montre une nature complexe qui mêle douceur de texture et finesse dans certaines cuvées et fougue et tension dans certaines autres. De ce fait l'aura de vin "plutôt" féminin et tendre qu'il véhicule n'est pas toujours avérée car il existe des exemples étonnants de ce cru aussi masculins et athlétiques que peu délicats. En revanche sa complexité n'est jamais prise en défaut et sa nature tellurique est d'une rare prégnance. Sans doute les parcelles - peu nombreuses - surplombant En Ergot ont-elles même un rien plus de délicatesse...mais en la matière il faudrait organiser une vraie comparaison car mon observation est purement "sensitive".
Je déguste depuis de nombreuses années ceux des domaines Rossignol-Trapet et Trapet mais également par intermittence les vins des domaines Dugat-Py, Humbert, Guillon, Marchand-Grillot et du domaine des Perrières. Il me semble que le vin a toujours un vrai besoin de temps pour affiner sa nature, qu'elle soit délicate ou musclée. Une Petite Chapelle se rapproche nettement du caractère Gesmeaux avec un rien de finesse en plus et sans doute un peu moins de feu intérieur, mais c'est toujours un fort beau vin!
Bel-Air:
Dans le prolongement des Ruchottes du Dessus et juste au dessus du Chambertin Clos de Beze, le climat de Bel-Air semble avoir été conquis récemment sur les sapins surplombant actuellement la côte. Il n'en est rien car on retrouve la trace de ce cru dans des parcellaires forts anciens et il semble avoir toujours été planté de vignes...avant même que les résineux ne couvrent le dessus du coteau. Cela dit comme le climat se décompose en parties "villages" au dessus et "premier cru " en bas" il est assez certain que l'homme a augmenté imperceptiblement son pré-carré au fil du temps. Parfois de manière quelque peu intempestive comme récemment...gageons que les instances gibriaçoises continueront d'exercer à bon escient leur vigilance par l'intermédiaire de l'ODG de l'appellation.
Ce cru élevé est le plus frais de la Côte Chambertin. Marqué sur ses 2,66 ha par des terres légères à assez profondes surtout au nord en bas, il est également caillouteux et marno-calcaire. Son exposition plein Est lui confère une bonne insolation et pour peu qu'il soit récolté mûr - et donc assez tardivement - il participe sans doute un peu de la qualité de ces voisisns célèbres.
Je l'ai souvent dégusté dans mes premières années de dégustateur chez Charles Quillardet puis chez Taupenot-Merme et Charlopin en lui trouvant toujours une réelle présence et un grain tactile affirmé. Ce n'est pas le plus délicat de la côte mais son fruité éclatant plaide incontestablement en sa faveur.
Les Cherbaudes :
Il s'agit probablement du plus fin des premiers crus de Gevrey-Chambertin. Dans le prolongement septentrional des Gesmeaux qui ont le droit à l'appellation Chapelle-Chambertin, ce cru relativement plat et solaire repose sur un substrat argilo-calcaire mêlé de limons. Assez morcelé si l’on excepte les parcelles Fourrier (17 ouvrées), Beaumont (12 ouvrées) et Boillot (8 ouvrées) il est de ce fait assez rare mais sa qualité est incontestable. Mesurant 2,19 ha il marque les crus du côté de la distinction et ressemblerait "presque" à un Chambolle égaré dans la Côte Chambertin. Je me souviens de "spécimens" d'âges honorables d'une indicible délicatesse dégustés chez Pierre Boillot mais aussi au domaine Marchand à Morey. Je le compare également aux Cailles de Nuits Saint Georges et lui attribue en dépit de sa nature soyeuse et avenante une très belle capacité de garde. Incontestablement à positionner dans la première catégorie des "premiers crus" à mon sens.
La Perrière :
Mesurant 2,47 ha la Perrière est un climat pourtant assez disparate car il comporte en son sein les vestiges d'une carrière exploitée durant plusieurs siècles. Il en résulte une importante dépression que l'on peut facilement observer le long de la route des grands crus juste en face des Mazis Bas. Son sol a par ailleurs longtemps été parsemé de Chenevières dans sa partie haute au sud - d'après les recherches cadastrales de Charlotte Fromont - et il me semble que seules les parties médianes et basses peuvent être considérées comme un substrat naturel non remodelé. Qui qu'il convient d'être ici prudent car le passé recèle d'informations que nous ne connaissons pas toujours.
Assez proches du Closeau voisin, ces terres sombres et caillouteuses ont une belle proportion d'argile et diffèrent sensiblement du haut du Clos Prieur qui touche le climat au sud. Ce n'est pas le vin que je préfère en général car si je lui trouve une vraie finesse de constitution, il manque parfois d'un peu de corps et de profondeur pour égaler les Clos Prieur et Petite Chapelle non loin. Un vin fin et bouqueté, assez proche de la nature variétale du pinot noir mais sans la race ultime des crus mitoyens. Il se déguste en général un peu plus rapidement que les autres.
Au Closeau:
Petit premier cru mesurant 53 ares Closeau est fort bien situé au pied de la Cote des grands crus juste sous le Mazis-Bas. et comme enclavé dans la Perrière. Je ne sais si ces terres ont été remaniées et s'il a été utilisé comme chenevières ou comme carrière - il y en avait dans la Perrière voisine - mais il est certain que sa situation à la sortie du village lui a vallu diverses attributions au cours des siècles.
