Buvabilité et vin de garde.
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Vincent Messier-Lemoyne
Franz-E. Schürch
Olivier Collin
Alex Bélanger
Julien Martel
Michel Therrien
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Buvabilité et vin de garde.
Un texte bien écrit par un des deux Nicolas, le Chat anciennement de dégustateurs.com et aussi membre de La Paulée, sur leurs sites vin-terre-net.com.
J'aime beaucoup le dernier paragraphe et l'accessibilité en jeunesse de plusieurs grands vins. À lire.
Ainsi, depuis quelques années, la liste de cuvées incompréhensibles, inapprochables et imbuvables jeunes, et qui le demeurent au bout de trois, cinq, dix, quinze, vingt ans demeure interminable. On a coutume d'entendre « Gardez les, ça va s'ouvrir, il faut être patient, ce sont des vins faits pour la garde ». Oui, on verra… On verra que cela ne sera jamais buvable avec un sincère et évident plaisir, au contraire d'une Grange des Pères, d'un chianti de Montevertine, d'un Kirchberg de Louis Sipp, d'un Chalasses de Ganevat, d'un Forest de Dauvissat, d'un Cannubi de Burlotto, d'un vintage port de Niepoort, d'un grand cru de Rousseau. Qui sont bons - du reste avec lesquels on peut prendre du plaisir - à tout âge ou presque. On pourrait dire la même chose d'un Bourgueil de Pierre Gauthier, d'un Costières de chez Chardon, d'un Chablis De Moor, d'un Saumur de Mélaric, d'un gamay de Christophe Abbet ou d'un simple Etna rosso de Marco de Grazia. Universels eux aussi dans le plaisir qu'ils délivrent, quel que soit le moment. Qu'ont donc tous ces vins cités en commun ? Ils sont justes. Pas forcés. A leur place. En phase avec leurs terroirs, vignerons, millésimes, élaboration, cépages, histoire, région. Ils sont à la fois simples car évidents, riches de sensations et plaisir, quel que soit leur niveau de complexité, noblesse de terroir et prix. Pourquoi ? Parce que les gens qui les ont élaborés aiment sans doute boire du vin, boire leurs vins à tous âges, et qu'ils les font à leur image, sans orgueil déplacé, ne cherchant à copier personne d'autres qu'eux mêmes, et encore moins à survivre via leur crus des dizaines et des dizaines d'années, comme s'ils visaient l'immortalité. Non, ils veulent juste que cela soit bon. Un jour. Au moins une fois.
Le modèle redondant et fatigant du vin de garde
J'aime beaucoup le dernier paragraphe et l'accessibilité en jeunesse de plusieurs grands vins. À lire.
Ainsi, depuis quelques années, la liste de cuvées incompréhensibles, inapprochables et imbuvables jeunes, et qui le demeurent au bout de trois, cinq, dix, quinze, vingt ans demeure interminable. On a coutume d'entendre « Gardez les, ça va s'ouvrir, il faut être patient, ce sont des vins faits pour la garde ». Oui, on verra… On verra que cela ne sera jamais buvable avec un sincère et évident plaisir, au contraire d'une Grange des Pères, d'un chianti de Montevertine, d'un Kirchberg de Louis Sipp, d'un Chalasses de Ganevat, d'un Forest de Dauvissat, d'un Cannubi de Burlotto, d'un vintage port de Niepoort, d'un grand cru de Rousseau. Qui sont bons - du reste avec lesquels on peut prendre du plaisir - à tout âge ou presque. On pourrait dire la même chose d'un Bourgueil de Pierre Gauthier, d'un Costières de chez Chardon, d'un Chablis De Moor, d'un Saumur de Mélaric, d'un gamay de Christophe Abbet ou d'un simple Etna rosso de Marco de Grazia. Universels eux aussi dans le plaisir qu'ils délivrent, quel que soit le moment. Qu'ont donc tous ces vins cités en commun ? Ils sont justes. Pas forcés. A leur place. En phase avec leurs terroirs, vignerons, millésimes, élaboration, cépages, histoire, région. Ils sont à la fois simples car évidents, riches de sensations et plaisir, quel que soit leur niveau de complexité, noblesse de terroir et prix. Pourquoi ? Parce que les gens qui les ont élaborés aiment sans doute boire du vin, boire leurs vins à tous âges, et qu'ils les font à leur image, sans orgueil déplacé, ne cherchant à copier personne d'autres qu'eux mêmes, et encore moins à survivre via leur crus des dizaines et des dizaines d'années, comme s'ils visaient l'immortalité. Non, ils veulent juste que cela soit bon. Un jour. Au moins une fois.
