Semaine du 27 mars 2022

Vaut mieux tard que jamais pour lancer cette rubrique et un sauté asiatique aura servi de prétexte:

Dönnhoff Oberhaüser Brücke riesling spätlese nahe 2006 : Couleur dorée, brillante, évoquant la chair d’une pêche bien mûre. Nez classique d’abricot, de bonbon à la pomme, de fumée et d’argile, avec des notes de tabac et de noix de coco rôtie qui apparaissent à l’aération et qui signalent une certaine évolution, attendue, du vin. L’attaque est ample et la texture riche. Le milieu de bouche est volumineux et texturé. La bouche s’affine par la suite, s’allonge et une acidité juvénile fait sentir sa présence de manière croissante, tendant la file et lui donnant un aspect juteux bienvenu et maîtrisé. De belles notes de lavande et de poivre blanc ponctuent le tout. Un vin de contrastes, entre richesse et légèreté, maturité et acidité, qui s’offre encore dans la force de l’âge. Seul bémol, je trouve que ces vins développent une complexité aromatique limitée et leur lente évolution, assurément rassurante, recèle aussi quelque chose de frustrant! Très bien, voire.

Un vin intriguant que je goûte pour la seconde fois: Gè kai Ouranos 2019 de Thymiopoulos. Un bouquet de fraises plutôt fraiches appuyé par des notes de caoutchouc et de feu; une bouche charnue mais légère où domine l'impression de liqueur de fraise. L'alcool saisit un peu en finale, mais une amertume qui rappelle les vins de vénitie redresse l'ensemble. Malgré de petits élans un peu rustiques et de fruits cuits, ce vin a un charme fraisé plutôt séduisant.

Aussi goûté ce soir: Gevrey Les jeunes rois 2019 de Tortochot. Le premier nez présente des effluves de café, d'écorce d'érable et de vanille soutenues par des senteurs de feu qui sont peut-être plus minérales que boisées. Puis percent des notes plutôt fines de bleuet, de framboise, de fraise, de thym et de lys. La bouche est dominée par cette deuxième vague et présente une texture pleine et vive, un peu asséchante à la fin. Le caramel laisse une dernière trace, et pas mal de framboise aussi. C'est un style un peu maquillé pour l'instant, mais le fruit est là et le prix acceptable.

Meurseault-Charmes 1er cru 2018, T.et P. Matrot, 115$ en 2021.

En carafe 3 heures. Superbe robe or blanc peu soutenue et étincelante. Bouquet subtil mais avenant et fort élégant: fruité tendance exotique, cire, vanille fraîche. Bouche aguicheuse, la texture presque moelleuse caresse littéralement la langue alors qu'un fruité chic, pulpeux et doux s'imprègne au reste du palais sur une tension tenant en équilibre l'ensemble. La finale ne rajoute pas grand chose, si ce n'est de touts petits amers, et est stimulante par ses sensations tendues qui persistent. Un sentiment d'harmonie et d'aboutissement se dégage même si le vin est jeune. En tout cas c'est délicieux !

Lendemain: a perdu de son gras et gagné en tension ce qui l'éloigne un peu dans mon estime mais c'est encore très beau.

Les Bondues 2016, Chassagne-Montrachet 1er cru, Darviot-Perrin, 105$.

En carafe une heure. Un tendre rubis-rose-pêche peu/moyen soutenu brillant. Oh boy, pas gêné le bouquet, ça pinote effrontément ! Full baies rouges fraîches bien épicées, sans bois mais un peu de puanteur (réduction ?), de la fumée, des fleurs séchées.

Chic...Classe...Pureté...et Jeunesse ! Ça entre sans flafla sur une texture légère et aérienne qui ne présage aucunement la minceur mais qui offre un fruité pur pinot, frais, sec et plein valsant sur une vivacité...vivifiante . La finale fait saliver, le vin est insolent mais parlable, genre pas insolent inculte mais insolent cultivé, comme un jeune érudit qui confronte le sage. Beaucoup de chic et de finesse se déhanchant à la frontière de l'hédonisme et l'intellectualisme. Un David Bowie...

Lendemain: superbe bouquet pinotant franchement et fraîchement. En bouche: wow, quelle classe, quelle finesse, quelle jeunesse...Ça va flirter avec le grand vin dans quelques années pas mal certain ! S'est sifflé sans effort, c'est un signe...

Alain Roy a écrit:

Les Bondues 2016, Chassagne-Montrachet 1er cru, Darviot-Perrin, 105$.

En carafe une heure. Un tendre rubis-rose-pêche peu/moyen soutenu brillant. Oh boy, pas gêné le bouquet, ça pinote effrontément ! Full baies rouges fraîches bien épicées, sans bois mais un peu de puanteur (réduction ?), de la fumée, des fleurs séchées.

Chic...Classe...Pureté...et Jeunesse ! Ça entre sans flafla sur une texture légère et aérienne qui ne présage aucunement la minceur mais qui offre un fruité pur pinot, frais, sec et plein valsant sur une vivacité...vivifiante   . La finale fait saliver, le vin est insolent mais parlable, genre pas insolent inculte mais insolent cultivé, comme un jeune érudit qui confronte le sage. Beaucoup de chic et de finesse se déhanchant à la frontière de l'hédonisme et l'intellectualisme. Un David Bowie...