Son sol argileux et blond qui mêle cailloux et quelques dépôts limoneux doit sans doute donner des vins dans laquelle la finesse s'affirme. Mais je ne m'aventurerai pas à le caractériser car je le déguste très peu. Deux propriétaires se le partagent- le domaine des Perrières et Drouhin Laroze -et seule ce dernier qui possède les 8/10 du climat en produit un régulièrement.
Les Fontenys:
Voilà un cru au fond assez méconnu qui est situé sur le cône de déjection de la combe Lavaux. Marqué par une situation assez singulière qui le fait regarder au septentrion selon une pente relativement accidentée, il mesure 3ha 73 ares.
Il comporte je pense deux parties distinctes, une partie basse qui jouxte les maisons du village est plus fraîche et argileuse. Elle livre des vins charnus et un peu austères qui révèlent souvent une nature un peu ombrageuse en jeunesse mais qui vieillissent bien. L'autre partie, pentue comporte le Clos du Fonteny - 18 ouvrées - exploité par Bruno Clair à Marsannay. Les deux hectares restant sont assez morcelés mais l'on y retrouve deux belles parcelles appartenant au domaine Joseph Roty et à Christian Sérafin. Je n'ai jamais trouvé de réelle unité de terroir dans ces vins qui ne font pas partie de mon panthéon personnel au niveau communal. Ce sont pour moi d'honnêtes "villages" qui n'ont pas souvent la carrure d'un vrai premier cru. Mais sans doute suis-je là un peu sévère...
Clos Prieur:
Entre La Perrière et Cherbaudes le Clos Prieur est un cru qui est souvent considéré parmi les meilleurs de la Côte Chambertin. Une situation juste sous les Bas Mazis sur une zone relativement plane et limoneuse qui combine argile et cailloutis lui procure un caractère « réglissé » qui le rapproche nettement du grand cru voisin.
Il se partage en deux parties distinctes, l'une haute en appellation premier cru et la seconde "basse" en appellation village. Cette dernière plus argileuse et moins « draînante » n'en possède pas moins un vrai potentiel. Certains domaines - comme Marc Roy - possède des parcelles dans les deux zones et les assemble pour les déclarer en "village". Une aubaine pour les particuliers qui le savent! Le "Haut" mesure 1, 97 ha seulement et la plus grande parcelle est exploitée par le domaine Rossignol-Trapet qui en cultive 26,51 ares.
Les Corbeaux:
Corbeaux est un peu le vilain petit canard de Gevrey si l'on considère son nom bien peu attractif. Il rejoint en celà certains "Cras" des villages voisins qui eux aussi rappellent le noir et bien peu élégant volatile. Mais en Bourgogne il ne faut pas s'arrêter à la joliesse supposée du nom et il semble avéré que certains Charmes peuvent être un peu surfaits et non moins évident que cet oiseau là n'augure d'aucun mauvais présage.
Terre sombre, mêlée de cailloutis le climat orienté au levant est contigu des Mazis bas et juste séparé de lui par une "coupée". Ses premiers rangs ne sont pas loin de le valoir car ils partagent sont sol et son exposition en même temps que sa douce déclivité. En revanche seule la moitié des 3,20 hectares du climat possède ce caractère car plus l'on s'approche des maisons du village au nord plus la pente s'abaisse et le sol s'alourdit.
C'est un cru que je déguste assez souvent chez Denis Bachelet, Heresztyn, Pierre Boillot et Rossignol-Trapet et il me paraît tout à fait digne des plus belles expressions de cette côte fabuleuse. Un vin plein, sauvage et puissant qui vieillit avec une grâce remarquable dans une registre qui curieusement annonce un peu le caractère de la Côte Saint Jacques
.
Les Champonnets:
Voilà un cru assez méconnu qui cherche un peu sa véritable nature car il est coincé entre les deux Côtes de Gevrey-Chambertin et se situe sur le cône de déjection limonneux de la Combe Lavaux. Il constitue en compagnie d'Issarts, Craipillot Fonteny et du Clos du Chapitre une zone de transition, ventée, assez fraîche mais comportant des sols calcaires de très bonne qualité. Ce sont des crus un peu plus tardifs qui versent un peu vers le nord et qui doivent à mon sens être cueillis un rien plus tard que les autres pour s'exprimer pleinement mais qui peuvent en revanche avoir une capacité de garde étonnante.
Le cru est petit et ne mesure que 3,32 hectares, il est de plus très morcelé si l'on excepte la grande parcelle du domaine des Varoilles (70 ares). Beaucoup de producteurs assemblent leurs quelques ouvrées avec d'autres crus du finage pour revendiquer le vin assemblé en "premier cru" simple, c'est le cas du domaine Denis Mortet. J'aime souvent les vins des domaines Guillon, Louis Boillot et Herestyn car ils sont impeccablement vinifiés et marqués par une petite austérité initiale qui leur sied bien car ils vieillissent avec harmonie. Je déguste parfois aussi celui de Faiveley qui exploite une partie du bord ouest du climat.
Patrick Essa
Re: Gevrey-Chambertin et son vignoble
Un grand merci Patrick pour ce partage.
De belles lectures.
De belles lectures.
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WineBoy
La dégustation à l'aveugle est une grande leçon d'humilité.
Michel Therrien- Messages : 10010
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