Documentaire Au pif

Vincent c'est pas pour rien qu'on appelait Kovalev l'Artiste!

J'imagine qu'on puisse peut-être ému par son talent, son incroyable facilité certes, mais son but n'était pas d'être un artiste, c'était de gagner des parties de hockey, pas d'émouvoir le public! On ne peut exclure de l'évaluation de son "œuvre" son intention.

Et pour revenir à la discussion initiale, il me semble qu'on ne peut comparer ce type d'intention (soit gagner une partie de hockey) à celui de vouloir rendre compte de la condition humaine, voire la bonifier par une création artistique. En ce sens, les concours de sommellerie sont, pour moi, équivalents à un concours sportif, même s'ils sont moins populaires.

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Malheureusement Alain, je ne suis pas d'accord avec toi. Tout ne se vaut pas.

Ma réflexion porte sur le contenant, les passions, plutôt que sur le contenu, ce qu'on en fait. Je conçois très bien que l'on puisse "évaluer" l'expertise d'un passionné dans son domaine. Mais une hiérarchisation des passions ne m'apparait pas recevable d'un point de vue éthique.

[quote="Yves Martineau"


Tout à fait, et dieu merci, on n'a pas de concours mondial du meilleur avocat, ni du meilleur cordonnier, menuisier ou médecin de famille.

quote]

Mais ça ne me surprendrait pas qu'il y ait bientôt un concours mondial du meilleur cuisinier !

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:Et pour revenir à la discussion initiale, il me semble qu'on ne peut comparer ce type d'intention (soit gagner une partie de hockey) à celui de vouloir rendre compte de la condition humaine, voire la bonifier par une création artistique. En ce sens, les concours de sommellerie sont, pour moi, équivalents à un concours sportif, même s'ils sont moins populaires.

Je suis assez d'accord, c'est pourquoi j'écrivais que ça empruntait aux codes du sport, mais pour mesurer un acte qui n'a rien de sportif en soit.

Ce type de concours est aussi une forme d'éteignoir pour la créativité. Quiconque tenterait de révolutionner le service du vin n'irait pas très loin...

Alain Roy a écrit:
Il y a un petit coté chien savant présent dans plusieurs, si ce n'est pas tout les domaines...dont le droit...et la cuisine entre autres !
Voilà c'est dit, vous pouvez me tirer dessus pour le sacrilège.

Tu oublie la médecine....loll Juste penser au cours d'anatomie!!!

Là je suis certain de me faire tirer...loll

Sur une note plus légère, je crois que le sommelier du resto à Chicago qui m'a offert la carafe de Charmes-Chambertin d'Armand Rousseau délaissée de ses clients, devrait recevoir un prix "coup de coeur des clients reconnaissants" à ce genre de concours!

Vincent Messier-Lemoyne a écrit:
Mais la poésie accidentelle et intentionnelle n'ont pas pour moi la même valeur.

Désolé de revenir là-dessus Vincent, mais à la relecture de cet échange j'ai la nette impression que l'apparente simplicité et clarté de ton propos ne rend pas justice à ce qu'est la poésie. Je m'étends donc un peu là-dessus au risque d'en ennuyer plus d'un et de paraître professoral...

La poésie nous vient des grecs. Le terme grec poiesis, dérivé de poieîn, est très général : action de faire, création. A ce niveau il n'y a pas vraiment de distinction à faire entre poésie "accidentelle" et "intentionnelle" pour prendre une terminologie proche de la tienne.

Certes, on peut raffiner et accepter qu'un des usages de "poésie" est restreint à l'art du langage en vers, par opposition à la prose, mais alors on évacue toute possibilité de dire qu'une oeuvre romanesque puisse avoir autant de poésie qu'un poème... Ce qui est absurde.

Il faut donc aller plus loin, et on tombe sur la seconde définition : celle relevant des conceptions, qualités en lien avec cette activité. On tombe alors rapidement sur des points communs entre prose, poésie, musique, etc.

Et finalement, et c'est le troisième niveau du terme, peut-être le plus près du sens original : les qualités dans une oeuvre, un objet, un personnage, une situation, qui suscite un émotion rare, de nature poétique.