Le modèle redondant et fatigant du vin de garde
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WineBoy
La dégustation à l'aveugle est une grande leçon d'humilité.
Michel Therrien- Messages : 10010
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Re: Buvabilité et vin de garde.
Intéressant point de vue de Pat Essa sur son FB. À lire (pour ceux qui ont un profil )
Invité- Invité
Re: Buvabilité et vin de garde.
Patrick Désy a écrit:Intéressant point de vue de Pat Essa sur son FB. À lire (pour ceux qui ont un profil )
N'étant pas FB peux-tu en glisser un mot?
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Michel Therrien- Messages : 10010
Date d'inscription : 01/06/2009
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Re: Buvabilité et vin de garde.
Michel Therrien a écrit:Patrick Désy a écrit:Intéressant point de vue de Pat Essa sur son FB. À lire (pour ceux qui ont un profil )
N'étant pas FB peux-tu en glisser un mot?
J'avais aussi vu les commentaires de Pat Essa ce matin sur Facebook et je les partage: La lecture récente d'un article qui minore les vertus du vin destiné à la garde m'afflige. Comment peut on ne pas comprendre la nécessaire prolongation d'un bel élevage par la maturation sous verre!? Que d'inepties lues sur le web du vin!
Julien Martel- Messages : 1830
Date d'inscription : 03/06/2009
Age : 43
Localisation : Ville Mont-Royal
Re: Buvabilité et vin de garde.
N'ayant pas lu le propos de Patrick il m'est difficile de donner mon avis.
Cependant, l'article de Nicolas a plusieurs facettes et celle sur la "buvabilité" me rejoint. D'ailleurs,
* Je pense que plusieurs grands vins sont accessibles en jeunesse.
* Lorsque l'on doit nécéssairement voir l'étiquette pour voir le grand vin alors j'y crois moins.
* Une grande connaissance est parfois nécéssaire pour mieux comprendre le vin mais lorsque le tout devient très cérébral ça me rejoint moins. Il faut qu'une forme de plaisir soit au RDV au départ. Cependant, un Chambertin 2005 de Rossignol Trapet, j'achète pour plus tard suite aux commentaires de Pat Essa..........mais peu de plaisirs en jeunesse pour moi.
J'aime beaucoup cette question dans l'article de Nicolas,
Les vrais grands vins ne sont-ils pas bons pratiquement à chaque âge de leur vie ?
Cependant, l'article de Nicolas a plusieurs facettes et celle sur la "buvabilité" me rejoint. D'ailleurs,
* Je pense que plusieurs grands vins sont accessibles en jeunesse.
* Lorsque l'on doit nécéssairement voir l'étiquette pour voir le grand vin alors j'y crois moins.
* Une grande connaissance est parfois nécéssaire pour mieux comprendre le vin mais lorsque le tout devient très cérébral ça me rejoint moins. Il faut qu'une forme de plaisir soit au RDV au départ. Cependant, un Chambertin 2005 de Rossignol Trapet, j'achète pour plus tard suite aux commentaires de Pat Essa..........mais peu de plaisirs en jeunesse pour moi.
J'aime beaucoup cette question dans l'article de Nicolas,
Les vrais grands vins ne sont-ils pas bons pratiquement à chaque âge de leur vie ?
