Le côté insondable du Barolo
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Yves Martineau
Christophe Cardona
Sylvain Gagnon
Frederick Blais
Martin Loranger
Ludwig Desjardins
Olivier Collin
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Le côté insondable du Barolo
J'encave peu de vins de Barolo. Pas que je ne les aime pas, c'est en fait tout le contraire. Mais l'offre est limitée à la SAQ, les vins semblent souvent chers, plusieurs producteurs attendent longtemps avant de mettre leurs vins sur le marché ce qui cause toujours des inquiétudes... et puis ils se dégustent souvent, très souvent, difficilement en jeunesse. Lorsque l'on dresse un parallèle entre les grands vins de Bourgogne et le Barolo, on a tendance à oublier à quel point les expressions en jeunesse dans l'une et l'autre région différent. Certes certains vins Bourguignons se livrent mal à 3-6 ans d'âge, mais ce n'est pas la règle loin de là! Au contraire, en Barolo seuls les producteurs dits "modernistes" arrivent à présenter des vins pouvant être aisément lus en jeunesse.
Ainsi, ce Borgogno Barolo Riserva 2001 dégusté il y a plusieurs années et encavé malgré une impression assez moyenne à l'époque, avec seul prétexte que j'avais beaucoup apprécié les vins de la maison des années 60, 70 et 80. C'est tout de même quelque chose, mais je dois reconnaître que le premier contact avec ce 2001 il y a environ 5 ans avait été difficile : nez assez peu expressif, fruité limité, acidité et masse tannique en relief et ne semblant pas du tout équilibrés par le reste du vin, et ainsi de suite.
Retour aujourd'hui sur ce vin. Ouverture vers 14h cet après-midi pour m'assurer de l'état de la bouteille et retirer les dépôts peu abondants mais bien présents. A l'ouverture le vin embaume la place et j'ai peur qu'il ne se gâche, ouvert plus de 5 heures à l'avance. Servi sur un plat italien simple vers 19h, le vin n'a absolument rien perdu de sa puissance aromatique, de sa définition, de sa complexité. Rose en fleur, cerise marasquin, quelques notes de sous-bois et de champignon en sourdine, le nez est précis, détaillé et se maintiendra intégralement pendant les deux heures du repas. Au palais, la fermeté de la texture est en équilibre total avec la douceur des parfums en rétro-olfaction, alors que l'alliance alcool-acidité-tanins assure que le vin est un complément admirable à table. La finale est encore un brin austère, mais très bien équilibrée et elle fait la belle part aux qualités aromatiques du vin. Le plaisir est merveilleux de voir un vin dans cette gamme de prix s'être si bien développé et présenter encore un immense potentiel de garde.
Après coup, je suis assez agréablement surpris par la dégustation de A. Galloni pour ce vin : en 2007 il l'a sous-estimé tant pour sa qualité que son potentiel de garde, alors qu'en le regoûtant en 2012 il lui donne un horizon de 2021-2041 et un commentaire de dégustation me semblant tout à fait fidèle au vin. On entend occasionnellement des journaleux dire que le grand vin naît grand, il ne le devient pas, que s'il a des défauts en jeunesse, il en gardera forcément trace. Je suis régulièrement surpris à quel point les Baroli arrivent si aisément à contredire ce genre de commentaire général.
En même temps, je comprends que dans l'ensemble les Baroli n'arriveront probablement jamais à convaincre un grand nombre de dégustateurs en offrant des vins si peu accessibles en jeunesse. C'est un problème, mais si le prix à payer pour la popularité est d'entamer ce potentiel prodigieux de métamorphose au fil des années de garde, je ne pense pas que quelques ventes de plus à court terme pèsent lourd dans l'équation.
Ainsi, ce Borgogno Barolo Riserva 2001 dégusté il y a plusieurs années et encavé malgré une impression assez moyenne à l'époque, avec seul prétexte que j'avais beaucoup apprécié les vins de la maison des années 60, 70 et 80. C'est tout de même quelque chose, mais je dois reconnaître que le premier contact avec ce 2001 il y a environ 5 ans avait été difficile : nez assez peu expressif, fruité limité, acidité et masse tannique en relief et ne semblant pas du tout équilibrés par le reste du vin, et ainsi de suite.
Retour aujourd'hui sur ce vin. Ouverture vers 14h cet après-midi pour m'assurer de l'état de la bouteille et retirer les dépôts peu abondants mais bien présents. A l'ouverture le vin embaume la place et j'ai peur qu'il ne se gâche, ouvert plus de 5 heures à l'avance. Servi sur un plat italien simple vers 19h, le vin n'a absolument rien perdu de sa puissance aromatique, de sa définition, de sa complexité. Rose en fleur, cerise marasquin, quelques notes de sous-bois et de champignon en sourdine, le nez est précis, détaillé et se maintiendra intégralement pendant les deux heures du repas. Au palais, la fermeté de la texture est en équilibre total avec la douceur des parfums en rétro-olfaction, alors que l'alliance alcool-acidité-tanins assure que le vin est un complément admirable à table. La finale est encore un brin austère, mais très bien équilibrée et elle fait la belle part aux qualités aromatiques du vin. Le plaisir est merveilleux de voir un vin dans cette gamme de prix s'être si bien développé et présenter encore un immense potentiel de garde.