Lendemain: superbe bouquet pinotant franchement et fraîchement. En bouche: wow, quelle classe, quelle finesse, quelle jeunesse...Ça va flirter avec le grand vin dans quelques années pas mal certain ! S'est sifflé sans effort, c'est un signe...

Wow! Ça fait un bail que je n’avais pas lu le compte-rendu d’un pinot aussi salivant!

Tellement que j'ai le goût d'ouvrir ma deuxième ! Mais je vais patienter.

Alain Roy a écrit:Tellement que j'ai le goût d'ouvrir ma deuxième ! Mais je vais patienter.

Difficile de trouver un pinot à bon prix qui permettrait de patienter…Hier, j’ai ouvert un Domaine Boris Champy Altitude 2018. Que dire de ce vin, si ce n’est que son étiquette a su attirer mon attention. Pour le reste, vous pouvez passer votre tour. Selon le site du producteur, il s’agit d’un vin en biodynamie avec un peu de vendange entière et 15% de fût neuf….  Et bien, je n’ai pas perçu de maturité du raisin sauf la présence de cerises confites à l’ouverture. La bouche est unidimensionnelle, alcooleuse, à l’acidité élevée. 36 balles pour ce vin….Je pense de plus en plus à adopter la méthode Martineau: ne pas trop s’éloigner de sa zone de confort…Ce soir, un bon petit Côtes du Rhône pas trop nature!

Franz-E. Schürch a écrit:Un vin intriguant que je goûte pour la seconde fois: Gè kai Ouranos 2019 de Thymiopoulos. Un bouquet de fraises plutôt fraiches appuyé par des notes de caoutchouc et de feu; une bouche charnue mais légère où domine l'impression de liqueur de fraise. L'alcool saisit un peu en finale, mais une amertume qui rappelle les vins de vénitie redresse l'ensemble. Malgré de petits élans un peu rustiques et de fruits cuits, ce vin a un charme fraisé plutôt séduisant.

Aussi goûté ce soir: Gevrey Les jeunes rois 2019 de Tortochot. Le premier nez présente des effluves de café, d'écorce d'érable et de vanille soutenues par des senteurs de feu qui sont peut-être plus minérales que boisées. Puis percent des notes plutôt fines de bleuet, de framboise, de fraise, de thym et de lys. La bouche est dominée par cette deuxième vague et présente une texture pleine et vive, un peu asséchante à la fin. Le caramel laisse une dernière trace, et pas mal de framboise aussi. C'est un style un peu maquillé pour l'instant, mais le fruit est là et le prix acceptable.

Franz,

Ça vieillit super bien Gè kai Ouranos de Thymiopoulos. C'est habituellement meilleur 7-8 ans après le millésime.

J'ai bien aimé Jeunes Rois 2019 de Tortochot chaudement recommandé par Ludwig à De la Montagne. Pas si maquillé pour moi, plutôt bien élevé. Encore un achat "raisonnable" pour de la belle Bourgogne. On l'a comparé avec Lavaux Saint-Jacques 2019 que j'ai trouvé à Québec. Beaucoup plus de personnalité dans ce dernier et un côté sauvage très agréable. Pour une vingtaine de dollars de plus, c'est clairement un choix plus intéressant.

Hier, j’ai un peu triché avec un Côtes du Rhône 100% Syrah du Domaine Jean Luc Jamet Hautes Vignes 2016. D’un rouge cerise encore très dense. Nez d’olives noires et de jus de viande aromatisé d’épices. Explosion de thym, de romarin, de poivre en bouche plongés dans une texture très lissée au tanin presque fondu sur une finale de fruits noirs doux amers. Je verse une larme…mais non, c’est une blague…mais maudit que c’est bon!

Cos d'Estournel 2002, Saint-Estèphe, 2ième gcc, 105$ en 2005.

Transvidé et remis en bouteille. Grenat opaque en son centre avec éclaircies au pourtour ! Mince liséré brique au ménisque sinon pas de signe d'évolution. Bouquet typique bordelais comme je les aime pas : graphite, mine de crayon, métal, craie avec relents végétaux de branches, poivrons, tout cela assis sur un fruité rouge cuit. N'empêche je suis capable de passer outre mes préjugés, mes goûts olfactifs en fait, et affirmer que ça demeure avenant !

L'entrée se fait tellement rapidement que la sortie est déjà avérée et j'ai rien senti ! Ok je me concentre: l'entrée est franche, la texture soyeuse, le fruité discret voire effacé, la tension rafraichissante et les amers polis. La finale tombe à plat rapidement. Pour résumer, je trouve ça mince ! On verra avec le temps et la bouffe...Ça ira pas mieux, un vin qui me décourage de Bordeaux, me donnant le goût de tout éjecter de la cave !

Lendemain: j'avoue que le bouquet m'est plus avenant encore ce soir de lendemain, moins mine de crayon et plus fruité sucré. Et bah dis-donc, en bouche aussi il m'est plus avenant ! Qui a changé, moi ou le vin ? J'ose croire que c'est le vin ! Il est plus charnu, plus fruité, plus long, moins austère. Pas de wow mais il est clairement sur une pente ascendante. Avec des vins de 20 ans je crains la carafe, mais avec celui-là j'aurais dû !

Alain, j'ai l'impression que le millésime est la cause du résultat de ton observation.

Merci Pierre. Je vais ouvrir bientôt un autre cru bordelais du même millésime pour le fun.

Pierre Beauregard a écrit:Alain, j'ai l'impression que le millésime est la cause du résultat de ton observation.  

Je pense exactement la même chose