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Michel Therrien- Messages : 10010
Date d'inscription : 01/06/2009
Age : 61
Localisation : Joliette
Re: Buvabilité et vin de garde.
Pat Essa précise son propos sur FB:
Les vins de garde se boivent la plupart du temps "bien" à tout âge, mais ils sont tellement meilleur à maturité.
Je n’ai d’autre choix que d’abonder. Je suis également en accord avec ton propos Michel, bien que j’éprouve un plaisir, certes plus «intellectuel», à boire le Cham de Rossignol-Trapet en jeunesse (j’en laisse vieillir également!!!).
Les vins de garde se boivent la plupart du temps "bien" à tout âge, mais ils sont tellement meilleur à maturité.
Je n’ai d’autre choix que d’abonder. Je suis également en accord avec ton propos Michel, bien que j’éprouve un plaisir, certes plus «intellectuel», à boire le Cham de Rossignol-Trapet en jeunesse (j’en laisse vieillir également!!!).
Re: Buvabilité et vin de garde.
C'est un texte intéressant et je dois dire que la notion de garde dans les vins faits actuellement tant en blanc qu'en rouge m'est un très gros point d'interrogation. Certes les techniques sont mieux contrôlées qu'avant, et la possibilité s'offre presque à chaque année de faire du très bon vin.
Mais nombreux sont les vignerons, domaines et châteaux qui s'imposent de faire un vin qui soit bon dès le début de sa vie. Certains outils pour y arriver peuvent tout simplement fatiguer le vin et, grand malheur, il peut arriver que l'on ne s'en rende compte que 10 ans plus tard.
Un des plaisirs du vrai vin de garde est de le voir se transformer au fil des années. A ce titre il est souvent arrivé que certains commencent leur vie dans l'austérité pour révéler ensuite une plénitude et une grâce que l'on n'aurait pu soupçonner initialement. Je ne suis pas convaincu que les méthodes modernes on vraiment affecté ce type d'évolution. Un meilleur équilibre de départ peut être, ou pas, gage d'une transformation heureuse au fil du temps.
Un type de vin inquiétant est celui qui évolue très, très peu et semble toujours difficile à boire pendant sa première décennie. Qui veut d'un cabernet à 15% âgé de 10-12 ans qui soit encore sur le fruit primaire, la compote, avec des tanins encore massifs? Seront-ils bons à 25 ans? Peut-être, mais il y a un danger de développement tout simplement limité, ce qui est contraire à l'idée de faire vieillir un vin en cave.
Il faut quand même faire un peu attention à la "buvabilité" et le vieillissement. Je dirais que si un vin se boit très bien en jeunesse, qu'il exprime bien son origine, alors pourquoi prendre le risque de le garder longtemps en cave? Sait-on vraiment qu'il sera meilleur plus tard?
Mais nombreux sont les vignerons, domaines et châteaux qui s'imposent de faire un vin qui soit bon dès le début de sa vie. Certains outils pour y arriver peuvent tout simplement fatiguer le vin et, grand malheur, il peut arriver que l'on ne s'en rende compte que 10 ans plus tard.
Un des plaisirs du vrai vin de garde est de le voir se transformer au fil des années. A ce titre il est souvent arrivé que certains commencent leur vie dans l'austérité pour révéler ensuite une plénitude et une grâce que l'on n'aurait pu soupçonner initialement. Je ne suis pas convaincu que les méthodes modernes on vraiment affecté ce type d'évolution. Un meilleur équilibre de départ peut être, ou pas, gage d'une transformation heureuse au fil du temps.
Un type de vin inquiétant est celui qui évolue très, très peu et semble toujours difficile à boire pendant sa première décennie. Qui veut d'un cabernet à 15% âgé de 10-12 ans qui soit encore sur le fruit primaire, la compote, avec des tanins encore massifs? Seront-ils bons à 25 ans? Peut-être, mais il y a un danger de développement tout simplement limité, ce qui est contraire à l'idée de faire vieillir un vin en cave.