Après coup, je suis assez agréablement surpris par la dégustation de A. Galloni pour ce vin : en 2007 il l'a sous-estimé tant pour sa qualité que son potentiel de garde, alors qu'en le regoûtant en 2012 il lui donne un horizon de 2021-2041 et un commentaire de dégustation me semblant tout à fait fidèle au vin. On entend occasionnellement des journaleux dire que le grand vin naît grand, il ne le devient pas, que s'il a des défauts en jeunesse, il en gardera forcément trace. Je suis régulièrement surpris à quel point les Baroli arrivent si aisément à contredire ce genre de commentaire général.
En même temps, je comprends que dans l'ensemble les Baroli n'arriveront probablement jamais à convaincre un grand nombre de dégustateurs en offrant des vins si peu accessibles en jeunesse. C'est un problème, mais si le prix à payer pour la popularité est d'entamer ce potentiel prodigieux de métamorphose au fil des années de garde, je ne pense pas que quelques ventes de plus à court terme pèsent lourd dans l'équation.
Dernière édition par Olivier Collin le Ven 17 Aoû 2012 - 21:29, édité 3 fois (Raison : orthographe)
Olivier Collin- Messages : 2477
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
Très belle expérience Olivier!
Est-ce qu'elle t'as convaincu d'en encaver plus ou si tunrestes encore sur une certaine réserve face à la région?
Est-ce qu'elle t'as convaincu d'en encaver plus ou si tunrestes encore sur une certaine réserve face à la région?
Ludwig Desjardins- Messages : 5774
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Le côté insondable du Barolo
Comme plusieurs vins à base de cépages traditionnels italiens, je crois que ces vins se révèlent vraiment à table. En dégustation pure, l'acidité et les tannins, ça fatigue la bouche à la longue...
Martin
Martin
Martin Loranger- Messages : 579
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
Ludwig Desjardins a écrit:Très belle expérience Olivier!
Est-ce qu'elle t'as convaincu d'en encaver plus ou si tunrestes encore sur une certaine réserve face à la région?
J'aurais dû préciser que j'encave peu mais je garde jalousement mes Baroli. Ce sont toutefois des vins que je vois difficilement ouvrir si le contexte est wide open, malgré la qualité des dégustateurs avec qui j'ai le plaisir de partager des quilles. Ils rentent donc patiemment en cave, en attendant la bonne occas'.
Je vais en mettre plus en cave, mais j'espère surtout que les agences de vin feront un travail de fond pour chercher de beaux produits de garde qui ne sont pas tant en demande que cela étant donné la nature de ce type de vin. Bref, il devrait y avoir de nombreux produits de qualité comparable à ce Borgogno Riserva 2001, offerts au même prix (+/- 60$), qui devraient être découverts par les pros et amenés au Québec.
Olivier Collin- Messages : 2477
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
Toujours un plaisir de te lire!
Frederick Blais- Messages : 2987
Date d'inscription : 06/06/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
J'aimerais beaucoup participer à une dégustation de Barolo du millésime 2001,peut-être devrais-je tenter d'en organiser une si il y a de l'intéret.
Sylvain Gagnon- Messages : 141
Date d'inscription : 04/06/2009
Age : 59
Localisation : Anjou
Re: Le côté insondable du Barolo
Excellent post Olivier. Les grands Barolo méritent d'être dégustés. J'ai des souvenirs mémorables de vieux millésimes de Gaja. Olivier quels sont à ton avis les plus grands producteurs ( moderne et classique).
Christophe Cardona- Messages : 194
Date d'inscription : 29/11/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
Une région que j'aime beaucoup, sans en avoir beaucoup en cave....
J'ai acheté du Vajra 2007 chez Syl-Vins, format génial de trois bouteilles....toujours un des préférés de Galloni.
J'ai acheté du Vajra 2007 chez Syl-Vins, format génial de trois bouteilles....toujours un des préférés de Galloni.
Yves Martineau- Messages : 8370
Date d'inscription : 07/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Le côté insondable du Barolo
Excellent billet Olivier!
Je serais curieux moi aussi de mieux connaître cette appellation; si tu as quelques infos qui pourraient servir de lignes directrices…
Je serais curieux moi aussi de mieux connaître cette appellation; si tu as quelques infos qui pourraient servir de lignes directrices…
Re: Le côté insondable du Barolo
C'est vrai que c'est intéressant Vajra mais comme l'écrivais Olivier je ne comprend pas trop les prix des Barolo ici... Vajra est 50% plus cher ici qu'aux USA, c'est difficile à expliquer...
Ludwig Desjardins- Messages : 5774
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Le côté insondable du Barolo
Christophe Cardona a écrit:[...]quels sont à ton avis les plus grands producteurs ( moderne et classique)?