A ce titre, je suis personnellement au moins aussi impressionné par Roger Federer que la chanteuse Barbara. En fait bien plus par le premier, mais c'est probablement dû à mon intérêt plus grand pour le tennis que pour la chanson française de la seconde moitié du XXème siècle.

Regardez le film d'art Zidane, un portrait du 21ème siècle.

Plusieurs camera hd suive le grand joueur pendant 90 minutes. Si c'est pas de la poésie un tel joueur... On aurait pu faire le même film en suivant Federer pendant tout un match.

Ludwig Desjardins a écrit:Regardez le film d'art Zidane, un portrait du 21ème siècle.

Plusieurs camera hd suive le grand joueur pendant 90 minutes. Si c'est pas de la poésie un tel joueur... On aurait pu faire le même film en suivant Federer pendant tout un match.

Je suis mêlé là...C'est qui le poète ? Zidane ? La caméra ? Le réalisateur ? Celui qui réagit à l'oeuvre ? Tous ? Au fait, qui a écrit le scénario ? La poésie serait-elle davantage dans l'œil du passionné qui regarde, ou qui lit, que dans celui qui la fait ?

C'est pourquoi un paysage peut être poétique Alain! Pas besoin de poète...

Le grand philosophe Deleuze aimait bien divaguer sur la poésie du tennis!

1re partie:
https://www.youtube.com/watch?v=Z9vikAPaXAQ
2e partie:
https://www.youtube.com/watch?v=BHFsTE5Gt74

Divague dans la 1ère partie, mais fabuleux dans la deuxième! Ce qu'il dit sur Borg et McEnroe est si juste.

J'ai de la difficulté à imaginer pareil exercice dissertant de l'évolution des concours de sommellerie!

Merci Alexandre de nous rappeler cet abécédaire fascinant, parfois confus, parfois roublard, d'autres fois ému, mais cherchant toujours les liens féconds. Une immense culture ce Deleuze...

Alain Roy a écrit:

\"Yves Martineau" Tout à fait, et dieu merci, on n'a pas de concours mondial du meilleur avocat, ni du meilleur cordonnier, menuisier ou médecin de famille. quote a écrit:

Mais ça ne me surprendrait pas qu'il y ait bientôt un concours mondial du meilleur cuisinier !

Bocus d'or qui existe depuis longtemps

Intéressant ! En lisant sur le web, je me suis rappelé le reportage annonçant la participation de Laurent Godbout à ce concours. Les photos de plats sur Google sont hallucinantes ! Je ne veux rien enlever aux sommeliers, mais...!

ps J'ai eu la chance de dîner au resto de Bocuse en banlieue de Lyon. Pas mon genre, mais toute une expérience ! À faire une fois dans sa vie !

*

Très intéressant retour Olivier. Ça me permet constater que j’ai probablement une vision de la poésie un peu étroite. Et si je comprends bien ce que tu dis, je ne peux m’empêcher de distinguer entre la poésie souhaitée par un artiste et celle plus accidentelle d’un superbe joueur de tennis.

Afin de bien me faire comprendre, si je peux trouver un paysage poétique (pour reprendre l'exemple de Ludwig), il m’arrive plus souvent d’être ému par la photo d’un paysage prise par un artiste plutôt que par le paysage lui-même. Ça me rappelle une conférence de Wajdi Mouawad qui disait être assez peu touché par les faits eux-mêmes, mais bien davantage par leur récit. Pour moi, la poésie tient au moins autant au processus qu'à la finalité. C'est pourquoi je distinguais, grossièrement peut-être, entre la poésie accidentelle et intentionnelle.

Ludwig Desjardins a écrit:D'accord avec Yves, car ce genre de concours importe des codes du sport et on se demande au final en regardant le type d'épreuves ce qui est réellement mesuré... Un jury qui décide que tel candidat a mieux décanté et servi un Albert Boxler 2008, franchement je trouve le tout d'un ennui mortel pour le buveur de vin que je suis.
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En total accord avec cela.