Il faut quand même faire un peu attention à la "buvabilité" et le vieillissement. Je dirais que si un vin se boit très bien en jeunesse, qu'il exprime bien son origine, alors pourquoi prendre le risque de le garder longtemps en cave? Sait-on vraiment qu'il sera meilleur plus tard?
Olivier Collin- Messages : 2477
Date d'inscription : 03/06/2009
Re: Buvabilité et vin de garde.
Entièrement d'accord avec Michel que lorsque ça devient très/trop cérébral, je perds du plaisir. Mais j'éprouve un certain malaise avec le concept de la recherche de facilité, non pas au détriment de l'innovation ou de nouvelles techniques de vinification qui permettent de faire de grands vins accessibles en jeunesse. Mais à mon avis, rien ne peut remplacer le vieillissement naturel d'un vin pour en faire quelque chose de grandiose, ou tout simplement meilleur, à maturité.
Julien Martel- Messages : 1830
Date d'inscription : 03/06/2009
Age : 43
Localisation : Ville Mont-Royal
Re: Buvabilité et vin de garde.
Bon, ça recommence avec cette haine du cérébral! .
Ce que je trouve assez amusant, et Olivier le souligne un peu par la bande, c'est qu'on se plaint plus souvent du fait que tous les vins (à Bordeaux comme ailleurs) soient aujourd'hui faits pour plaire immédiatement à la clientèle. C'est supposément pour cela qu'on les a faits plus fruités et plus alcooleux, plus murs finalement. Pour ma part, je suis assez d'accord avec Le Chat, car ces vins supposément faits pour être plus plaisants jeunes m'ont souvent paru carrément imbuvables en jeunesse, c'est-à-dire bien plus imbuvables encore que des vins moins mûrs, moins denses, voire plus austères ou végétaux.
Ce phénomène m'est apparu en dégustation s'aggraver à partir de 2005. D'aucuns se souviendront de ma déception lors des arrivages de Bourgogne 2005, alors que même les plus petits vins n'étaient pas buvables.
Je commence en fait à développer moi-même un certain écoeurement devant les vins de garde. Je comprends et ai expérimenté, surtout avec de grands Bordeaux ou encore avec Marquis d'Angerville, les incroyables vertus du vieillissement, mais je m'aperçois de plus en plus que pour en profiter, du moins dans la région du monde où j'habite, il faut vraiment avoir des moyens extraordinaires. Pour garder des vins pendant 20 ou trente ans, pour en garder plusieurs bouteilles de chaque cru et de plusieurs régions, il faut pouvoir y consacrer énormément d'argent, du moins si l'on veut boire un peu aussi durant ce temps. À une certaine époque (et c'est encore possible à quelques endroits dans le monde (souvent près des producteurs)), l'on pouvait acheter à des prix raisonnables des vins mûrs; à présent et surtout ici, ils sont complètement impossibles à trouver et en plus les vins atteignent des prix déments dès leur sortie. Je comprends qu'on puisse s'extasier devant des vins âgés et s'indigner qu'on ne souhaite plus les attendre quand, comme Patrick Essa, on est soi-même producteur, qu'on a ainsi la possibilité de garder une quantité raisonnable de ses vins pour les faire vieillir et qu'en tant que producteur, on ait aussi accès de la sorte aux vins des autres, mais pour ce qu'on a l'habitude d'appeler "le commun des mortels" ce modèle n'est plus viable et ainsi j'ai l'impression que la réflexion du Chat non seulement deviendra de plus en plus contagieuse, mais qu'elle est peut-être devenue déjà la seule possible pour l'amateur non millionnaire qui ne souhaite pas que collectionner du vin pendant 20 ans pour le boire ensuite, mais boire un peu et jouïr autant des sens que du cerveau (petite pointe pour mes amis à la conception étriquée du plaisir) de leur vivant.