Difficile de parler des plus grands quand on n'a goûté à assez peu de producteurs, mais voici au moins quelques préférés :
Traditionnels : Giuseppe Mascarello et Giacomo Conterno. Je connais mieux le premier, mais le second m'a fait rêver à plusieurs reprises avec ses vins uniques. Je devrais mieux connaître les vins de Bruno Giacosa, mais on doit l'inclure ici.
Semi-moderne : Aldo Conterno qui me semble offrir de grands vins à prix correct. Gaja serait aussi un incontournable, mais je n'en achète pas vu le prix prohobitif des grandes cuvées (en plus d'un passé peu-être dans un style trop extrait à mon goût dans la région).
Barolo est pratiquement la seule appellation (avec Côte-Rôtie) ou j'ai acheté exclusivement quelques producteurs plutôt que de ratisser large avant d'encaver. Occasionnellement, j'ai aimé Varja, Voerzio et Borgogno me semble offrir des vins à prix correct. Mais pour le reste je suis assez peu au courant.
Olivier Collin- Messages : 2477
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
Autres noms dans le trad:
Bartolo Mascarello (maintenant vinifiés par sa fille).
Guiseppe Rinaldi
2 producteurs représentés par Oenopole.
Il est aussi très intéressant de goûter à leurs autres vins, à base de barbera et de Dolcetto. Des vins entre 20 et 40$, qui nous indiquent ce que ces producteurs peuvent faire. À la différence de la Bourgogne, les "petites cuvées" sont faites avec des cépages différents, ce qui rend la gamme des produits très intéressantes.
Martin
Bartolo Mascarello (maintenant vinifiés par sa fille).
Guiseppe Rinaldi
2 producteurs représentés par Oenopole.
Il est aussi très intéressant de goûter à leurs autres vins, à base de barbera et de Dolcetto. Des vins entre 20 et 40$, qui nous indiquent ce que ces producteurs peuvent faire. À la différence de la Bourgogne, les "petites cuvées" sont faites avec des cépages différents, ce qui rend la gamme des produits très intéressantes.
Martin
Martin Loranger- Messages : 579
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Le côté insondable du Barolo
J'adore le nez charmeur du Nebbiolo!!
Je me souviens d'une belle dégustation exclusivement de Baroli il y a quelques années.. Certains vont se reconnaître sur les photos! ICI
Je dois avoir une dizaine de Nebbiolo qui font un repos de longue durée, la plus ancienne étant le Brunate 2000 de Marcarini. Je vais ouvrir sous peu un 2000 de l'appelation Gattinara, le Vigneto Molsio de Nervi.
Petit texte intéressant de Jancis Robinson: ICI
Bien sûr partant pour une dégustation!
Je me souviens d'une belle dégustation exclusivement de Baroli il y a quelques années.. Certains vont se reconnaître sur les photos! ICI
Je dois avoir une dizaine de Nebbiolo qui font un repos de longue durée, la plus ancienne étant le Brunate 2000 de Marcarini. Je vais ouvrir sous peu un 2000 de l'appelation Gattinara, le Vigneto Molsio de Nervi.
Petit texte intéressant de Jancis Robinson: ICI
Bien sûr partant pour une dégustation!
Olivier Giroux- Messages : 190
Date d'inscription : 06/06/2010
Re: Le côté insondable du Barolo
Les producteurs de Baroli dits "traditionnels" sont maintenant en minorité dans la région, c'est donc normal qu'ils soient moins représentés à la SAQ.
Parmi ceux-ci, un de mes favoris est Cavallotto. Son Bricco Boschis 2004 est magnifique, mais traîne malgré tout sur les tablettes depuis quelques années. Deux de ses cuvées Riserva ont également été diponibles dernièrement (Vigna San Giuseppe 2001 et Vignolo 2004).
J'aime bien aussi les Baroli de Fratelli Alessandria, tous à moins de 60$. La vinif est également traditionnelle.
Parmi ceux-ci, un de mes favoris est Cavallotto. Son Bricco Boschis 2004 est magnifique, mais traîne malgré tout sur les tablettes depuis quelques années. Deux de ses cuvées Riserva ont également été diponibles dernièrement (Vigna San Giuseppe 2001 et Vignolo 2004).
J'aime bien aussi les Baroli de Fratelli Alessandria, tous à moins de 60$. La vinif est également traditionnelle.
FrancisRémillard- Messages : 353
Date d'inscription : 16/03/2012
Re: Le côté insondable du Barolo
Conseillé par l'excellent michel de la SAQ beaubien, un Andrea Oberto "vigneto brunate" comme étant l'une des meilleures bouteilles goûtées cette année.
En effet, c'était tout simplement excellent après une heure de carafe, soyeux et long, fin, droit et équilibré.
Un nez sur la cerise et surtout la prune.
Accessible en jeunesse mais au potentiel de garde certain.
Une appellation que j'ai envie de connaître.
En effet, c'était tout simplement excellent après une heure de carafe, soyeux et long, fin, droit et équilibré.
Un nez sur la cerise et surtout la prune.
Accessible en jeunesse mais au potentiel de garde certain.
Une appellation que j'ai envie de connaître.
Gael Giraud- Messages : 2023
Date d'inscription : 07/06/2009
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