Ce que je trouve assez amusant, et Olivier le souligne un peu par la bande, c'est qu'on se plaint plus souvent du fait que tous les vins (à Bordeaux comme ailleurs) soient aujourd'hui faits pour plaire immédiatement à la clientèle. C'est supposément pour cela qu'on les a faits plus fruités et plus alcooleux, plus murs finalement. Pour ma part, je suis assez d'accord avec Le Chat, car ces vins supposément faits pour être plus plaisants jeunes m'ont souvent paru carrément imbuvables en jeunesse, c'est-à-dire bien plus imbuvables encore que des vins moins mûrs, moins denses, voire plus austères ou végétaux.
Ce phénomène m'est apparu en dégustation s'aggraver à partir de 2005. D'aucuns se souviendront de ma déception lors des arrivages de Bourgogne 2005, alors que même les plus petits vins n'étaient pas buvables.
Je commence en fait à développer moi-même un certain écoeurement devant les vins de garde. Je comprends et ai expérimenté, surtout avec de grands Bordeaux ou encore avec Marquis d'Angerville, les incroyables vertus du vieillissement, mais je m'aperçois de plus en plus que pour en profiter, du moins dans la région du monde où j'habite, il faut vraiment avoir des moyens extraordinaires. Pour garder des vins pendant 20 ou trente ans, pour en garder plusieurs bouteilles de chaque cru et de plusieurs régions, il faut pouvoir y consacrer énormément d'argent, du moins si l'on veut boire un peu aussi durant ce temps. À une certaine époque (et c'est encore possible à quelques endroits dans le monde (souvent près des producteurs)), l'on pouvait acheter à des prix raisonnables des vins mûrs; à présent et surtout ici, ils sont complètement impossibles à trouver et en plus les vins atteignent des prix déments dès leur sortie. Je comprends qu'on puisse s'extasier devant des vins âgés et s'indigner qu'on ne souhaite plus les attendre quand, comme Patrick Essa, on est soi-même producteur, qu'on a ainsi la possibilité de garder une quantité raisonnable de ses vins pour les faire vieillir et qu'en tant que producteur, on ait aussi accès de la sorte aux vins des autres, mais pour ce qu'on a l'habitude d'appeler "le commun des mortels" ce modèle n'est plus viable et ainsi j'ai l'impression que la réflexion du Chat non seulement deviendra de plus en plus contagieuse, mais qu'elle est peut-être devenue déjà la seule possible pour l'amateur non millionnaire qui ne souhaite pas que collectionner du vin pendant 20 ans pour le boire ensuite, mais boire un peu et jouïr autant des sens que du cerveau (petite pointe pour mes amis à la conception étriquée du plaisir) de leur vivant.
Franz-E. Schürch- Messages : 506
Date d'inscription : 15/06/2009
Re: Buvabilité et vin de garde.
Quelques commentaires, en vrac :
- Si j’adhère à l’esprit défendu par l’article, de même qu’à certaines récriminations envers les vins actuels, l’auteur se trompe de cible en visant les vins prétendus de garde. Il faut à mon sens décrier les vins sur-mûrs, sur-élevés, disproportionnés, sucrés … si les gens qui les font, et certains qui les cotent, veulent nous faire croire qu’ils vieillissent bien, j’en doute (ça me rappelle d’ailleurs un article de Jancis Robinson sur les vins californiens qui disait qu’il s’y faisait de bien meilleurs vins, de garde notamment, mais pas seulement, dans les années 70, 80, voire 90, que post-2000 … certains semblent entretenir des doutes similaires face à Bordeaux ces jours-ci).
- Le concept de buvabilité ou de vin digeste s’inscrit d’ailleurs à mon sens en opposition à ces vins sucreux, riches et superficiellement concentrés, et non en opposition aux vins de garde. D’ailleurs, ce que l’auteur appelle vin juste (concept qui me parle au demeurant et que je nomme vin authentique) ne s’oppose pas au vin de garde. Ces deux concepts ne sont ni disjoints, ni mutuellement exclusifs. La réelle joie ne se situe d’ailleurs pas à leur rencontre?
- Un vrai bon vin doit intéresser le dégustateur à tout âge, pas nécessairement le ravir. Je me souviens d’un Rousseau très intéressant, mais fort peu jasant, du millésime de garde qu’est 2005! Il y a un contexte (comparatif, notamment) pour rendre ces vins plaisants – pas comme un vin mature et poli par les années en bouteille, mais stimulants, intéressants. Ce volet intellectuel participe de manière intégrante à mon plaisir. Je rejoins ici Franz qui s’inscrit en faux face à l’opposition de ces plaisirs … ils ne sont pour moi que les différentes faces d’une même médaille.
- Finalement, l’auteur évoque le chablis Forest de Dauvissat lorsqu’il parle des vins justes (et c’en est un), mais il me semble, pour en avoir croisé à quelques reprises, que cette cuvée n’est jamais meilleure qu’après 10 ans de bouteille!
- Si j’adhère à l’esprit défendu par l’article, de même qu’à certaines récriminations envers les vins actuels, l’auteur se trompe de cible en visant les vins prétendus de garde. Il faut à mon sens décrier les vins sur-mûrs, sur-élevés, disproportionnés, sucrés … si les gens qui les font, et certains qui les cotent, veulent nous faire croire qu’ils vieillissent bien, j’en doute (ça me rappelle d’ailleurs un article de Jancis Robinson sur les vins californiens qui disait qu’il s’y faisait de bien meilleurs vins, de garde notamment, mais pas seulement, dans les années 70, 80, voire 90, que post-2000 … certains semblent entretenir des doutes similaires face à Bordeaux ces jours-ci).
- Le concept de buvabilité ou de vin digeste s’inscrit d’ailleurs à mon sens en opposition à ces vins sucreux, riches et superficiellement concentrés, et non en opposition aux vins de garde. D’ailleurs, ce que l’auteur appelle vin juste (concept qui me parle au demeurant et que je nomme vin authentique) ne s’oppose pas au vin de garde. Ces deux concepts ne sont ni disjoints, ni mutuellement exclusifs. La réelle joie ne se situe d’ailleurs pas à leur rencontre?
- Un vrai bon vin doit intéresser le dégustateur à tout âge, pas nécessairement le ravir. Je me souviens d’un Rousseau très intéressant, mais fort peu jasant, du millésime de garde qu’est 2005! Il y a un contexte (comparatif, notamment) pour rendre ces vins plaisants – pas comme un vin mature et poli par les années en bouteille, mais stimulants, intéressants. Ce volet intellectuel participe de manière intégrante à mon plaisir. Je rejoins ici Franz qui s’inscrit en faux face à l’opposition de ces plaisirs … ils ne sont pour moi que les différentes faces d’une même médaille.
- Finalement, l’auteur évoque le chablis Forest de Dauvissat lorsqu’il parle des vins justes (et c’en est un), mais il me semble, pour en avoir croisé à quelques reprises, que cette cuvée n’est jamais meilleure qu’après 10 ans de bouteille!
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"Mes goûts sont simples, je me contente aisément de ce qu'il y a de meilleur" - Winston Churchill
Vincent Messier-Lemoyne- Messages : 8731
Date d'inscription : 12/05/2009
Age : 40
Localisation : Montréal
Re: Buvabilité et vin de garde.
Il n'est de très grand vin que de vin à maturité...et les plus grands ont une maturation lente. Vous pouvez essayer de m'expliquer le contraire, je vous en serai gré car j'avoue que le concept inverse m'est totalement inconnu.
Méfions nous des belles logiques apparentes qui ne servent que ceux qui les vantent. On a jamais bu de vins blancs plus acides et prétenduement minéraux que depuis que les rendements autorisés ont augmenté...
Méfions nous des belles logiques apparentes qui ne servent que ceux qui les vantent. On a jamais bu de vins blancs plus acides et prétenduement minéraux que depuis que les rendements autorisés ont augmenté...
Re: Buvabilité et vin de garde.
Mais je ne crois pas que le texte visait les "plus grands" vins, mais plutôt certains vins qui s'affichent comme étant "de garde", comme un statut auto-proclamé. En somme, l'auteur émet certaines frustrations légitimes sans remettre en question le monde, enfin c'est ainsi que je l'ai compris.
Ludwig Desjardins- Messages : 5774
Date d'inscription : 05/06/2009
Localisation : Montréal
Re: Buvabilité et vin de garde.
Si votre bonheur est de boire des vins jeunes... Alors oui il ne faut pas vous priver. Chacun est libre d'assumer ses goûts. Mais j'avoue que ce ne sont pas les miens.
Re: Buvabilité et vin de garde.
Wow, toute une dissertation que je parte du début jusqu'à la fin. Mais je me demande bien; quelle bouteille a-t-il ouverte après avoir écrit ce texte?
Michelle
Michelle
Michelle Champagne- Messages : 3079
Date d'inscription : 26/07/2009
Re: Buvabilité et vin de garde.
Patrick Essa a écrit: Il n'est de très grand vin que de vin à maturité...et les plus grands ont une maturation lente.
C'est assez incontestable. Le fait est, toutefois, que cette vérité excuse et a longtemps servi d'excuse à des vins peu réussis qui ne tiendront pas ces promesses. Personne ne contesterait, en dégustation à l'aveugle, qu'une bonne bouteille de Rayas 90 bue aujourd'hui est plus intéressante, plus juste, plus digeste, plus étourdissante et émouvante qu'un bon petit Nalys 2007, bien agréable cependant. Le fait est que les vieux vins qui remplissent leurs promesses, les grands vins pour ainsi dire, sont introuvables et inaccessibles financièrement. C'est un peu, du point de vue de l'amateur en général, le fait de se servir de ces exceptions intouchables comme modèle de toute la consommation du vin qui est contestée, il me semble. Malheureusement, et je suis bien d'accord pour le regretter, mais au prix qu'atteignent les vins aujourd'hui, il n'est plus vraiment possible à l'amateur moyen de les faire vieillir.
Franz-E. Schürch- Messages : 506
Date d'inscription : 15/06/2009
Re: Buvabilité et vin de garde.
Franz-E. Schürch a écrit:Malheureusement, et je suis bien d'accord pour le regretter, mais au prix qu'atteignent les vins aujourd'hui, il n'est plus vraiment possible à l'amateur moyen de les faire vieillir.
D'accord sur ce point, si on veut seulement faire vieillir des les grands bordelais et les grands bourguignons. On trouve du "vieillissable" à meilleur prix dans de nombreuses autres régions.
Qui plus est, phénomène diablement accentué par le "SAQ effect" des prix fixes, fermes et très élevés.
Gael Giraud- Messages : 2023
Date d'inscription : 07/06/2009
Age : 104
Localisation : Mtl-Marseille
Re: Buvabilité et vin de garde.
Bien sûr, je parle en tant qu'habitant du Québec, mais je ne pense pas qu'aux plus grands crus, 100$ par bouteille, même 75$, multiplié plusieurs fois pour mettre de côté pendant 20 ans, cela demande aussi des moyens considérables. C'est le genre de bouteilles que j'achète, mais ça fait grosso modo quelque 5 à 10 000 par année pour se monter une petite cave: ce n'est pas peu. Si on ajoute les vins à boire dans l'année, c'est pas mal dans un budget pour du vin.
Franz-E. Schürch- Messages : 506
Date d'inscription : 15/06/2009
Re: Buvabilité et vin de garde.
Je ne peux que te suivre dans ton raisonnement... c'est en effet considérable et des fois je me demande si je ne suis pas un peu fou...
Gael Giraud- Messages : 2023
Date d'inscription : 07/06/2009
Age : 104
Localisation : Mtl-Marseille
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